La cérémonie de présentation du Programme d’urgence du week-end dernier a été riche en enseignement politique tout particulièrement en ce qui concerne l’accueil hostile que « la base » a réservé aux anciens dirigeants. À l’analyse de ce qui s’est passé, les ambitions démesurées du FCC pour la gestion de la République sont une véritable épine pour le nouveau chef de l’Etat surveillé de près par « la base ».
Certes, Félix Tshisekedi a un deal avec le FCC mais cela n’engage en rien « la base » qui ne jure que par le changement tant des animateurs que des méthodes
Les négociations sont âpres pour la formation du gouvernement entre la présidence de la République et le FCC (Front commun pour le Congo), coalition des dignitaires de l’ancien régime qui est du reste piloté par Joseph Kabila. Alors que le FCC se voit naturellement attribué la majorité parlementaire et rafler la Primature et l’essentiel des postes au sein du gouvernement, le président de la République estime qu’il va nommer un informateur avec pour mission d’identifier la majorité parlementaire au sein de l’Assemblée nationale. Entre les deux, il y a « la base » qui veut absolument voir le changement avec l’avènement de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême.
Pour « la base », ce changement doit commencer par les hommes. Les anciens dirigeants ne devraient prétendre à régenter le nouveau gouvernement qui sera investi probablement en avril 2019 par l’Assemblée nationale.
À en croire les chants scandés durant toute la cérémonie de présentation du Programme d’urgence, la population indexe les anciens dirigeants d’être des voleurs. Dès lors, la foule a tenu à le signifier au président de la république de ne pas s’associer avec ceux que eux appellent des « voleurs ». Le message est en tout cas passé.
La balle est désormais dans le camp du chef de l’Etat. Certes, il a un deal avec l’autorité morale du FCC pour une gestion pacifique de sa mandature mais il devra tout faire pour ne pas décevoir les attentes de « la base ». Ces attentes sont claires : ne pas associer tous les dirigeants véreux à la gestion du pays, privilégier l’intérieur supérieur de la nation au détriment de celui des individus ou encore mettre en œuvre les valeurs démocratiques.
Pour autant, le changement est impératif pour la République démocratique du Congo après l’alternance que le pays vient de connaitre en janvier 2019. Pour ce faire, le nouveau leadership doit s’associer avec des Congolais compétents et surtout intègres pour gérer le pays pendant ce quinquennat. Ce changement tant attendu est une nécessité pour corriger les dégâts de l’ancien régime qui, pendant 18 ans durant, à reléguer les attentes des Congolais au second plan au profit de celles d’une minorité recrutés spécialement au sein de la majorité présidentielle d’alors.
Félix Tshisekedi devra faire le bon choix. Venant d’un parti politique qui prône la bonne gouvernance et le respect des droits humains, le chef de l’Etat n’a pas droit à l’erreur dans ses choix, notamment, pour la formation de son premier gouvernement.
MCP, via mediacongo