Amnesty International a appelé mardi les autorités congolaises à rétablir « sans condition » le signal de la radio française RFI, coupé depuis six mois à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.
L’ONG de défense des droits de l’homme dénonce « la coupure arbitraire et prolongée du signal de Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa, qui dure depuis novembre 2016, et demande sa réouverture sans condition », selon un communiqué parvenu mardi à l’AFP.
Le signal de RFI, l’une des radios les plus écoutées en RDC comme dans d’autres pays d’Afrique, a été coupé le 5 novembre 2016 à Kinshasa alors que devait se tenir une manifestation de l’opposition contre le président Joseph Kabila. Cette manifestation avait été interdite par les autorités locales.
Il est toutefois possible de capter RFI dans le reste du pays.
Dans ce texte publié la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Amnesty exhorte également les autorités congolaises à « garantir et protéger les libertés de la presse et de l’information ».
En RDC, les professionnels des médias sont « régulièrement arrêtés arbitrairement, tabassés, humiliés, leur matériel saisi », dans un pays qui occupe la 154ème place (sur 180) au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) en 2017, note Amnesty.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende a indiqué qu' »on ne s’adresse pas à un gouvernement par voie de communiqué de presse ». « On ne réagira donc pas à cet appel », a-t-il conclu.
Âgé de 45 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. La RDC traverse une crise politique depuis sa réélection en 2011 lors d’une présidentielle entachée de fraudes massives.
Les tensions ont encore été exacerbées avec le maintien de M. Kabila en fonction après le 20 décembre 2016, date ayant marqué la fin de son deuxième et dernier mandat dans un climat de violences ayant fait des dizaines de morts.
La Constitution interdit à M. Kabila de se représenter. Un accord de sortie de crise signé le 31 décembre dernier prévoit la tenue d’une présidentielle avant la fin de l’année, mais sa mise en œuvre tarde et le respect de cette échéance apparaît chaque jour plus hypothétique.
Le président Kabila « laisse derrière lui une presse exsangue, des médias sinistrés et des journalistes livrés à eux-mêmes et à la violence d’État », dénonce mardi pour sa part Journaliste en danger (JED), une ONG congolaise de défense de la presse.
(AFP 03/05/17)