Le 11 décembre au Burundi, 87 personnes sont décédées lors d’affrontements « entre l’armée et des ennemis de la nation », selon un porte-parole de l’armée burundaise. Amnesty International revient sur ces évènements dans un rapport publié ce 22 décembre. L’association dénonce les exactions du gouvernement et appelle à des mesures urgentes de la communauté internationale.
Le Conseil national de sécurité burundais réfute la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine d’envoyer une force de 5 000 hommes dans le pays. Cette structure qui est composée du président Nkurunziza lui-même et des responsables des différents organes liés au secteur de la sécurité s’est prononcée de manière catégorique au dernier jour de l’ultimatum de 96 heures de l’UA. Que dit précisémet la déclaration?
Même si le gouvernement n’a pas répondu officiellement encore à l’Union africaine, cela sonne bien comme une fin de non-recevoir. Dans son dernier rapport publié hier, Amnesty International s’inquiète, toutefois, d’une aggravation de la crise des droits humains au Burundi.
L’organisation de défense des droits de l’homme exige des enquêtes sur des exécutions sommaires et homicides systématiques survenus après une série d’attaques contre des positions des forces de sécurité burundaises, le 11 décembre dernier. Mais dans cette déclaration du Conseil national de sécurité, on est très loin du rapport d’Amnesty International pourtant publié le même jour.
Un hommage aux forces de sécurité
Le Conseil a d’abord félicité les forces de sécurité pour « leur travail louable qu’elles ne cessent d’accomplir pour protéger la population contre des actes terroristes et notamment lors des attaques du 11 décembre dernier ». Le Conseil dit saisir cette occasion pour adresser ses condoléances aux familles qui ont perdu les leurs au cours de ce que lui considère comme de simples affrontements.
Le Conseil a même noté une amélioration de la situation sécuritaire dans la majeure partie du pays depuis l’installation des nouvelles institutions mais condamne les organisations et les individus qui font, explique-t-il, l’apologie de la violence et d’un génocide imaginaire dans le but inavoué de diviser la population et les forces de défense burundaises.
Le Rwanda pointé du doigt
Cette structure qui regroupe autour du président les principales institutions sécuritaires du pays dénonce également la main du Rwanda dans cette tentative de déstabilisation. Kigali recrute, entraine et arme des insurgés, dit cette déclaration qui fait, entre autres, référence au travail sur le sujet de l’organisation américaine Refugee International.
Presque en guise de conclusion de son exposé, le Conseil national de sécurité réfute non seulement la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de déployer une force, mais rappelle à cette même Union africaine que le Burundi participe aux opérations de maintien de la paix. Preuve, souligne-t-il, que les forces de défense burundaises sont capables de protéger la population.
«Un huis clos suicidaire», pour l’opposition
Au Cnared, la plateforme de l’opposition au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, on appelle à l’aide. Mais pour Jérémie Minani, le porte-parole, le refus du gouvernement burundais n’est pas étonnant : « Nous ne sommes pas surpris. Depuis le début de cette crise, Pierre Nkurunziza a toujours affiché un mépris suicidaire envers l’ensemble de la communauté internationale. C’est la preuve qu’il veut enfermer le pays dans un huis clos meurtrier », estime-t-il. « Nous pensons que l’Union africaine va quand même appliquer l’article 4 de l’acte constitutif qui l’autorise à intervenir sans l’accord de l’Etat membre. Le défi est lancé à l’ensemble de la communauté internationale, s’ils veulent laisser Nkurunziza faire ce qu’il veut du peuple burundais ou s’ils veulent prendre leurs responsabilités et venir arrêter ce génocide en cours. »
Via R.F.I.