Un massacre de civils a été perpétré dans la nuit du mardi à mercredi 12 mai par des hommes armés à Mapiki et Sabu, deux villages du secteur de Beni–Mbau situés à près de 30 Kilomètres au nord-ouest de la ville de Beni (Nord-Kivu). Selon la société civile locale, une vingtaine de personnes ont été tuées à la machette. Sur place le mot d’ordre de ville morte est toujours observé.
C’est aux environs de 19 heures locales mardi, que des hommes armés ont fait une incursion à Mapiki et Sabu. Selon des sources locales, les assaillants ont découpé à la hache et à la machette plusieurs habitants causant la mort d’une vingtaine d’entre eux.
Sept civils ont ainsi été tués à Mapiki et quinze à Sabu, selon un bilan livré par Teddy Kataliko, le président de la société civile du territoire de Beni.
L’administrateur du territoire de Beni, Amisi Kalonda, confirme ce nouveau massacre. Mais il précise que jusque-là, seule une dizaine de corps ont été retrouvés par les services de sécurité dépêchés sur les lieux.
L’administreur Kalonda appelle par ailleurs les populations de sa juridiction à quitter rapidement les zones reculées et à se rapprocher des positions des Forces armées de la RDC.
Appel à la vigilance
Ces nouvelles tueries interviennent moins de 24 heures après le séjour du vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur à Beni, Evariste Boshab, qui était en mission d’évaluation de la situation sécuritaire dans la région.
A la fin de sa mission mercredi à Beni, le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur a appelé la population locale à la vigilance pour faire obstacle aux groupes armés qui endeuillent les familles de cette partie du Nord-Kivu.
Evariste Boshab, qui n’a pas révélé aux médias les mesures prises par le gouvernement pour stabiliser la région, a affirmé mercredi avant son départ de Beni que le bilan de sa mission dans cette ville est positif.
Implication de la société civile
Sur place à Beni, la société civile locale suggère la signature d’une feuille de route conjointe avec le gouvernement en vue d’assurer la protection des civils dans ces entités. Le président de la société civile de Beni, Teddy Kataliko, est d’avis que cette démarche pourrait définir les responsabilités dans la recherche de la paix dans cette région:
«Nous avons présenté l’analyse du contexte en ville comme en territoire de Beni qui est caractérisé par les massacres des civils, mais aussi des incursions de par les pays voisins et qui implique quelque part un questionnement sur l’efficacité de nos forces de sécurité en ce moment précis […] Et ensemble, on s’est mis d’accord sur une feuille de route pour l’évaluation et cette feuille de route devrait être approuvée par les deux parties ; donc dans le cadre de partenariat entre l’Etat et la société civile».
La proposition d’un cahier des charges sur la question a été présentée mercredi par la délégation de cette structure citoyenne Evariste Boshab lors de ses rencontres avec les forces sociales locales.
Ville morte
Sur place à Beni, le mot d’ordre de journées villes mortes lancé par la société civile pour protester contre l’insécurité est suivi. Le marché central Kilokwa et les commerces dans la ville n’ont pas ouvert malgré l’appel à la reprise d’activités lancé mercredi par le gouverneur Julien Paluku.
Dans les différentes agglomérations au Nord de la province, les habitants disent observer la ville morte pour compatir avec la population victime de Beni et exprimer leur consternation face à ces massacres récurrents.
Pour la cité d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni, ce jeudi est le deuxième jour des journées ville morte et de deuil. Selon la société civile locale, la colère gagne toute la population locale.
Depuis tôt ce matin, un grand nombre d’habitants s’est dirigé vers la morgue d’Oïcha pour vérifier si un ressortissant de leur coin figure parmi les victimes de la nuit dernière. Toutes les activités sont restées paralysées et plusieurs familles continuent de se déplacer pour se réfugier vers la cité et la ville de Beni.
A Butembo, les activités tournent au ralenti depuis ce matin. Dès l’annonce du dernier massacre, certaines boutiques ont commencé à fermer leurs portes et une psychose se lit sur les visages des habitants.
D’autre part, dans la localité de Bunyatenge, c’est le troisième jour ce jeudi qu’on observe un arrêt des enseignements dans les écoles catholiques. Toutes les activités socio-économiques sont à l’arrêt.