Brazzavillois et Kinois attendent toujours un pont

C’est un vieux projet. En 1971, les présidents Mobutu Sese Seko du Zaïre et Marien Ngouabi du Congo

C’est un vieux projet. En 1971, les présidents Mobutu Sese Seko du Zaïre et Marien Ngouabi du Congo avaient organisé une rencontre au beau milieu du fleuve Congo, sur un bateau, pour évoquer cette question. Mais, plus de 45 ans après, la traversée sur le fleuve se fait toujours par bateau ou par pirogues de fortune.

Les populations des deux capitales les plus rapprochées au monde n’ont jamais cessé de rêver de ce pont route-rail.

« Evidemment, ce serait très bénéfique pour les deux Etats. Nous, les usagers, nous gagnerions du temps pour aller d’une rive à une autre « , affirme Dominque, étudiante brazzavilloise en formation à Kinshasa.

Roch estime, lui, que la construction d’un pont sur le fleuve limiterait les accidents pendant la traversée.

« Plusieurs fois, on a signalé des bateaux qui chavirent. En plus, il y a trop de tracasseries en matière de formalités. Un pont route-rail favoriserait un bon trafic de passagers, mais aussi de marchandises « , indique Roch.

Certains usagers voient dans la réalisation de ce pont l’atteinte par le Congo des objectifs de l’Union africaine qui prêche pour l’intégration sous-régionale.

Le Congo s’est déjà ouvert vers le Cameroun, le Gabon et l’Angola par voie terrestre.

Ce pont pourrait le projeter plus loin en atteignant les pays d’Afrique de l’Est.

Mais pour certains milieux puristes et conservateurs à Brazzaville, ce point route-rail serait l’occasion de se faire « envahir » par les Kinois qui sont déjà très nombreux sur la rive droite du fleuve.

Le Premier secrétaire de la mairie de Brazzaville, Clesh Atipo Ngapy croit plutôt au profit que tireront les deux villes de cet ouvrage.

« C’est vrai qu’ils sont plus nombreux que nous. A 1,5 million à Brazzaville contre 7 millions à Kinshasa, cela peut effrayer, mais on peut aussi en tirer un avantage », affirme Clesh Atipo Ngapy, espérant que les commerçants du Congo-Brazzaville feraient de bonnes affaires sur le marché de Kinshasa.

Un point de vue que partage l’économiste Alphonse Ndongo, expliquant que Brazzaville s’en tirerait bien face à un marché kinois très « dollarisé ».

L’économiste estime que Brazzaville étant le point de passage pour la RDC, le pont aiderait à mieux vendre sur les marchés de la RDC et des pays comme le Burundi et le Rwanda.

« En plus, les échanges se faisant en devises, nous serons gagnants dans cette affaire », souligne M. Ndongo.

Mais, il faut de la patience, car la volonté politique de Brazzaville et de Kinshasa compte pour beaucoup dans la réalisation de ce pont.

Le conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) qui se réunit en mai prochain, examinera le budget de 51 milliards de francs CFA, prévu pour le début des travaux de l’ouvrage.

Reportage de Ngouela Ngoussou à Brazzaville pour VOA Afrique