C’est un tremblement de terre. La Grande Bretagne quitte l’Union européenne (UE). Ce qui augure d’une incertitude.
Après le vote du 23 juin, les partisans d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE ont totalisé près de 52% des voix, pour une participation au scrutin d’environ 72,2% selon le chiffre officiel. Ce résultat a plongé l’Europe dans la stupeur. « Nous avons récupéré notre pays », « le 23 juin est un jour d’indépendance », « l’Europe n’écoute pas les Anglais », « c’est une victoire pour les gens ordinaires », « l’Union européenne a échoué », peut-on lire sur certains comptes Twitter. La livre sterling s’est effondrée. La thématique de l’immigration a fait mouche auprès des partisans du Brexit.
Démission de David Cameron
Le Premier ministre, David Cameron qui était pour le maintien de son pays au sein de l’UE devrait quitter son poste en septembre. Dans son discours de ce matin, David Cameron a appelé au respect de la décision des Britanniques « qui engage ». Il a rassuré les Britanniques, les étrangers, les marchés boursiers que « rien ne change dans l’immédiat ».
Il va quitter la tête du gouvernement en septembre, après le congrès de son pays, en faveur d’un partisan pro-Brexit. Boris Johnson, le chef de file conservateur de la campagne pro-Brexit est pressenti pour lui succéder. Mais ce Brexit n’exclut pas une implosion de la Grande-Bretagne, l’Ecosse, l’Irlande du Nord pro-européenes, une perte de cohésion, un démembrement. Le Premier ministre de l’Ecosse, Nicola Sturgeon a annoncé qu’il ne sera pas acceptable la décision de l’Angleterre tire l’ Ecosse en dehors de l’UE. En conséquence, elle n’exclut pas d’organiser un nouveau référendum d’indépendance, après celui de septembre 2014 qui n’avait obtenu que 44,6%. Elle estime que « les pays peuvent être indépendants et interdépendants ».
Crainte d’un effet domino
Bruxelles et Londres auront deux ans au maximum pour négocier les termes de leur divorce, qui devra être approuvé par le Parlement européen et le Conseil européen. C’est un autre partenariat qui sera établi. Pour le président du Parlement européen, Martin Schultz, « ce n’est pas une journée encourageante pour l’Union européenne, mais toutes les options ont été préparées ». Il va réunir les différents présidents du groupe pour définir les modalités de cette séparation. C’est un véritable choc et un bouleversement au sein de l’UE. C’est la première fois que l’UE se rétrécit.
Sur le plan économique, c’est un poids lourd économique, militaire et diplomatique qui quitte l’Union. Au sein de l’UE, c’est la crainte d’un effet domino, d’un risque de contagion après l’ouverture par la Grande Bretagne de la boîte de Pandore. Plusieurs pays Eurosceptiques pourraient vouloir imiter la Grande Bretagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Grèce, les pays du Nord (la Finlande, la Suède, le Danemark)… La City, première place boursière européenne va perdre des milliers d’emplois. Le Fonds monétaire international (FMI) n’exclut pas une période de récession.
Les conséquences pour les pays africains membres de l’ Anglosphère
Les pays africains, membres de l’Anglosphère voient en ce « out » une perspective de négocier des contrats commerciaux bilatéraux, d’autres c’est le cas du gouverneur de la Banque centrale du Kenya, Patrick Njoroge, c’est un « désastre. Si la volatilité s’installe, nous serons touchés » du fait de n’avoir pas « pris d’assurance contre une telle situation ». L’autre risque soulevé, concerne les investissements directs, l’impact sur l’agriculture et la croissance économique en Afrique. Avec le Brexit, certains pays africains se voient en mesure de focaliser leur relations commerciales avec ce partenaire historique, une possibilité de négocier des accords commerciaux « plus intéressants », or pour d’autres, tout ceci est illusoire.
La relance d’un nouveau projet européen
A l’inverse, le Brexit serait l’occasion de donner un coup de fouet, de relancer le projet européen, d’assurer plus de protection des frontières, plus de sécurité, la lutte contre l’immigration, la lutte contre la crise économique et permettre à la défense européenne de « jouer tout son rôle », avec des projets novateurs, ce qui va demander beaucoup d’imagination.
Le président français, François Hollande rencontre ses ministres concernés pour une réunion de crise, pour rassurer, et pour s’interroger sur de nouvelles initiatives « pour faire évoluer la construction européenne ». Une initiative franco-britannique est déjà envisagée, deux leaders européens aux avis divergents sur l’intégration de la zone euro.