CAF-FIFA : une guerre probable aux conséquences incalculables

Il y a de l’électricité en l’air depuis la réaction du président de la FIFA Sepp Blatter aux sanctions imposées par la CAF au Maroc pour son désistement à l’organisation de la CAN 2015. Au sein des 27 fédérations africaines membres de la CAF, l’on s’interroge sur l’attitude à prendre au cas où M. Blatter voudrait confirmer par la voie administrative sa menace de suspendre l’Afrique du mundial 2018 de Russie.

Tout est parti d’une réunion de la CAF tenue à Malabo et dont le compte rendu tiré du site cafonline.com est repris in extenso ci-bas.

« Malabo, le 6 février 2015. Le Comité Exécutif de la CAF, réuni ce jour à Malabo, en Guinée Equatoriale, en marge du déroulement de la 30e édition de la Coupe d’Afrique des Nations, a pris des décisions suite au refus du Maroc d’abriter cette compétitions aux dates prévues et convenues à savoir du 17 janvier au 8 février 2015.

Le Maroc avait basé sa demande de report du tournoi d’un an, formulée le 10 octobre 2014, sur de prétendues raisons « sanitaires de la plus haute dangerosité ». Le Maroc présentait l’épidémie de virus Ebola comme un cas de force majeure justifiant sa demande de report, évoquant notamment des risques de contamination de sa population en raison des flux de supporters.

 La CAF avait opposé une fin de non-recevoir à cette demande et s’était vu dans l’obligation le 11 novembre 2014, après plusieurs échanges épistolaires, de retirer au Maroc l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations Orange 2015.

 Le Comité Exécutif considère que contrairement à ce que soutient la Fédération Royale Marocaine de football, la force majeure ne saurait être retenue au bénéfice de cette fédération.

 Ainsi, selon les dispositions des articles 7.1.a, 23.11 et 62 des Statuts de la CAF, selon les dispositions de l’article 41 des règlements d’application des Statuts de la CAF, selon l’article 92.4 des règlements de la compétition et des termes de l’Accord Cadre signé pour la CAN Orange 2015, le Comité Exécutif de la CAF a décidé suspendre la sélection nationale A du Maroc pour les deux prochaines éditions de la Coupe d’Afrique des Nations, celles de 2017 et de 2019, et d’infliger à cette même Fédération une amende réglementaire de 1 million de dollars (1 000 000 USD).

Le Comité Exécutif de la CAF a décidé par une mesure distincte de mettre à la charge de la fédération Royale Marocaine de Football la somme de huit millions et cinquante mille Euros (8.050.000 Euros) en réparation de l’ensemble des préjudices matériels subis par la CAF et les parties prenantes du fait du désistement survenu. » 

Mais avant que le Maroc ne se désiste et que la CAF attribue la CAN 2015 à la Guinée Equatoriale, voici ce que disait la FIFA dans une prise de position affichée sur son site officiel.

« Depuis le début de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’ouest, la FIFA est régulièrement en contact avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour étudier l’impact du virus Ebola sur la santé publique au niveau mondial, les grands rassemblements et, en particulier, ses conséquences pour le football. La Commission Médicale de la FIFA continue de suivre l’évolution de l’épidémie et prendra toutes les mesures appropriées pour le bien des athlètes et des communautés. 

Suite aux inquiétudes et aux questions exprimées au sein de la communauté du football concernant l’épidémie et son impact sur notre sport au niveau mondial, la FIFA souhaite apporter les recommandations suivantes :
· La FIFA soutient la décision de la Confédération Africaine de Football (CAF) d’organiser les matches internationaux des pays à forte transmission (Liberia, Sierra Leone et Guinée) sur terrain neutre.
· La FIFA conseille également d’organiser les rassemblements internationaux des trois sélections concernées sur terrain neutre.
· En marge des rencontres internationales et afin de détecter et de prévenir toute infection potentielle, la FIFA préconise un dépistage et un isolement pour tout athlète ou membre d’une délégation présentant des symptômes de la maladie et qui se serait récemment rendu dans l’un des trois pays les plus gravement touchés par l’épidémie.
· En marge des rencontres internationales, la FIFA conseille aux joueurs et aux membres des délégations des pays à forte transmission de mener leurs propres tests, en contrôlant par exemple quotidiennement leur température corporelle, afin de détecter tout symptôme correspondant au virus Ebola.
· En marge des rencontres internationales concernant les trois pays précités, la FIFA recommande de sensibiliser les supporters des deux équipes à la prévention du virus Ebola.
· A l’issue d’une rencontre internationale concernant l’un des pays précités, les clubs sont invités à pratiquer des tests médicaux sur les joueurs (des pays à risque et des équipes adverses) dès leur retour, afin de lever tout doute.
· La FIFA conseille à toutes les équipes de coopérer avec les autorités nationales pour faciliter la détection et le contrôle de l’épidémie d’Ebola.
· En cas de doute, les clubs devraient s’adresser au Département Médical de la FIFA. Les questions concernant l’évolution de la situation seront traitées au cas par cas.
· De plus amples informations sont disponibles sur le site de l’OMS, notamment à travers cette
 déclaration sur Ebola.
Concernant la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA au Maroc, la santé des joueurs, des arbitres et des supporters reste la priorité absolue, comme lors de toute compétition FIFA. D’après l’Organisation mondiale de la santé, il n’existe aucun cas répertorié d’Ebola au Maroc. En conséquence, les préparatifs se poursuivent comme prévu. La FIFA suit la situation et reste en contact étroit avec les autorités marocaines. Elle se tient constamment prête à revoir sa position, conformément au guide technique de l’OMS. Si la situation venait à évoluer, la FIFA entrerait immédiatement en contact avec les clubs concernés. »

Avec ces deux documents, on peut juger les prises de position de la CAF qui a suspendu le Maroc et la FIFA qui promet de suspendre tout le continent pour « punir » la CAF. Les deux instances vont trouver certainement un terrain d’entente sinon ce bras de fer fera sauter de son fauteuil  l’un des deux présidents.  D’ici 2018, les deux sont candidats à leur succession avec des concurrents prêts à rallier tous les mécontents de l’absence de l’Afrique à la Coupe du monde Russie. Affaire à suivre.

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