Plus rien ne va entre la Cenco et la présidence de la république démocratique du Congo. L’escalade verbale observée entre les deux est un signe annonciateur d’un bras de fer qui risque de se transformer en une bagarre généralisée aux couteaux. Pomme de discorde : probable glissement du processus électoral en 2023. Mais au-delà de cette levée de boucliers se profilerait en toile de fond une fumée pas du tout innocente.
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Dans un communiqué rendu public le lundi 1er mars 2021, le comité permanent de la Conférence épiscopale nationale du Congo a exprimé ses préoccupations relativement à la situation générale que traverse le pays . Ce document revête deux aspects, à savoir une alerte et une interpellation. L’alerte concerne les informations éparses qui , tels des éléments d’un puzzle , tendent à converger vers le glissement de la date de prochaines élections , prévues en 2023. C’est de manière subtile que les évêques de la Rd-Congo le disent. Les prélats demandent au nouveau gouvernement d’inscrire parmi ses priorités les reformes électorales et celles de la loi portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). L’Objectif, selon ces derniers, étant d’améliorer la gouvernance électorale et de consolider la démocratie. Il est surtout attendu du gouvernement « de tout mettre en œuvre pour gagner le pari de l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées en 2023 et pas plus tard ». Ces trois derniers sont écrits en caractères gras dans le texte du comité permanent de la Cenco. Cela traduit leur intransigeance quant au respect des échéances électorales prochaines.
Dans le même ordre d’idées, les princes de l’église catholique en Rd-Congo recommandent vivement au parlement de se consacrer en priorité la session de mars aux lois sur les reformes électorales et à l’organisation de la Ceni. Encore une fois, ils reviennent sur la tenue des élections dans le délai constitutionnel , autrement dit en 2023. La raison de cette insistance , les évêques, est d’éviter tout prétexte pour un glissement quelconque. Même la communauté internationale est appelée à s’impliquer. Il s’agirait d’aider les institutions de la Rd-Congo « à faire aboutir les reformes en faveur de la population congolaise pour une préparation adéquate du scrutin de 2023 ».
Réponse du berger à la bergère, la présidence de la république n’a pas tardé à donner de la voix. Dans un document qui a circule sur la toile mardi, le bureau du Chef de l’Etat a rejeté en bloc toutes les allégations de suspicions subtilement contenues dans le communiqué des évêques. La présidence de la république ne s’est pas arrêtée en si bon chemin, elle a saisi l’opportunité pour rappeler les faits passés et récents susceptibles de justifier la prise de position actuelle de la Cenco. « En relançant le débat sur la tenue de prochaines élections constitutionnellement fixées en 2023 , il y a lieu de s’interroger sur la raison de leur scepticisme dans la mesure où le moindre soupçon de
« glissement du mandat » n’a jamais effleuré l’esprit de celui à qui les Congolais ont confié leur destinée par la voie des urnes en décembre 2018 », indiquent les collaborateurs de Fatshi qui qualifient la sortie publique des évêques d’ « un coup de pied dans la fourmilière sans savoir exactement ce qui en résulterait ».
Ce ton indique clairement qu’entre Fatshi et la Cenco ce n’est pas loin d’une levée de boucliers dont il serait difficile de cerner le dénouement. En attendant de probables bons offices , c’est le je t’aime, moi non plus.
La République