Le troisième quart de finale du CHAN Orange 2016 mettait aux prises l’Aigle de Carthage à l’Aigle du Mali, appelons-le l’aigle mangeur de serpents puisque c’est, disent les spécialistes, la race la plus répandue dans le ciel du pays. Le dernier nommé avait commencé par avaler une couleuvre. Un quart d’heure de jeu, le milieu offensif Saâd Bguir déborde sur le côté gauche du terrain et centre au loin au-dessus d’Akaïchi et des trois chiens de garde qui l’entourent, libre de toute surveillance, Mohamed Ali Moncer surgit pour, de la tête, tromper Djigui Diarra. 1-0. Les Tunisiens sont maîtres du ballon, adeptes du jeu fluide, posé, basé sur la précision des passes. Les Maliens opèrent de façon désordonnée comme s’ils avaient du mal à trouver leurs repères.
Pendant plus d’une demi-heure, les Tunisiens imposent leur football mais cela ne durera pas. Les camarades de Djigui Diarra changent de braquet. Les courses sont plus tranchantes, la puissance physique commence par saper la résistance des Aigles de Carthage. Et ce n’est rien car dès le retour des vestiaires le rouleau compresseur des chasseurs de serpents ne va pas cesser de se jeter sur sa proie. Rami Jeridi, le portier tunisien, est soumis à un régime sévère. A la fin de la rencontre on enregistrera quinze tirs dont huit cadrés pour les Maliens contre cinq tirs et trois cadrés pour les Tunisiens.
Il faudra toutefois attendre la 63e minute pour comprendre que les Maliens allaient refaire leur handicap initial. Il y a d’abord ce tir croisé et lobé de Sékou Koïta qui rebondit sur le haut du filet. Six minutes plus tard, faute de main de Zied Boughattas dans la surface. Aliou Dieng égalise. Il a manqué quelques centimètres à Jeridi pour arrêter le ballon. Ce dernier s’incline une deuxième fois, dix minutes plus tard sur un tir croisé d’Abdoulaye Diarra.
La victoire consacrait l’équipe la plus volontaire, la plus entreprenante, la plus mobile, la plus offensive. Les Tunisiens ont voulu imposer un tempo tranquille sans trop d’à-coups. Ce n’est pas la bonne tactique face aux équipes du sud-Sahara. Les Aigles de Carthage ont trop cherché à préserver leur avance et n’ont pas compris que c’est une stratégie rarement payante lorsqu’il reste soixante-quinze minutes à jouer.
Le Mali dont le football connaît une ascension formidable ces derniers mois vient d’entrer dans un nouveau carré d’as après ceux de la CAN U-17 et de la CAN U-20. Maintenant il va préparer un énorme derby avec la Cote d’Ivoire. La nouvelle proie des Aigles ce seront les Eléphants, les maîtres du ciel contre les maîtres du sol à la défense légendaire.
Via CAF