Les activistes et ONG des droits de l’homme ainsi que les parlementaires sont très préoccupés par la découverte d‘une fosse commune dans la commune de Maluku à Kinshasa, contenant plus de 400 corps des personnes. Une controverse est, à ce sujet, au cœur des débats entre le gouvernement et les organisations de défense des droits de l’homme, l’opposition politique ainsi que la communauté internationale dont la Monusco, l’Union européenne et le Royaume de Belgique.
En effet, les membres socialistes du parlement européen en séjour à Kinshasa ont demandé le mercredi 8 avril 2015 qu’une enquête indépendante soit diligentée pour faire la lumière sur l’affaire de 425 personnes enterrées le 19 mars dernier dans une fosse commune à Maluku. « Ce n’est pas parce que ce sont des indigents qu’ils doivent être mis dans une fosse commune », a déclaré Mme Cécile Kyenge, vice-présidente de l’assemblée parlementaire de l’UE-ACP qui a conduit une délégation qui a rencontré le ministre de la Justice, Thambwe Mwamba.
Par ailleurs, la Monusco a annoncé mercredi 8 avril 2015 qu’elle allait accompagner les enquêtes initiées par le gouvernement. Le Vice-premier belge et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, a accepté mardi 7 avril de débloquer 1,5 million d’euros en faveur du Bureau conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) qui compte appuyer les enquêtes des autorités congolaises. Pour sa part, le Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders a indiqué mercredi 8 avril que cette découverte pose de très nombreuses questions auxquelles la population congolaise et la Communauté internationale sont en droit d’attendre des réponses.
Par ailleurs, dans un communiqué publié mardi 7 avril, l’Asadho a appelé le gouvernement à une commission conduite par des personnalités indépendantes, pour éviter une accréditation pure et simple de la version avancée par le gouvernement. Cette ONG de droits de l’homme a demandé aussi l’exhumation des corps pour qu’il soit procédé à des expertises qui puissent établir les circonstances dans lesquelles ces personnes sont décédées. L’Asadho a recommandé également à la communauté internationale de fournir aux enquêteurs tous les moyens logistiques appropriés.
Selon l’ONG Human Right Watch (HRW), il reste encore de nombreuses questions sans réponses sur la fosse commune de Maluku en dépit des déclarations faites le vendredi 3 avril 2015 par le Vice-premier ministre et ministre de l’intérieur et Sécurité, Evariste Boshab que la dite fosse commune contient les corps des indigents qui ont été gardés longtemps à la morgue de l’Hôpital général de référence de Kinshasa et qui ont été inhumés par l’Hôtel de ville de Kinshasa. Pour Ida Sawyer, chercheuse à la Division Afrique de HRW, « les autorités judiciaires congolaises ont commencé une enquête sur la fosse commune de Maluku et HRW espère qu’elle sera rigoureuse et crédible et que les résultats pourront apporter la lumière sur l’identité de ceux qui sont enterrés à Maluku ».
Cependant, selon le gouverneur intérimaire de Kinshasa, il n’existe aucun lien entre l’enterrement des corps abandonnés et les victimes de tristes événements du 19, 20 et 21 janvier dernier. Robert Luzolamo, gouverneur intérimaire de la ville de Kinshasa et ministre provincial du Plan, Finances et Budget a déclaré au cours d’un point de presse tenu mardi 7 avril 2015, qu’il s’agit des inhumations des indigents. Le 19 mars dernier, l’Hôtel de Ville a enterré 421 personnes à Maluku. Selon lui, la morgue de l’hôpital général de référence de Kinshasa, débordée, ne devrait garder les corps de ces indigents. Toutefois, l’hôtel de ville de Kinshasa qui a effectué quatre fois ces genres d’enterrements depuis le mois avril 2014, attend avec sérénité les conclusions de l’enquête qu’a diligentée le Parquet général de la République.
Il sied de signaler également que cette affaire de « charnier de Maluku » prend de l’ampleur et des pressions sont exercées sur le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Evariste Boshab sur le « charnier de Maluku ». Le député national Toussaint Alonga a déposé lundi 6 avril 2015 à l’Assemblée nationale une question orale au Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Evariste Boshab sur le « charnier de Maluku ». Pour l’auteur de la question, le ministre devait « apaiser la curiosité de nombreux Congolais sur cette énigme. Il a déclaré que c’est dans l’intérêt du gouvernement de « livrer la vraie version des faits ».
Tout en partageant la préoccupation de toutes les personnes inquiétées par ce dossier, les Congolais redoutent qu’il s’agisse des larmes de crocodiles que déversent les membres de la communauté internationale. Autrement, on ne saurait comprendre le silence observé jusqu’aujourd’hui sur, entre autres, le dossier de femmes enterrées vivantes, sous la barbe de la MONUSCO, dans le Sud-Kivu. L’acharnement actuel n’est nullement orchestré dans l’intérêt du peuple congolais et du Congo. Jusqu’à ce jour, l’ONU et la CPI demeurent aphones sur les nombreux massacres commis sur le sol congolais, soit par des troupes étrangères, soit par des pseudo-rébellions montées par ces forces extérieures avec l’appui de la maffia, toutes bien identifiées par la communauté des nations.