Le milicien Cobra Matata et ses hommes viennent de se rendre aux Fardc. Contre cette reddition, le chef milicien formule deux exigences, que l’amnistie soit accordée à lui et ses hommes et que la hiérarchie reconnaissent leurs grades.
Le chef rebelle congolais Cobra Matata s’est rendu vendredi soir aux autorités congolaises à Bunia, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, où il a semé la désolation pendant des années pour le contrôle notamment de ressources naturelles, a-t-on appris de source officielle.
« Il s’est rendu hier soir (vendredi) vers 22h30 heures locales (20h30 GMT). Il s’est rendu avec trois autres officiers de son état-major. Lui est général, les trois autres sont colonels », a déclaré à l’AFP Monulphe Bosso, conseiller en communication du gouverneur de la province Orientale, Jean Bamanisa.
Ces membres déserteurs des Forces armées de la RDC (FARDC) « sont venus en tenue de l’armée, avec les bérets verts, mais sans les galons », a-t-il précisé, ajoutant que, jeudi, « c’est tout l’état-major qui l’avait précédé (…). Le chef d’état-major est arrivé accompagné de cinq officiers ».
Cobra Matata, chef des Forces révolutionnaires patriotiques de l’Ituri (FRPI), et ses trois colonels se trouvent dans une résidence du gouverneur à Bunia, chef-lieu du district de l’Ituri, qui jouxte l’Ouganda, selon le conseiller, lui-même dans cette résidence. Les six autres hommes sont dans une autre demeure.
Interrogé sur le nombre d’armes ramenées par les ex-miliciens, le conseiller a précisé que tous « sont venus bredouilles ». Il a souligné que 418 miliciens étaient encore attendus dans le processus de reddition, et qu’ils seraient accompagnés de « 394 dépendants » (femmes et enfants).
Avant de se rendre, Cobra Matata (Banaloki Matata de son vrai nom) avait réitéré ses deux principales requêtes: que les membres de sa milice bénéficient d’une « amnistie générale pour lui et sa troupe » et « qu’on reconnaisse les grades » que ses hommes avaient dans le groupe armé, selon le conseiller.
Il a indiqué qu’il revenait à la « haute hiérarchie » de « décider » de la suite à donner, laissant penser que Cobra Matata pouvait ne pas avoir reçu d’assurances quant à ses doléances.
Par le passé, nombre de groupes rebelles ont abandonné la lutte armée après avoir été intégrés aux FARDC, leurs chefs se voyant reconnaître des grades d’officiers supérieurs, voire généraux, mais depuis l’adoption de la loi de réforme de l’armée de 2011, les autorités ont toujours refusé de tels marchandages.
Le FRPI est l’une des nombreuses milices qui se sont affrontées en Ituri de 1999 à 2007 sur des bases essentiellement ethniques pour le partage des richesses naturelles (au premier rang desquelles l’or) de ce district.
Plusieurs milliers de combattants FRPI avaient été démobilisés et intégrés à l’armée congolaise de 2004 à 2006, mais le groupe avait commencé à se reformer fin 2007. Cobra Matata a pris le contrôle des FRPI en 2010 après avoir déserté des FARDC. Depuis lors, sa seule revendication véritablement claire est celle de sa réintégration dans l’armée comme général.
Le 10 novembre, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, avait annoncé que Cobra Matata s’était « rendu (à l’armée) avec un grand nombre de ses combattants » le 5 novembre. La Mission de l’ONU en RDC (Monusco) avait par la suite expliqué qu’il négociait encore les termes de sa reddition.
« Cobra a répondu à l’appel du chef de l’Etat (Joseph Kabila) en novembre l’année passée » qui, en déplacement dans la province, lui avait « lancé un appel de se remettre aux forces loyalistes », a estimé le conseiller. « Une année après, il a entendu et est revenu à de bons sentiments ».