Difficile de faire une autre lecture de la déclaration des Laïcs catholiques faisant suite à la condamnation du leader du MLC par la Cour Pénale Internationale. Quand bien même ils trouvent des circonstances atténuantes, le fait par exemple que Jean-Pierre Bemba n’ait pas été à Bangui pour commettre personnellement les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, l’idée étant de prier pour lui éviter la prison à vie, les catholiques sont persuadés que les responsables politiques, les officiers des forces armées, de police et des services de renseignement en tireront des leçons pour ne pas organiser et commettre des crimes contre des paisibles citoyens.
Il est certes vrai que Jean-Pierre Bemba attend encore d’être fixé sur sa peine. Avec combien d’années d’emprisonnement va-t-il se tirer ? Sous peu, le suspense devrait être levé. Une chose est sûre. Il a été reconnu coupable des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Des crimes perpétrés par ses hommes à Bangui, en Centrafrique, il y a une dizaine d’années. A Kinshasa, on n’a pas attendu la fixation de la peine pour examiner les conséquences de l’arrêt de la Cour Pénale Internationale reconnaissant sa culpabilité dans l’affaire pour analyser les conséquences politiques et judiciaires du verdict. Pour les Laïcs catholiques, c’est une occasion, de plus, de faire un examen de conscience indispensable pour conduire les affaires de la Nation pendant cette période où de grands défis doivent être relevés. Il s’agit, notamment, de mettre fin au cercle vicieux de la prise et de la conservation du pouvoir par les armes et la ruse. Ainsi, mettre fin décisivement au cycle infernal de la guerre qu’il engendre et qui le nourrit par la culture de la corruption. Lisez, in extenso, la déclaration du Conseil de l’Apostolat des Laïcs catholiques du Congo (CALCC).
Le CALCC espère une peine juste pour Bemba et appelle à la réconciliation nationale
Au lendemain de la condamnation du Sénateur Jean Pierre Bemba par la Cour pénale internationale pour les crimes commis par ses troupes en République centrafricaine, le Président du Conseil National du CALCC compatit à la douleur du condamné, de sa famille, de ses amis, de ses partisans dans le combat politique et des millions de compatriotes congolaises et congolais attristés par cette sentence.
Jean Pierre Bemba est condamné pour des actes qu’il n’avait pas commis ni ordonnés individuellement. Il porte la responsabilité politique du comportement des soldats sur le théâtre de l’action militaire.
Quelle que soit la peine qui lui sera infligée (nous espérons qu’elle sera juste et proportionnelle au fait que le condamné n’est ni auteur ni commanditaire de ces crimes), la sentence prononcée contre notre compatriote à la Haye rend justice aux victimes de la barbarie, de l’orgueil, de la prétention et de la folie de tous ceux qui au nom du pouvoir, portent les armes et croient faussement disposer du droit de vie et de mort sur les autres. Qu’elle serve de leçon aux responsables politiques, aux officiers des forces armées, de police et des services de renseignement dans notre pays qui non seulement organisent et commettent des crimes contre des paisibles citoyens mais s’en vantent ; convaincus qu’ils ne répondront jamais de leurs actes.
C’est ici le lieu d’appeler les responsables politiques à réfléchir sur la visée du pouvoir politique et sur la formation que l’on donne aux soldats, aux policiers et aux agents de renseignement. N’ayons pas honte et ne soyons pas complaisants. Nos forces de sécurité sont encore et toujours formées et entrainées dans l’esprit de la Force publique de l’époque coloniale pour mater et opprimer les citoyens pour protéger le système d’exploitation du peuple congolais.
La condamnation de Jean Pierre Bemba doit donc être une opportunité, une occasion de plus pour faire l’examen de conscience indispensable pour conduire les affaires de la Nation en particulier pendant cette période où nous devons relever le grand défi de mettre fin au cercle vicieux de la prise et de la conservation du pouvoir par les armes et la ruse et, au cycle infernal de la guerre qu’il engendre et qui le nourrit par la culture de la corruption.
Le CALCC saisit cette occasion pour renouveler à l’endroit de la classe politique l’appel au dialogue qui doit être le lieu non pas de la violation de la Constitution mais plutôt celui de la repentance, du pardon et de la justice pour apaiser les cœurs, obtenir la réconciliation en vue de la paix, don de la miséricorde divine.
Au cours de ces assises, doivent être examinées les actions à mener pour la réconciliation nationale notamment la libération des compatriotes détenus dans les juridictions nationales et internationales pour des faits politiques, et la délicate question de la sécurité du Président de la République et de ses proches, après l’exercice du pouvoir.
Cette question que l’on aborde rarement en public, est pourtant le nœud de la crise depuis Mobutu. C’est le principal obstacle à franchir pour entrer dans une nouvelle ère, l’ère où la RDC, notre beau et grand pays, doit assumer le rôle auquel le « Maître des temps et des circonstances la destine ». La solution à ce problème est source de bien pour la Nation et fera apparaître et reconnaître la grandeur de ce peuple et la gloire de Dieu qui révèle ces choses aux petits et aux humbles.
Pour nous, le Dialogue attendu doit être une rencontre de 100 à 150 hauts cadres de la Nation, choisis de manière paritaire par un comité préparatoire paritaire réunis autour du facilitateur international.
Contrairement à ce que d’aucuns redoutent, le dialogue sera l’occasion pour le Chef de l’Etat de prendre la mesure de ses responsabilités pour l’avenir de la Nation aux destinées de laquelle il préside à un moment très délicat où les forces de ce monde voulaient la voir disparaître. Il ne pourra pas compromettre l’œuvre de sa vie.
En cette période de Pâques, fête de la manifestation de la toute puissante miséricorde de Dieu pour l’Humanité entière, prions Le Seigneur Dieu, le Père Créateur, Tout Puissant et Miséricordieux pour qu’il manifeste sa miséricorde sur la République démocratique du Congo, notre beau et grand pays.