« Si on n’y prend pas garde, ça peut atteindre Kinshasa »
Le Cardinal Fridolin Ambongo craint que le conflit intercommunautaire à Kwamouth dans la province du Maï-Ndombe, puisse atteindre Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, si tout n’est pas fait dans le sens d’y mettre fin.
Il a exprimé cette inquiétude au cours d’une conférence de presse tenue le vendredi 21 octobre 2022 à l’archevêché de Kinshasa, au terme de sa visite effectuée à Kwamouth. « L’extension de ces conflits au-delà du territoire de Kwamouth vers les territoires voisins, notamment vers Bagata dans la province du Kwilu. Si on n’y prend pas garde, ces conflits peuvent aussi Kinshasa », a indiqué l’archevêque de Kinshasa.
En outre, le Cardinal Fridolin Ambongo a souligné qu’il y a lieu de faire le rapprochement entre les événements de Kwamouth, et les massacres de Yumbi en 2018, toujours au Mai-Ndombe et dans le contexte pré-électoral. « De même, la question du bloc pétrolier et celle de la réhabilitation de la RN 17, avec toutes les redevances qui y sont liées, sont à prendre en compte dans la recherche de la compréhension de la situation qui prévaut actuellement sur le territoire de Kwamouth », a-t-il renchéri.
S’agissant du conflit, l’archevêque de Kinshasa a confirmé qu’il est intercommunautaire et non comme cela est décrit de manière simpliste comme conflits Teke/Yaka. Il a soutenu que la réalité est beaucoup plus complexe qu’on ne le croit. « De fait, plusieurs groupes ethniques de la RD Congo (Les Bangala, les Batetela, les Balubas, les Bambala, pour ne citer que ceux-là) sont d’une manière ou d’une autre concernés par ces conflits, même si les Yaka sont majoritaires dans cette contrée. Et pour les Teke, tous ceux qui ne sont pas les leurs sont à ranger dans la catégorie des Yaka », a-t-il martelé. Le Cardinal Fridolin Ambongo reste convaincu, tenant compte des éléments qu’il a recueillis sur terrain, qu’il s’agit principalement des conflits liés à la question de terres et donc de propriété. A l’origine, le territoire de Kwamouth appartenait aux Teke. Mais au fil des années, d’autres tribus sont venues s’y installer, soit en prenant des terres en location, soit en achetant des terres, devenant ainsi des propriétaires, employant de la main d’œuvre qui vient de partout, et surtout des quartiers populaires de Kinshasa. Actuellement, l’archevêque de Kinshasa a insisté sur le fait que l’on ne peut pas dire que les Teke sont toujours majoritaires sur ce territoire, désormais habités par d’autres.
LR