Conséquence du rapport de l’Onu sur l’opération contre les « Kuluna » : Scott Campbell déclaré persona non grata par le Gouvernement de la Rdc

Le Gouvernement congolais vient de prendre la grave décision de solliciter le rappel par l’Onu de son Chef de Bureau des Droits de l’homme pour manque de professionnalisme et d’honnêteté.

Le Gouvernement congolais a demandé jeudi le rappel du chef du bureau de l’ONU pour les droits de l’Homme en RDC, Scott Campbell, au lendemain de la publication d’un rapport qui met en cause la police. Le rapport fait état de la disparition de plusieurs dizaines de civils, victimes selon le BCNUDH de policiers congolais lors d’une grande opération anti banditisme à Kinshasa entre novembre et février 2014. Lors d’une conférence de presse à Kinshasa, le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej a dénoncé un « manque de professionnalisme et d’honnêteté », de la part des agents qui ont élaboré le rapport.

En réponse aux éléments présentés par l’équipe de M. Campbell, Richard Muyej a expliqué que « le personnel de l’opération « Likofi » n’agissait pas en cagoule ». Le ministre a également communiqué la liste d’une trentaine de membres de la police condamnés pour leur comportement dans l’opération « Likofi », dont cinq pour meurtre ou homicide involontaire, et 2 pour enlèvement ou détention arbitraire.

« Nous croyons sincèrement que nous ne pouvons pas nous permettre d’être naïf et continuer de croire en la bonne foi de Scott Campbell qui s’illustre dans des actes visant à mettre des bâtons dans les roues de notre équipe commune avec la Monusco et qui chercherait à nous mettre en porte à faux avec notre population ».

Personna non grata

M. Campbell s’était déjà attiré les foudres des autorités congolaises après la publication en avril d’un rapport onusien regrettant qu’en dépit de progrès dans la lutte contre les violences sexuelles en RDC, « la plupart » d’entre elles ne faisaient jamais l’objet d’enquêtes ou de poursuites. Le 9 octobre son bureau avait demandé aux autorités de Kinshasa de mener des « enquêtes judiciaires approfondies » sur un certain nombre de « crimes » commis par les ex-rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) dans l’Est de la République démocratique du Congo entre avril 2012 et novembre 2013.

« Nous savons qu’il n’en sont pas à leur première expérience, car déjà, au lendemain des élections de 2011, les mêmes activistes, documentés par des officines de l’Opposition non républicaine, avaient aligné des allégations sur les violations des droits de l’homme, en taisant superbement les cas avérés des militants du Palu, lâchement tués par leurs relais de certains partis politiques explique le ministre de l’Intérieur.

Voilà pourquoi, la RDC, par le biais de son ministre de l’Intérieur, estime que « le moment est venu sans doute de nous séparer d’avec lui ». Le Gouvernement congolais reconnaît avoir demandé au Secrétaire général des Nations Unies de retirer le chef du bureau de l’ONU pour les droits de l’Homme en RDC « pour manque de professionnalisme et d’honnêteté, ainsi que des prises de positions partisanes de nature à compromettre la stabilité des institutions. « Nous estimons que Scott Campbell remplit désormais les conditions requises pour être déclarée personna non grata ».

Pour Richard Muyej, le BCNUDH n’a pas à confondre le mode opératoire des criminels qui ont intérêt à échapper à une reconnaissance facile avec celui des policiers utilisés dans « l’Opération Likofi ». Le ministre de l’Intérieur rappelle qu’avant le déclenchement de cette opération, « nos services avaient constitué une banque de données sur les bandits dits « kuluna » et une cartographie de cette criminalité reprenant la composition de différentes écuries existant à Kinshasa.

« Nous avons même reçu le ministre de l’Intérieur du CongoBrazzaville venu faire part de la présence de cette bande de criminels de Kinshasa à Brazzaville ».

Bientôt « l’Opération Likofi 3 »

Pour le Gouvernement congolais, le rapport du Bureau conjoint des Nations unies pour le droit de l’homme ne peut pas décourager les autorités congolaises à mettre fin au banditisme qui va de mal en pris à travers les communes de Kinshasa. Quant à cette criminalité urbaine, le ministre de l’Intérieur a annoncé déjà le lancement de « l’Opération Likofi 3 » qui devra se faire à travers toute l’étendue de la République.

D’après Richard Muyej, qui s’est adressé jeudi 16 octobre à la presse, « cette opération vise la lutte contre la résurgence des kuluna et de leurs affidés. N’en déplaise à Monsieur Scott Campbell ». Toutes les précautions seraient déjà prises pour que les abus constatés pendant les précédentes opérations ne soient plus de mise pendant l’“Opération Likofi 3 “.  « Nous allons tenir compte de ce qui n’a pas marché pour que la prochaine opération soit un succès sans reproche », ajoute le ministre de l’Intérieur, promettant de mobiliser la Police nationale à travers toute l’étendue de la République en vue de mettre la main sur les fauteurs des troubles.

Le rapport du BCNUDH affirme que la majorité des victimes d’exécutions sommaires ont été abattues « dans leur quartier parfois à la sortie de leur domicile » par des agents de la police cagoulés, et relève un modus operandi similaire pour nombre d’enlèvements ayant conduit à des disparitions forcées.

L’ONU a indique également avoir obtenu des informations de sources concordantes sur « l’implication d’un haut-gradé de la police de Kinshasa et de plusieurs officiers de police » dans les crimes qu’elle a identifiés, et a demandé aux autorités congolaises de « mener des enquêtes promptes, indépendantes, crédibles et impartiales » et de « traduire en justice tous les auteurs présumés de ces violations quel que soit leur rang ».

« Nous ne pouvons pas comprendre qu’au moment où la MONUSCO joue davantage son rôle de stabilisation et se joint aux unités de la brigade d’intervention pour appuyer les FARDC  dans son rôle d’éradication des groupes armés nationaux et étrangers, que ce soit à ce moment précis que les activistes instrumentalisent les organes des Nations unies à des fins de déstabilisation de la RDC. Nous savons qu’ils ne sont pas à leur première expérience car déjà au lendemain des élections de 2011, les mêmes activistes documentés par des officines de l’opposition non républicaine avaient aligné des allégations  sur les violations des droits de l’homme en taisant superbement les cas des militants PALU lâchement tués, une dizaine au total, par leur relais de certains partis politiques. Nous croyons sincèrement  que nous ne pouvons pas nous permettre d’être naïfs et continuer à croire à la bonne foi de M. Scott Campbell qui, personnellement, au vu des faits tels qu’ils se sont succédés, nous doutons et nous nous posons la question de savoir si son esprit est en place. Le moment est sans doute venu de nous séparer d’avec lui et de demander  au secrétaire général des Nations unies de le retirer de notre pays pour manque de professionnalisme et d’honnêteté ainsi que de prise de positions partisanes de nature à compromettre les institutions. Nous estimons que monsieur Scott Campbell rempli désormais les conditions requises pour être déclaré persona non grata ».

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