Le patron du foot mondial, Gianni Infantino, n’a pas masqué son inquiétude sur l’impact économique de la crise du coronavirus. Et en a profité pour défendre son projet de Coupe du monde des clubs élargie.
La pandémie de coronavirus est désormais ancrée sur l’ensemble des territoires du monde, et les entitées sportives s’activent pour lutter et s’adapter. Le football n’y échappe pas, preuve en est le report du championnat d’Europe, prévu cet été, en 2021. Dans ce contexte préoccupant, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a accordé un entretien à la Gazzetta dello Sport. Et n’a pas ignoré la conjoncture à venir du ballon rond : «Le football est en danger de récession.»
«La santé passe avant tout», Gianni Infantino.
«Les dirigeants doivent se préparer au meilleur mais aussi au pire, alerte Infantino. Il ne faut pas paniquer, mais il faut le dire clairement. Une évaluation de l’impact économique mondial est nécessaire.» Avant cela, l’Italo-Suisse (49 ans) a rappelé la priorité : «La santé passe avant tout. Nous recommencerons à jouer quand nous le pourrons sans mettre en danger la santé de qui que ce soit. Rien ne dit que ce sera en avril ou mai. Les fédérations et les ligues sont prêtes à suivre les recommandations des gouvernements et de l’OMS.»
Moins de matches mais plus d’intérêt ?
Infantino s’est ensuite projeté sur ce qui attend le monde du foot. «On ne sait pas quand on va revenir à la normalité, pose-t-il. Mais regardons l’opportunité : nous pouvons peut-être réformer le football mondial en prenant du recul. Avec différents formats. Moins de compétitions mais plus intéressantes. Peut-être moins d’équipes, mais plus équilibrées. Moins de matches pour protéger la santé des joueurs, mais plus combattus. Ce n’est pas de la science-fiction, parlons-en.» Des propos qui font écho au projet d’Infantino : une Coupe du monde des clubs à 24 équipes plutôt que 7, comme c’est le cas actuellement, et qui se déroulerait tous les quatre ans plutôt que tous les ans.
«Quand l’UEFA a créé la Ligue des champions il y a 30 ans, des Fédérations s’étaient aussi insurgées, et aujourd’hui on crie au génie », Gianni Infantino.
Ce projet, prévu en 2021, risque de subir l’empilement de décalages des compétitions. «On décidera bientôt si la première édition aura lien en 2021, 2022 ou au maximum 2023», explique Infantino. Mais le président de la FIFA n’a aucune intention de faire machine arrière sur ce nouveau Mondial, malgré les nombreuses critiques : «C’est un tournoi de la FIFA pour développer le football de clubs au niveau mondial, voulu par tous les clubs, y compris les top européens. Quand l’UEFA a créé la Ligue des champions il y a 30 ans, des Fédérations s’étaient aussi insurgées, et aujourd’hui on crie au génie. Tout le monde va en bénéficier. On verra ce qu’ils diront dans 30 ans.»
Face à la controverse, Infantino insiste sur le fait qu’il «n’y a que nous (la FIFA) qui faisons de la solidarité mondiale. Le Mondial pour clubs et le Mondial tout court sont l’unique source de revenus pour la majeure partie des fédérations.» Le juriste italo-suisse, qui a confirmé un don de 10M de dollars de la FIFA à l’OMS, invite enfin les autres instances à «faire des sacrifices» comme «tous» : «Les fédérations, les ligues, les clubs, les joueurs…. Tout le monde sera prêt à faire un pas en arrière comme nous, j’en suis certain. Sauvons tous ensemble le football d’une crise qui risque d’être irréversible».