Le moment venu, et à l’instar de tous ses homologues dans le monde, il va devoir tirer toutes les conséquences de la gestion en cours de la pandémie. C’est en cela que se reconnaît un homme ou une femme d’Etat ! Né en 1963, devenu Président de la République en 2019 après avoir accédé à la tête de l’Udps en 2018 – parti fondé en 1982 et qui n’est arrivé aux affaires d’Etat que 37 ans après, c’est-à-dire, en 2019 – Félix Tshisekedi et sa formation politique sont carrément rendus responsables des difficultés auxquelles le Congo fait actuellement face pour affronter le Coronavirus ! Et, pourtant, il est de notoriété publique qu’il n’a dirigé pleinement l’Udps que du 30 mars 2018 au 23 janvier 2019, soit 11 mois à peine, avant de devenir Chef d’Etat. Et la fonction de Chef d’Etat, il ne l’assume que depuis 14 mois, soit 24 janvier 2019 à ce jour.
S’il a un bilan à assumer, c’est bien celui du pouvoir exercé du 24 janvier 2019 à ce jour. Cela relève de la logique élémentaire. Seulement voilà : l’article 69 de la Constitution l’oblige d’assurer la continuité de l’État, c’est-à-dire de prendre sur lui l’actif et le passif de ses prédécesseurs. Raison ample de se solidariser autour de lui pour combattre l’ennemi commun froid : le Coronavirus, au lieu de le combattre, lui, comme on est en train de le faire.
Puisse cette maladie, aussi terrifiante soit-elle, ne pas nous terroriser au point de nous chosifier…
CULTURE DE RESPONSABILISATION ET D’AUTO-SANCTIFICATION
Figurons-nous que la pandémie actuelle soit survenue sous Joseph Kabila ou Emmanuel Ramazani Shadary, sinon sous Martin Fayulu, Jean-Pierre Bemba ou Moïse Katumbi à la magistrature suprême, et cela dans un régime de coalition, de cohabitation ou non ! Comment aurait-elle été gérée, maintenant que tout le monde constate des faiblesses dans le système médical face à des fléaux comme Ebola, Sida, Rougeole, Choléra etc. ?
Dans la culture de-responsabilisation que nous entretenons pour n’accuser que l’autre, un premier groupe pointerait le doigt accusateur sur Joseph Kabila pour ses 18 ans du pouvoir partagé dont 2 sous administrations territoriales différentes, 4 sous le 1+4 et 12 avec l’Opposition parlementaire issue des urnes.
Et, par ricochet, sur Emmanuel Ramazani Shadary, sans oublier Laurent-Désiré Kabila ! D’ailleurs, sur la toile, même les “gardiens du temple” le rappellent avec délectation. En toute logique, la liste s’étendrait aussi à Jean-Pierre Bemba (1+4), à Moïse Katumbi (Pprd-Amp-Pprd) et à Adolphe Muzito (Palu-Mp et Amp) pour ne citer que les présidentiables de 2018.
Un deuxième groupe indexerait Mobutu pour ses 32 ans de pouvoir dont 25 quasiment sans partage (1965-1990) et 7 en partage (1990-1997) ! Là, ce serait le procès de la majorité de la classe politique et de la société civile actuelles constituées, l’une et l’autre, des “jeunes” endoctrinés au fameux slogan “Tata boh ? Moko”. “Mama boh ? Moko”. ” Mokonzi boh ? Moko” et “Ekolo boh ? Moko”.
Parmi les présidentiables en vie : Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Martin Fayulu, particulièrement entre 1990 et 1997, sous une transition conflictuelle qui se révéla politiquement, économiquement et socialement éprouvante.
Un troisième groupe renverrait tout le monde à Joseph Kasa-Vubu avec ses 5 ans agités. Et, avec lui, les pères de l’Indépendance, les pères des sécessions, les pères des rébellions, les pères des républiquettes…
POLITISATION DE TOUT, VOIRE DE RIEN
S’agissant de la Santé, une page d’histoire mérite d’être rouverte par les ” gardiens du temple” devenus amnésiques. Voici ce qu’en dit personnellement Mobutu dans son discours du 24 avril 1990 : “Ainsi, au plan social, on pourrait retenir notamment la dégradation des infrastructures sociales : Hôpitaux, écoles, universités, édifices publics.
A cela, il faut ajouter : la vétusté des formations médicales, la carence en équipements et en médicaments, l’insuffisance du personnel médical”. On connaît les effets des “pillages” politiques, économiques et sociaux perpétrés pendant cette transition.
Posons-nous alors cette question lancinante : en 60 ans d’indépendance, quelle est la période au cours de laquelle le pays a vécu une paix relative avec des moyens d’État plus ou moins conséquents, en dehors justement des premières 25 années du régime Mobutu, entre 1965 et 1990, malgré les 2 guerres de Shaba I et II en 1977 et 1978 ?
L’Histoire renseigne que les 5 ans de Kasa-Vubu (1960-1965), les 7 dernières années de Mobutu (1990-1997), les 4 ans de Laurent-Désiré Kabila (1997-2001) et les fameux 18 ans de Joseph Kabila (2001-2018) n’ont pas été des périodes favorables à la reconstruction ou à la construction du pays. A la base, on s’en doute, la politisation de tout, voire de rien, simplement – comme relevé dans une chronique récente – pour se donner une visibilité dans l’espace politique et médiatique.
QUI DEVRA PORTER LA CROIX ” CORONAVIRUS ” ?
Au Pouvoir ou à l’Opposition, tous les acteurs politiques (institutionnels comme non institutionnels), tous les activistes sociaux (patronat, syndicat, église, ONG des droits de l’homme, mouvements pro-démocratie, médias etc.) ont péché, pour paraphraser l’apôtre Paul en Romains 3:23, et tous sont privés de la gloire de Dieu. Le scandale du 27 mars 2020 avec le surenchérissement des prix pratiqué et les incitations à la révolte populaire la veille du confinement décrété pour la ville de Kinshasa en est l’illustration. Résultat : au cours de ces 60 ans (bientôt) d’indépendance, nous nous sommes servis des concepts nobles comme Etat de droit, Démocratie et Droits de l’homme pour soit conserver, soit conquérir le Pouvoir. Construction a alterné avec destruction, montée avec descente.
Dans cet exercice de de-responsabilisation collective visant l’auto-sanctification fort prisée de nos leaders politiques et sociaux, qui acceptera de porter aujourd’hui la croix “Coronavirus” puisqu’il faut bien que quelqu’un le fasse ? Et tomber une fois, deux fois ou trois fois, mais en ayant le courage de se relever, comme le fit le Christ, en route pour Golgotha ?
Hélas ! Seul, le compatriote à qui la Constitution reconnaît la prérogative d’assurer la continuité de l’Etat. Selon l’alinéa 3 de l’article 69, “Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi que la CONTINUITÉ DE L’ETAT”. Ce compatriote, pour l’instant, a pour nom : Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
UNE REFLEXION POUR LES 60 ANS D’INDEPENDANCE
De ce fait, Fatshi est quasiment condamné à encaisser des coups, même ceux qui lui sont assénés par lâcheté. Au cours de leurs mandats respectifs, Kasa-Vubu, Mobutu, L-D. Kabila et J. Kabila ont dû encaisser les mêmes coups. Ses successeurs n’y échapperont pas.
Dans l’exercice de la fonction présidentielle, l’expression à ne jamais lâcher est : ” C’est la faute à mon prédécesseur “. Elle est contre-productive. Un chef assume l’actif et le passif. Une chose est au moins vraie : dans la gestion des épidémies ou des pandémies, aucun gouvernement au monde n’a la maîtrise totale de tous les enjeux.
Autrement, les pays occidentaux les plus puissants et qui font partie du G8 et du G20 ne vivraient pas la calamité en cours. Une chose est également vraie : en 60 ans d’indépendance, le Congo-Kinshasa fait face à plusieurs épidémies devenues pandémiques.
C’est au fur et à mesure de l’évolution de la maladie que la gestion s’adapte et améliore. Le Coronavirus ne fait pas exception. Une chose est davantage vraie : au terme de chaque épidémie ou de chaque pandémie, il y a toujours un changement dans la gouvernance institutionnelle.
Il est évident que le moment venu, le Coronavirus revendiquera de tous les gouvernements du monde son prix. Jouissant de la plénitude de son mandat, le Président Félix Tshisekedi devra tirer toutes les conséquences de la gestion de la pandémie.
Comme par prophétie, dans son message de Nouvel An, Félix Tshisekedi a préconisé une réflexion exhaustive sur les 60 ans d’Indépendance. Le Coronavirus lui en donne l’occasion !
Quoi qu’on en dise, l’Imperium n’est pas bloqué par la pandémie quelque part dans le monde. Il est au Palais de la Nation.
L’humanité entière sait qui, depuis le 24 janvier 2019, en est l’occupant et ce, jusqu’au 24 janvier 2024.