Coup de théâtre au Parlement – 80 Députés s’affichent G7 !

Comment arrêter la fronde du G7 ? Par où commencer, pour conjurer la crise qui, depuis le 14 septembre dernier, ronge la Majorité ? Quelle est, finalement, l’issue qui soit plausible, pour éviter à la RD. Congo, des effets pervers de cette déchirure politique dont les révocations, exclusions, auto-exclusions et démissions dans les institutions publiques ainsi que dans les instances dirigeantes des partis politiques, ne sont que l’expression visible d’un malaise que l’on pouvait, pourtant, gérer à l’interne ? 300 Députés se sont réunis autour de Minaku, ce week-end, à l’Hôtel Venus, pour réaffirmer leur soutien au Président de la République.

Ce lundi 21 septembre, 80 Députés issus des partis congédiés de la Majorité, se disent, plutôt, derrière le G7 dont ils entendent servir d’excroissance au sein du Parlement, plus précisément, à l’Assemblée Nationale. Muhindo Nzangi, Député de son état, l’a dit hier, à la presse, au Palais du Peuple, après une première réunion d’évaluation de cette toute nouvelle constellation d’élus. Décidément, la fronde qui n’était, jusqu’ici, que dans des cénacles, a franchi-là, la ligne rouge. Le Speaker de la chambre basse n’aura qu’à en assurer la police, tout en recherchant, en même temps, un point d’équilibre dans les débats.

L’histoire se passe de tout commentaire. Quoiqu’exclu, le G7 tente de s’organiser, à sa manière. Au-delà de la plateforme annoncée par Charles Mwando Nsimba, ce groupe qualifié de frondeur vient de s’incruster dans l’hémicycle du Palais du Peuple. Il va certainement faire bouger les lignes, lors des travaux parlementaires de cette session de septembre 2015. 80 Députés, c’est le nombre qu’a dévoilé, hier, au Palais du Peuple, Muhindo Nzangi, un des élus du Nord-Kivu et un des hauts cadres du MSR. Il y a tenu un point de presse, du début jusqu’à la fin. Et, personne ne l’en a empêché. Voilà un des acquis communs à préserver, s’il faut tenir compte du travail de la Majorité, du moins, dans son format d’avant la fronde du G7. A tout prendre, Muhindo Nzangi réaffirme ceci : « Nous sommes 80 Députés nationaux du G7 signataire de la lettre adressée au Chef de l’Etat, pour le respect de la Constitution. Nous avons été honorés de la présence de trois membres qui sont des alliés d’autres partis qui se joignent à notre lutte. Aujourd’hui, nous avons fait notre première réunion qui était celle de contact. Nous avons essayé de définir ce que nous allons faire comme actions parlementaires, pour faire respecter les engagements que nos partis politiques respectifs ont pris, pour faire respecter la Constitution de la République. Le combat que le G7 a commencé, va s’étendre à l’intérieur du Parlement. Nous n’avons pas encore enregistré de démissions dans nos partis. Nos partis ont été exclus de la Majorité présidentielle. Donc, tous les membres sont avec nous. (… ) Nous sommes en train de définir les prochaines étapes de notre action. Nous avons posé des problèmes de fond. Et, s’il ne s’agissait que des intentions, cela n’aurait pas abouti à notre exclusion. Donc, il y a un plan que nous avons dénoncé».

Position de la Majorité

Vendredi, la Majorité était Fleuve Congo Hôtel, pour clarifier sa position face à la fameuse lettre du G7. Plus d’une fois, elle a accusé ce groupe d’avoir semé la confusion dans les esprits. Pour elle, en effet, le Chef de l’Etat est le garant de la Constitution. Nul individu ou groupe d’individus, ne peut s’en prévaloir, outre mesure, sans énerver l’esprit et la lettre de la Constitution en ce qu’elle fait du Président de la République, le seul « Garant » à veiller à son respect. D’ailleurs, la Majorité expliquait, dès le 15 septembre 2015, que les préoccupations du G7 étaient fondées sur des peurs irrationnelles et qu’elles ne reposaient que sur un procès d’intention.

Bref rappel

Lundi 14 septembre, sept partis de la Majorité signaient une lettre, la troisième du genre, adressée au Chef de l’Etat. Ils insistaient notamment, sur le respect absolu de la Constitution, la tenue des élections dans les délais constitutionnels. Puis, ils disaient non au glissement. Mardi 15 septembre, la Majorité constatait l’auto-exclusion de ces sept partis, avant de leur demander d’en tirer les conséquences. Peu avant le crépuscule, dans la même journée de mardi 15 septembre, le Président de la République révoquait Olivier Kamitatu Etsu de ses fonctions de Ministre du Plan et Suivi de la Révolution de la Modernité. Il limogeait également, Pierre Lumbi Okongo, son Conseiller Spécial en matière de sécurité. Mercredi 16 septembre, Charles Mwando Nsimba, co-signataire de la lettre du G7, quittait ses fonctions de Premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale. Il sera suivi, un ou deux jours après, d’autres démissions dont celles de Modeste Mutinga, le Rapporteur du Sénat, de Norbert Ezadri, le Rapporteur de l’Assemblée Nationale, des Ministres Jean-Claude Kibala, de la Fonction Publique, et Dieudonné Bolengetenge, des Affaires Foncières. D’autres fissures ont été observées d’en haut, avec le départ du Dr Molisho, de ses responsabilités de Secrétaire Général Adjoint de la Majorité présidentielle. Aujourd’hui encore, la liste s’allonge, avec d’autres départs en provinces où dans la foulée, plusieurs personnes occupant des postes importants dans les Exécutifs provinciaux, ont jeté l’éponge. Au Sud-Kivu, Espérance Hendwa Ciza, Secrétaire Générale Adjointe du gouvernement provincial, a claqué la porte, ce lundi 21 septembre, à Bukavu. Et, la série, pourrait, semble-t-il, continuer.