Trois Congolais qui ont témoigné dans le procès de deux chefs de milice congolais, Mathieu Ngudjolo Chui et Germain Katanga à la Cour pénale internationale (CPI) ont été expulsés des Pays-Bas. Selon l’AFP, Floribert Ndjabu, Pierre Célestin Mbodina et Manda Charif, sont arrivés lundi 7 juillet vers 02h00 (heure locale) à l’aéroport international de Ndjili à bord d’un vol spécialement affrété.
Ces trois Congolais, tous anciens miliciens, avaient témoigné devant la CPI en mars 2011 dans le procès de deux chefs de milice congolais, Mathieu Ngudjolo Chui et Germain Katanga. Depuis, les trois hommes demandaient l’asile aux Pays-Bas, disant craindre pour leur vie après avoir incriminé le président Joseph Kabila dans leur témoignage et refusaient d’être renvoyés dans leur prison à Kinshasa.
Au terme d’une longue procédure impliquant la CPI et les autorités néerlandaises, le Conseil d’Etat néerlandais avait décidé le 27 juin dernier que les trois témoins pouvaient être renvoyés dans leur pays. Les juges avaient estimé que la RDC avait fourni suffisamment de garanties quant à leur sécurité, notamment qu’ils ne seraient pas condamnés à mort. Plusieurs ONG avaient pourtant appelé le gouvernement néerlandais à ne pas les renvoyer en RDC.
Selon l’Agence France Presse, la police congolaise les a récupérés à leur arrivée à Kinshasa et les a conduits en prison. Avant d’être transférés à la Haye pour témoigner, Floribert Ndjabu, Pierre Célestin Mbodina et Manda Charif étaient détenus dans une prison à Kinshasa en raison d’accusations de crimes de guerre.
Après cette expulsion, Goran Sluiter, un des avocats des trois hommes, se dit déçu. « Nous sommes vraiment déçus », a-t-il déclaré à l’AFP.
Même déception du côté des ONG.
« C’est décevant que le gouvernement néerlandais ait pris le risque d’être complice de possibles violations des droits de l’Homme », a affirmé Géraldine Mattioli-Zeltner, de l’ONG Human Rights Watch.
« Etre le pays hôte de la CPI et un fervent défenseur des droits de l’Homme demande de faire des efforts », a-t-elle ajouté.
Nicole Sprokel, d’Amnesty International, a pour sa part soutenu qu’il était de la responsabilité du gouvernement néerlandais de s’assurer que les engagements (de la RDC, ndlr) soient respectés.
Un retour plus qu’une expulsion
Le porte-parole de la CPI en RDC parle plutôt d’un retour de ces témoins dans leur pays. Il rappelle qu’avant leur départ à la CPI ces trois Congolais étaient détenus en RDC.
« Ces témoins ont été retournés aux autorités congolaises. Ils sont allés à la Cour pénale internationale dans le cadre de l’affaire Germain Katanga, et après leur témoignage, ils avaient introduit leur demande d’asile aux autorités néerlandaises. Après toutes les analyses, les autorités néerlandaises ne leur ont pas accordé l’asile qu’ils ont demandé », explique-t-il.
Il indique, par ailleurs, que la cour veille aussi à ce qu’au retour des témoins dans leur pays, ils ne subissent pas « un traitement contraire à l’esprit des droits de l’homme ».