Créances du FPI : le FCC appelé à lâcher ses lieutenants

Ils avaient pris l’argent du FPI pour monter des projets, créer des emplois, améliorer la vie des concitoyens. Des années après, aucun projet créé et aucun emploi en vue. Donc, les fonds reçus de l’État avaient été détournés de leur finalité. Les fameux faux promoteurs, essentiellement les hauts cadres du PPRD d’alors, doivent désormais répondre de leurs forfaits devant la justice. Le Parquet les attend. Et le peuple observe.

Après l’expiration de l’ultimatum lancé, il y a quelques jours, à ses débiteurs insolvables, le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) vient de mettre sa menace en exécution. Des plaintes ont été déposées devant les instances judiciaires, le lundi 9 mars, par le collectif d’avocats du FPI, espérant ainsi récupérer 72 millions de dollars américains détenus par des clients douteux. Dans le lot, plusieurs cadres du Front commun pour le Congo (FCC).

Habitués autrefois à des arrangements occultes pour se soustraire à leurs obligations sous le régime Kabila, quelques membres du FCC évoluant dans les institutions, bénéficiaires des immunités ou non, comptent sur un probable soutien politique pour se tirer de l’affaire. Cette fois, il n’en sera pas question. De mauvaises habitudes auxquelles ils étaient accrochés, notamment le trafic d’influence, le clientélisme, le népotisme, l’impunité doivent appartenir au passé, laissant ainsi place au droit.

Laisser la place au droit

Ne serait-ce que pour soigner son image longtemps ternie par des brebis galeuses, le FCC a intérêt à lâcher ses lieutenants inconséquents et inconscients, souvent mouillés dans des dossiers sales. En délaissant ceux de ses pions qui sont jusque-là considérés comme des débiteurs insolvables, le Front commun pour le Congo permettra à la justice congolaise de mieux faire son travail, d’une part, et au FPI de rentrer dans ses droits, d’autre part.

Point n’est besoin de protéger des maffieux de mauvaise foi, pourtant redevables envers l’État et la Nation. Il faut privilégier l’intérêt supérieur de la RD Congo.

Fini donc l’époque où des hautes personnalités de la République pouvaient, par un simple coup de fil, étouffer une affaire encore en instruction devant les instances judiciaires.

Fini la récréation

Selon le coordonnateur du FPI, Jean-Claude Kalenga, « il est temps de mettre fin à la récréation ». Étant une institution chargée de la promotion de l’industrie nationale, soutient-il, le FPI a toujours privilégié des solutions à l’amiable. Étant donné que bon nombre d’insolvables d’aujourd’hui ont abusé de la confiance du Fonds, mettant en avant leur appartenance à la famille politique présidentielle, et tournant en dérision le principe des arrangements à l’amiable pourtant prorogés, le FPI s’est trouvé dans l’obligation légitime de recourir aux instances judiciaires pour recouvrer de force ses créances.

À en croire le coordonateur du FPI, près de 72 millions USD traînent entre les mains des promoteurs autoproclamés. Le FPI compte les récupérer de force, par la voie du droit.

Depuis sa création, le FPI traîne un portefeuille de créances assez important, estimé à plus ou moins 150 millions de dollars américains. Près de 99 dossiers demeurent à ce jour non réalisés alors qu’ils ont bénéficié du financement du FPI et que les pseudo-promoteurs sont en vie.

Dans un communiqué rendu public le lundi 9 mars, le FPI indique que tous ceux qui ont reçu des subventions mais qui n’ont jamais réalisé les projets pour lesquels ils ont été financés, verront leurs subventions converties en prêt. Ces prêts devront, par conséquent, être remboursés aux conditions générales fixées par le FPI en matière de prêt. Une liste de bénéficiaires des subventions non productives serait déjà en élaboration au FPI. Dans les prochaines heures, elle sera mise à la disposition de la justice afin que celle-ci établisse les responsabilités.

Quant à la liste exhaustive des débiteurs insolvables, rien n’est encore officiellement rendu public. Qu’à cela ne tienne. Quelques noms sont déjà cités, parmi lesquels des ténors de l’ex-Majorité présidentielle (MP-Kabila) aujourd’hui transformée en Front commun pour le Congo (FCC).

Il existe d’anciens thuriféraires kabilistes, convertis en tshisekedistes de la 25ème heure, qui figurent parmi les débiteurs insolvables. Rien n’indique qu’ils seront épargnés à la faveur de leur transhumance. Ils ont emprunté des fonds importants de la République pour monter des projets qui n’ont jamais vu le jour. Qu’ont-ils fait de ces crédits FPI ? Méritent-ils des éloges de la jeunesse qui attendait et attend toujours des emplois ?

Aller jusqu’au bout

Par ailleurs, outre les lieutenants du FCC, les membres de leurs familles ou leurs proches doivent s’apprêter à affronter la justice. Reste à savoir si le FPI aura le courage de poursuivre l’affaire jusqu’à son terme, surtout quand on sait que l’actuel directeur du Fonds de promotion de l’industrie est également membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), de surcroît membre du Front commun pour le Congo. La solidarité maffieuse primera-t-elle sur l’intérêt de la communauté nationale ?

Mais il reste une autre grande énigme. L’Assemblée nationale hésitera-t-elle à lever l’immunité de ses membres indélicats vis-à-vis du FPI ? Le peuple congolais ne l’admettra plus. Il cherchera à se faire respecter.

 

mediacongo

 

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