Crise CACH-FCC: l’ONU s’invite au débat

ONU

Respect de la constitution et dialogue, deux recommandations essentielles du secrétaire général des
nations unies à la coalition au pouvoir en RD Congo. C’est ce qui ressort du rapport que Guterres a fait
récemment au conseil de sécurité de l’Onu. Quel sens peut-on donner à cette implication de
l’organisation internationale à la veille du discours ? Analyse et commentaire.

La République

La crise était là, dès le début mais personne n’a voulu y accorder l’attention que cela requérait. Tout
s’est empressé d’applaudir la passation pacifique du flambeau entre le président entrant et le
sortant. Il est vrai qu’il s’agissait d’une première dans un pays qui , depuis 1960, s’est caractérisé par
des coups d’Etat et des mandats élastiques de ceux qui accédaient au pouvoir.

Toutefois, cette joie fut de courte joie, même si les protagonistes d’hier tentaient de sauver les
apparences en s’entretenant de manière presque régulière. Et pour dérouter l’opinion, ils affichaient
des sourires béats. Tout a commencé par le partage des responsabilités entre le perdant de
l’élection présidentielle, ci-devant le Fcc de Joseph Kabila, et son tombeur, le Cach de Félix Antoine
Tshisekedi. On ne le dit pas assez, le pays a fonctionné sans gouvernement pendant de longs mois car
le Fcc, fort de sa majorité parlementaire, exigeait la part du lion. Les discussions étaient âpres,
chaque partie se prévalant de ses arguments.

Le Fcc et le Cach furent contraints à accepter un compromis pour aller vite en besogne et ne pas faire
languir la population qui commençait à se poser des questions en son for intérieur. Finalement ce
qui se sourdait dans la casserole a fait sauter le couvercle et les dissensions ont éclaté au grand jour.
Les deux alliés se sont mis à se rejeter la responsabilité de la marche en dents de scie des institutions
de la république. L’escalade verbale qui s’en est suivie a fini par dévoiler l’existence d’un accord
secret conclu bien avant la publication des résultats des élections de décembre 2018.

Pendant ce temps les fréquentations entre les deux partenaires deviennent de plus en plus rares.
Fatshi entame une tournée à l’étranger au cours de laquelle il annonce la lutte contre la corruption et
l’impunité. C’est à partir de là que la guerre verbale se corse, par des lieutenants interposés. En clair,
le Fcc se sentait visé ses déclarations qui sous-entendaient la poursuite de tous les criminels présents
et passés.

Dans leurs sorties publiques, les grandes gueules du Fcc indiquaient que l’accord signé entre Fatshi et
Joseph Kabila prévoyait une sorte de tabula rasa sur des crimes, soient-ils économiques ou autres
commis par les dirigeants du régime sortant. Selon le Fcc, le chef de l’Etat aurait trahi.
La crise avait déjà éclaté mais l’on continuait à la minimiser avec l’espoir de la résorber au plus vite
dans une rencontre entre les deux leaders. Rien n’y fit. L’atmosphère a commencé a pourrir, malgré
les appels de certains partenaires africains, en l’occurrence l’Angola, le Congo-Brazzaville, la
République sud-africaine.

Le « y en a marre » est tombé lors du discours du président de la République lorsqu’il reconnait
officiellement l’existence et la persistance de la crise dans son pays. Cela avant d’annoncer la tenue
des consultations pour la constitution d’une union sacrée de la nation. Il sonnait ainsi le glas de la fin
de la coalition au pouvoir. Tout de suite, la fièvre a gagné le camp du Fcc qui, en plus des attaquesrépliques au niveau interne, a ouvert un front diplomatique très musclé.

1. Que le secrétaire général de nations unies intervienne juste au moment où Fatshi prépare
son discours -réponse à la population, ne pourrait-on pas dire que le cri de détresse de
Joseph Kabila a été entendue ? Dans son rapport au conseil de sécurité de l’Onu, Gutteres se
dit « préoccupé par les tensions politiques de la coalition au pouvoir qui pourraient saper la
fragile stabilité politique ». Sa peur est que ces pourraient inverser les progrès réalisés depuis
les élections de 2018 et le transfert pacifique du pouvoir qui en est résulté. Comme solution,
le Sg de l’Onu préconise le dialogue. « J’appelle toutes les parties prenantes à résoudre leurs
différends par le dialogue, conformément à la constitution ».

Qu’est-ce que cette implication des nations unies voudrait sous-entendre ? Question
ouverte. Le Cach, particulièrement l’Udps, devrait lire entre les lignes.

A lire dans le numéro 1080 du Quotidien La République