Signe d’un désaveu ayant tendance à faire couler tant d’encre et de salives à l’UDPS, le lider maximo aura de quoi à être sur le gril. Décidément, 25 cadres, tous de la diaspora, ont levé l’ancre, arguments à l’appui comme armes servant à déboulonner Etienne Tshisekedi de la tête du parti. Tous donc se sont emballés pour dénoncer l’indisponibilité de l’opposant, l’ingérence de sa famille biologique et une megestion des finances du parti.
Dans un communiqué envoyé à la presse, dont Afrikarabia, les frondeurs dénoncent « la crise actuelle » du parti « qui a pour nom Etienne Tshisekedi et pour prénom, l’attentisme des cadres qui ont peur et refusent de voir la réalité en face ». Rien ne va plus au sein du parti selon les signataires : « l’indisponibilité du président du parti, les tripatouillages des statuts par Etienne Tshisekedi, l’ingérence de la famille biologique du président dans les affaires du parti et le manque de transparence et la mauvaise gestion des finances ».
« Ingérence de la famille biologique »
Les causes de la crise profonde que traverse l’UDPS sont à chercher du côté des absences répétées d’Etienne Tshisekedi pour des raisons médicales. A 82 ans, le leader historique vieillissant de l’Opposition congolaise est en effet en convalescence depuis un an à Bruxelles et ses récentes apparitions publiques n’ont rassuré personne sur sa santé chancelante. L’Opposant n’est plus que l’ombre de lui-même et beaucoup pensent que le parti a déjà glissé dans les mains de fils, Félix Tshisekedi, responsable des relations extérieures de l’UDPS. En novembre 2014, plus de 40 fédérations du parti avaient dénoncé « l’ingérence de la famille biologique du président dans les affaires de l’UDPS ».
Non au dialogue
La prise du parti par Félix Tshisekedi passe mal pour bon nombre de cadres de l’UDPS et la stratégie du parti de participer au dialogue convoqué par le président Joseph Kabila reste incompréhensible pour la plupart des militants. Le reste des partis d’Opposition, MLC, UNC et dissidents de l’UDPS ont tous refusé le dialogue, accusant Joseph Kabila de vouloir rallonger son mandat en dehors de tout cadre constitutionnel. Les 25 frondeurs sont également de cet avis : « c’est une passe en or adressée à Joseph Kabila, car elle n’est rien de moins qu’une ouverture à la recevabilité de sa candidature pour un troisième mandat! En effet ce dialogue débouchera inéluctablement sur la formation d’ un gouvernement (de Transition ou d’Union Nationale), ce qui correspond à l’ instauration d’ un nouvel ordre juridique conformément à la nouvelle pratique constitutionnelle. »
Entêtement
Le divorce semble donc bien consommé entre une partie de l’UDPS et les Tshisekedi père et fils. L’enfermement du parti après la réélection frauduleuse de Joseph Kabila avait découragé beaucoup de ses cadres. Etienne Tshisekedi, convaincu d’avoir gagné l’élection et d’être le président élu de la RDC avait interdit à ses députés de siéger à l’Assemblée nationale. L’entêtement d’Etienne Tshisekedi dans son « Imperium » qui se limitait au quartier de Limete avait décidé certains à franchir la porte de l’Assemblée nationale et à prendre leur distance. Son intransigeance envers le pouvoir de Joseph Kabila n’est donc plus compréhensible à l’heure où il veut maintenant dialoguer avec le président, à moins de deux de la fin de son mandat. La stratégie des Tshisekedi devient désormais illisible.
L’UDPS en solo
On assiste donc à une énième dissension interne au sein de l’UDPS. Les 25 signataires proposent la tenue d’un « mini conclave à la mi-septembre à Bruxelles qui sera suivi d’un Conclave plus inclusif à Kinshasa aux fins de nous choisir un Président du Parti intérimaire qui nous représentera jusqu’à la tenue d’un Congrès extraordinaire. » Le remplacement d’Etienne Tshisekedi est donc exigé. Reste à savoir comment vont réagir Félix et Etienne Tshisekedi à cette nouvelle péripétie ?
Au mieux quelques cadres partiront vers d’autres partis d’opposition ; au pire, le parti implosera au risque de perdre définitivement son rang sur l’échiquier politique congolais. Car une chose est sûre, l’UDPS a déjà beaucoup perdu depuis les élections de 2011. Le plus important : son leadership sur les autres partis d’opposition.
Aujourd’hui ce sont le MLC et l’UNC qui tirent la caravane des autres partis et qui sont aux avant-postes de la contestation. En janvier 2015, au plus fort des manifestations contre la loi électorale, l’UDPS n’avait pas appelé à manifester et s’était « réveillée » trois jours après le début du mouvement voyant que la contestation prenait de l’ampleur.
Aujourd’hui encore, l’UDPS joue en solo » en s’engageant dans un dialogue risqué avec Joseph Kabila et en refusant encore une fois de se joindre aux autres partis dans la prochaine manifestation prévue le 15 septembre à Kinshasa. Félix Tshisekedi avait choisi de se démarquer du reste de l’opposition en prenant les rênes du parti. Pour le moment… c’est très réussi.
Un an déjà en Europe !
Vive polémique l’an dernier autour du départ du leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi wa Mulumba, à Bruxelles en Belgique. Son voyage avait finalement eu lieu le samedi 16 août exactement. Malade ou pas malade ? Pourquoi un avion médicalisé alors ? A l’époque, la polémique se portait bien en tout cas.
Car, si plusieurs sources dignes de foi indiquaient qu’il était effectivement malade et qu’il devait être évacué vers le royaume de Belgique pour recevoir des soins appropriés, ses partisans ne cessaient de claironner que le » lider maximo » de l’UDPS se portait comme un charme et qu’il ne s’agissait que de petits bobos et qu’il allait rapidement regagner Kinshasa.
Mais, qu’en est-il aujourd’hui ? Un an après son voyage en Belgique, Etienne Tshisekedi ne semble toujours pas prêt à regagner la capitale congolaise. Même si on déclare déjà imminent son retour à Kinshasa pour participer aux travaux du dialogue. Même là où, après son arrivée à Bruxelles, on prétendait qu’il allait rapidement reprendre ses activités politiques, le » lider maximo » ne semble pas se porter comme un charme. Ce qui tend d’ailleurs à démontrer que contrairement aux différentes annonces, le lieder maximo a bel et bien des problèmes de santé jusqu’à ce jour. Son état de santé demeurerait préoccupant au point qu’il soit contraint de rester encore près de ses médecins pour le suivi. Ce qui, somme toute, n’a rien d’anormal.
C’est hier dimanche 16 août 2015 que Tshisekedi a totalisé un an complet en Belgique. Lors de sa dernière sortie médiatique, tout indiquait que le plus vieil opposant congolais, l’homme qui a largement contribué dans la lutte à l’avènement de la démocratie en RDC, n’était pas sorti de l’auberge. Ce qui demeure compréhensible avec le poids de son âge.
Le repos auquel il a droit à Bruxelles se justifie énormément, selon FORUM DES AS. Car, Etienne Tshisekedi a tout donné et pendant quelques décennies. On ne peut pas lui demander de continuer avec la même vitesse qu’à l’époque. Il a déjà fait ses preuves et exercé plusieurs fonctions depuis septembre 1960. Député, ministre et Premier ministre, il l’a été. Son curriculum vitae est bel et bien rempli.
Il ne manque à ce » CV » que les fonctions de président de la République qu’il aurait pu exercer si les résultats de la présidentielle 2011 l’avaient proclamé vainqueur. D’ailleurs, tout compte fait, c’est à trois reprises qu’il a été porté à la Primature. La première fois, c’était fin septembre 1991 à l’issue des négociations du Palais de marbre I. Il fut révoqué quelques jours seulement après pour avoir biffé les mentions de son serment.
Par la suite, c’est en août 1992 qu’il sera élu à la Conférence nationale souveraine. Enfin, c’est en avril 1997 qu’il fut encore nommé au poste de Premier ministre. Mais, dès sa première conférence de presse, il révoqua la classe politique et le Parlement, rendant ainsi caduque sa propre nomination.