Dans une déclaration publiée le 09 novembre dernier à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU invite la RD Congo et ses partenaires nationaux à «veiller à ce que les élections se déroulent sans encombre dans les délais prévus, en particulier, s’agissant des élections présidentielle et législatives qui doivent se tenir conformément à la Constitution, en novembre 2016».
Pour le Gouvernement congolais, il s’agit d’un non-événement lorsqu’on sait que sa détermination a toujours été celle d’organiser les élections dans les délais constitutionnels et non le contraire. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’un dialogue sera incessamment convoqué, pour arrêter de façon inclusive un calendrier électoral réaliste. En plus, il est prévu des ressources suffisantes dans le budget 2016, évaluées à plus de 500 milliards de FC.
C’est avec raison que le Gouvernement de la République, à travers son porte-parole, Lambert Mende Omalanga, a qualifié de « non événement » la déclaration publiée lundi 09 novembre à New York, par le Conseil de sécurité, qui se dit préoccupé par les tensions politiques en Rd Congo.
Dans ce document largement commenté hier dans la presse kinoise, le Conseil de sécurité de l’ONU invite le gouvernement de la RDC et ses partenaires nationaux à «veiller à ce que les élections se déroulent sans encombre dans les délais prévus, en particulier, s’agissant des élections présidentielle et législatives qui doivent se tenir conformément à la Constitution, en novembre 2016».
A lire de près ce qu’il convient de qualifier de « conditionnalités » du Conseil de sécurité de l’ONU, il s’avère que la Rd Congo n’est pas en marge. Dans cet ordre d’idée, tout est fait pour permettre aux Congolais d’aller au vote dans les délais. Toutefois, cette volonté du Gouvernement était conditionnée par la mobilisation de l’argent nécessaire.
Et c’est à cette condition que le Premier ministre a répondu à l’Assemblée nationale, lorsqu’il présentait le budget pour l’exercice 2016, pour dire que s’agissant du financement des élections, il est prévu des ressources suffisantes dans le budget, évaluées à 537,8 milliards de FC, soit 500 milliards sur ressources propres et 37,8 milliards sur ressources extérieures.
Toutefois, des efforts devront être conjugués pour la maîtrise des coûts et le respect des procédures de passation de marchés.
Au lendemain du discours du Premier ministre Matata Ponyo au Parlement, nombreux sont les membres de l’Opposition qui ont félicité le Gouvernement parce qu’à leurs yeux, il s’agit d’un montant réaliste et qui peut couvrir toutes les élections.
Il est donc étonnant que le Conseil de sécurité donne l’impression de voir rouge, là où le Gouvernement de la République voit blanc.
C’est tout à fait normal pour le Conseil de sécurité de demander au Gouvernement et aux parties concernées de «… veiller à ce que les élections soient libres, justes, crédibles, inclusives, transparentes et pacifiques et qu’elles respectent le calendrier prévu par la Constitution congolaise, afin de poser les bases d’une stabilité et d’un développement durables.»
Et ce, parce que les élections exigent la contribution, voire la participation de tout le monde. Et c’est aux Congolais et à eux seuls de décider de ce qu’ils veulent faire de leur pays ; et, dans cet ordre d’idée, tout appui des partenaires ne pourrait qu’être le bienvenu.
Pas d’intégration du M23 dans l’armée
Dans la même déclaration, le Conseil de sécurité a aussi noté que la situation sécuritaire s’est quelque peu améliorée dans l’Est de la RDC, au cours des 14 dernières années. Mais, il reste néanmoins préoccupé par « la crise humanitaire et par les activités déstabilisatrices des groupes armés tant nationaux qu’étrangers ». Comme solution, le Conseil de sécurité appelle à la reprise immédiate d’une coopération totale entre les forces armées de la RDC et la Brigade d’intervention ainsi que l’ensemble de la Monusco, notamment dans la traque contre les rebelles rwandais des FDLR.
Ici, il est permis d’insister sur le fait que l’opinion ne doit pas tomber dans le piège du Conseil de sécurité, qui se permet de déconsidérer une décision souveraine prise par un Etat. En effet, c’est la Rd Congo qui a décidé, au regard de ce qu’elle a constaté sur le terrain, que la coopération avec la MONUSCO devait connaître une pause, en ce qui concerne la traque des FDLR. Cette coopération n’a pas connu le même sort, s’agissant de la traque des ADF-NALU, par exemple. Sinon, qu’est-ce qui justifierait la résurgence des rebelles ougandais des ADF-NALU pendant que la MONUSCO appuie les FARDC dans le territoire de Beni, province du Nord-Kivu ?
Sinon, la MONUSCO a du mal à faire sa propre évaluation en ce qui concerne la présence des troupes de l’ONU en Rd Congo, surtout la Brigade spéciale d’intervention. C’est vrai, celle-ci a aidé les FARDC à déloger les ex-M23 encastrés dans leur bastion de Tchanzu. Mais tout juste après cette opération, la population est en droit de se demander, où est passée la Brigade ? Son mandat a-t-il changé ?
Ceci, parce que partout ailleurs, l’on raconte que la MONUSCO en Rd Congo demeure une force de l’ONU qualifiée de budgétivore. Mais l’on oublie de quelquefois analyser l’efficacité de ces forces sur terrain, même si personne ne peut aujourd’hui dénier le rôle que joue cette force de maintien de la paix au pays de Joseph Kabila.
La même déclaration renseigne que, préoccupé par la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, le Conseil de sécurité demande à toutes les parties, y compris les chefs de l’ex-M23, de coopérer pleinement pour accélérer le rapatriement et la réintégration des combattants de l’ex-M23 se trouvant toujours en Ouganda et au Rwanda, et de participer aux mécanismes de mise en œuvre des déclarations de Nairobi.
Une confusion risque vite de s’introduire dans la tête de chaque lecteur, qui serait surpris de rencontrer le mot « réintégration », dans cette déclaration. S’il s’agit d’une réintégration dans la vie civile, personne ne peut s’y opposer, d’autant plus que la plupart de ces rebelles bénéficient des avantages de la loi sur l’amnistie. Mais l’opinion ne devrait pas penser qu’il s’agisse de réintégration au sein des FARDC, lorsqu’on sait que cette expérience n’a pas profité au pays. Au contraire, des éléments déstabilisateurs ont été introduits au sein des FARDC, avec toutes les conséquences que l’on connait.
Pour l’instant, la Rd Congo attend que la communauté internationale contribue vraisemblablement au financement des élections. Et ce, à l’instar des Etats-Unis d’Amérique qui avaient déjà annoncé, pour leur part, vingt (20) millions de dollars Us. Des discours ou des déclarations, l’on n’en a déjà entendu, et le temps semble être venu pour que l’on passe décidément à l’action.
Via L’Avenir