Déplacement de populations en RDC: une note d’Ocha laisse craindre le pire

La communauté humanitaire est inquiète de la multiplication des déplacements de populations, notamment suite à des opérations militaires en République démocratique du Congo. Ces dernières semaines, elle a déjà exprimé son inquiétude sur des déplacements de population au Sud-Kivu et dans le Tanganyika, notamment dans la foulée des opérations contre les Maï-Maï Yakutumba, plusieurs dizaines de milliers de déplacés internes et des milliers d’autres réfugiés dans les pays voisins du Congo. L’armée congolaise s’est félicitée de ses bons résultats vendredi, elle a affirmé avoir capturé 120 rebelles et en avoir tué des dizaines d’autres. Une note confidentielle du bureau des affaires humanitaires de l’ONU en RDC s’est focalisée sur ces défis humanitaires posés par les opérations lancées par l’armée congolaise plus au nord, dans les territoires de Beni et Butembo où sévissent de présumés ADF et d’autres groupes Maï-Maï. Ces opérations ont commencé le 13 janvier et selon Ocha, elles pourraient contraindre au déplacement cette fois jusqu’à 370 000 personnes cette année.
C’était une note pour alerter qui n’avait pas vocation à être rendue publique, c’est ce qu’on apprend de sources onusiennes. Régulièrement, Ocha alerte sur de possibles déplacements de population. Des projections sur la base d’expériences passées, d’opérations similaires dans les mêmes zones… Ces chiffres restent donc des estimations pour permettre aux organisations humanitaires d’être prêtes à répondre aux besoins des populations.

Justement, selon Ocha, 369 500 personnes habitant dans les territoires de Beni et de Butembo pourraient avoir besoin d’assistance humanitaire dans les prochains mois, parce qu’elles seraient susceptibles de se déplacer à cause des opérations militaires et des combats entre les groupes armés. Or ces deux territoires comptent déjà un demi-million de déplacés internes, pas de camps, ils sont tous dans des familles d’accueil dont la situation nutritionnelle est aussi difficile. En raison de l’insécurité, les populations de Beni-Butembo ont des difficultés à accéder à leurs champs et les populations vulnérables ont déjà besoin d’une aide alimentaire.

(RFI 10/02/18)