Elections à Yumbi : le gouvernement et la Monusco appellent à un report des scrutins dans le but d’eviter un faible taux de participation

Yumbi, dans la province du Mai-ndombe, est loin de se remettre des violences communautaires à la base de nombreuses fuites des populations qui se sont réfugiées dans les villages voisins et au Congo-Brazzaville. Conscient de cette réalité, le gouvernement propose que la Ceni repousse, de trois à quatre mois, les scrutins à Yumbi, dans l’attente du rapatriement des réfugiés par la RDC, le Congo et le HCR.

Le vice-premier ministre ai en charge de l’Intérieur, Basile Olongo, relayé par Actualité.cd, redoute une faible participation aux élections législatives nationales et provinciales à Yumbi. Se confiant à la presse, il a affirmé hier, mercredi 27 mars, qu’il souhaiterait voir les scrutins, prévus pour le dimanche 31 mars prochain, repoussés dans cette partie de la République démocratique du Congo.

« Le retour de nos compatriotes est timide. Si donc la Ceni tient à organiser les élections le 31, il y aura un faible taux de participation ». A quatre jours des élections prévues à Yumbi, au moins 80 % de la population ayant fui les troubles ne sont pas encore rentrés dans ce territoire, selon le vice-ministre de l’Intérieur Basile Olongo.

LA MONUSCO AUSSI SCEPTIQUE

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Le directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) Abdoul Aziz Thioye, s’est aussi prononcé hier au cours de sa conférence hebdomadaire sur le risque d’organiser les élections à Yumbi. Il a jugé la situation  »compliquée ».

« Organiser les élections dans les conditions actuelles à Yumbi, c’est un peu compliqué. Avec les fosses communes, les tombes individuelles, des maisons détruites, il y a une situation traumatique qui existe là, et vous avez aussi une bonne partie de la population qui a été déplacée », a-t-il avancé.

Abdoul Aziz Thioye souligne néanmoins que la décision de tenir les élections revient au Gouvernement congolais dans sa souveraineté. Nous sommes dans un pays souverain. C’est aux autorités de prendre la décision de tenir les élections. Je pense que c’est la décision qui a été prise.

Évidemment, si elles considèrent effectivement que les conditions ne sont pas réunies pour avoir les élections à Yumbi, il est dans le sens d’un apaisement des tensions entre les communautés parce que la perception sera très forte de la part d’une communauté de penser effectivement que les élections ont été organisées à son détriment, parce qu’elle a été la plus frappée en termes de déplacement que l’autre », note Abdoul Aziz Thioye.

DES MESURES DE SECURITE

Néanmoins, en ce qui est de la sécurisation des élections législatives nationales et provinciales prévues ce dimanche 31 mars dans les circonscriptions de Beni territoire, Beni ville, Butembo et Yumbi, la Monusco assure avoir pris des dispositions pour sécuriser le déroulement du scrutin.

Pour ce faire, renseigne la radio onusienne, la Monusco a formé près de 150 policiers pour sécuriser les élections à Beni. Ces agents ont appris des exercices techniques et tactiques et un rappel des règles de bonne conduite ainsi que d’éthique. Ils seront appuyés par les éléments des FARDC.

« En prévision des élections législatives partielles qui vont se tenir dimanche dans quatre circonscriptions électorales, la Monusco a pris des initiatives afin de sécuriser les scrutins. A Beni elle a organisé, en collaboration avec la Police nationale congolaise, une session de recyclage d’une semaine sur la sécurisation du processus électoral au profit de plus d’une centaine de policiers », a indiqué la Monusco.


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