En boudant le calendrier électoral: L’opposition veut retarder les élections

Elle a indiqué que ce processus est suspendu dans la province du Kasaï Central faute de candidatures

Le paysage politique congolais est dominé ces derniers temps par les avis divergents et même contradictoires sur le réalisme du calendrier électoral publié le 12 février 2015. L’opposition qui se singularise par des attaques violentes contre ce chronogramme ne se rend pas compte qu’elle est entrain de prolonger le séjour de son adversaire politique Joseph Kabila à la magistrature suprême. Car les concertations qu’elle réclame à hue et à dia auront pour effet final un glissement du mandat présidentiel pour des mois voire des années.

Les critiques de fond

Les critiques émises par l’opposition politique, la société civile et l’église catholique qui parle d’une voix singulière portent essentiellement sur deux griefs. Primo, le manque de consensus dans l’élaboration du calendrier électoral et secundo, la faiblesse du budget congolais pour dégager le milliard de dollars nécessaire pour l’organisation des élections.

Les opposants politiques et la société civile accusent la CENI d’avoir confectionné et publié  le calendrier électoral sans les consulter. Une exigence qui n’a aucun fondement constitutionnel. La loi électorale promulguée le même jeudi 12 février par le président de la République après le retrait d’un alinéa contesté à l’article 8 n’en fait pas obligation non plus comme d’ailleurs les lois électorales de 2005 et 2011.

En vérité, le Bureau de la CENI et son assemblée plénière sont composés des membres délégués par la majorité au pouvoir, l’opposition politique et la société civile qui en détient la présidence. Cette représentation tripartite en exergue dans les institutions politiques depuis la CNS vise à ce que chaque composante soit consultée en permanence à travers ses délégués lors du processus de prise de grandes décisions.

Bien plus, ces décisions de la CENI sont soumises au Parlement  et à la Cour constitutionnelle récemment mise sur pied pour aval avant leur exécution. Ainsi demander au bureau de la CENI de consulter les composantes relève d’un double emploi qui donnerait cours plus à des contestations stériles qu’à des avis techniques motivés. Les Congolais gardent fraîches à la mémoire les contestations monstres autour du serveur de la CENI qui accouchèrent d’une souris en 2011.

Quand au budget que d’aucuns jugent irréaliste, c’est oublier que ce n’est pas le gouvernement congolais qui en prendra seul toute la charge. A ce propos justement, les partenaires électoraux de la RDC réclamaient tous la publication du calendrier « intégral et global » du cycle électoral 2015-2016 pour déterminer et libérer leur participation. Russ Feingold, l’envoyé spécial du Président des Etats-Unis, qui séjournait à Kinshasa début février 2015 martelait que « le manque d’argent ne pouvait pas justifier le report des élections de 2016 » en citant une somme de 20 millions de dollars disponibilisés par son pays à cette fin.

Le chat et la souris

A la minute présente, les opposants qui marchaient pour obtenir la publication du calendrier électoral et la loi électorale ont les deux outils en mains. L’important pour ceux qui veulent succéder à l’actuelle majorité aux affaires est de proposer des correctifs concrets à l’Assemblée nationale sur le calendrier et surtout de pousser la CENI à le respecter.

Les opposants politiques qui annoncent avec fierté leur invitation aux Etats-Unis pour consultation ont tout intérêt à insister pour que les Américains les aident à faire passer les corrections techniques qui s’imposent et aussi à élever leur participation financière pour enlever tout prétexte au pouvoir en place d’aller au glissement de mandat. Alassane Ouattara qui visait le fauteuil de Laurent GBAGBO en Côte d’Ivoire avait su trouver des garde-fous pour aller aux élections et remporter alors que c’était son adversaire qui les organisait.

Si l’opposition s’amuse à pousser aveuglement la contestation du calendrier électoral, c’est à un jeu du chat et de la souris qu’elle inviterait Joseph Kabila. Le comportement qu’affichent les opposants politiques aujourd’hui est identique à celui de 1990 face au Maréchal Mobutu. A cette époque Mobutu se servit de leurs contestations dominées plus par la haine et la cupidité que par la raison pour demeurer 7 ans de plus au pouvoir. Le jeu politique d’alors consistait à nommer chaque fois un nouveau Premier ministre « issu d’une famille politique autre que celle du chef de l’Etat » pour organiser des élections qui ne venaient jamais !

Les opposants veulent un dialogue pour trouver un consensus sur le calendrier? Le pouvoir leur en offrira un…le plus tardivement possible pour produire « consensuellement » un calendrier dont les opérations électorales seront programmées avec une année de retard ou plus sur les délais constitutionnels.

En conclusion, les opposants doivent retenir qu’attirer Joseph Kabila hors de la Constitution par des manœuvres dilatoires pour obtenir des per diem et des postes ministériels (à l’instar des ténors du MLC et de l’Opposition républicaine siégeant au gouvernement actuel) ne leur sera profitable qu’à court terme. Le Président actuel ne cédera son fauteuil qu’à un successeur élu, même si ces élections sont indéfiniment retardées par les candidats à sa succession.

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