La sagesse renseigne qu’un feu de paille négligé peut conduire à un incendie capable d’embraser des milliers d’hectares sans compter toutes les conséquences qui s’ensuivent sur les plans humain, environnemental et économique. Ce feu de paille en Rd-Congo risque de franchir le Rubicon et empêcher la tenue d’élections générales en décembre 2023. Il s’agit de l’escalade verbale entre les partis politiques dont les militants développent au vu et au su des autorités établies l’intolérance politique.
Il n’est plus bon faire la politique en République démocratique du Congo. Tant les règles du jeu démocratique sont foulées au pied sans que personne ne s’en émeuve. Les hors-la-loi font la loi, mieux, ils dictent leur propre loi. A la base de cet état des choses, la non intériorisation des notions tels l’Etat de droit, la démocratie, la prééminence de la loi sur tout citoyen quelle que soit sa position sociale. Il est vrai que les actes enregistrés ces derniers jours ne sont pas nouveaux parce qu’ils ont illustré tous les régimes qui se sont succédé dans cette République qui se veut démocratique mais tarde toujours à y parvenir. La part de responsabilité de cet exercice malheureux incombe aux partis politiques. Les militants ou combattants, les cadres ou simples membres adhérents ou sympathisants ne justifient pas de leur culture politique. Ils se lancent en politique comme ils le feraient dans n’importe quelle activité lucrative. Les meetings ou autres matinées politiques sont transformés en
tribune d’incitation à l’intolérance. « Ou tu es avec nous ou tu es contre nous ! ». Déduction logique reste la suivante : « ou tu t’effaces ou on t’efface ». En termes très simples, accéder au pouvoir signifie devenir tout-puissant, inattaquable, obligeant le reste de la classe politique à faire allégeance si elle ne veut en prison ou en exil. Cette approche est si abrutissante qu’elle une classe de courtisans ou applaudisseurs irréductibles. Tout ce que fait leur leader est rose, louable et ne mérite pas la moindre critique. Que dire alors de l’existence d’une opposition dans un régime démocratique. Puisqu’ils ne veulent pas entendre un autre son de cloche, ces courtisans se transforment facilement en Intifada et peuvent décréter quand ils le veulent une fatwa à l’endroit d’un homme politique qui ne compose pas avec leur leader. Le constat amer est que les régimes mais les méthodes de gouvernance demeurent les mêmes. Souvent, cela commence par des menaces verbales pour intimider l’adversaire avant de passer aux actes de vandalisme. Deux cas pour illustrer notre argumentaire. Vrais ou faux communicateurs de l’Udps et de l’Union sacrée de la nation, des individus bien identifiés à travers les réseaux sociaux s’en sont pris à des personnes qui ont « osé » annoncer leur candidature à l’élection présidentielle de 2023. Des insultes et un langage ordurier ont été proférés, entre autres, à Jean -Marc Kabund, Moise Katumbi, Denis Mukwege et Delly Sessanga. Comme au bon vieux temps de la kabilie, ces combattants d’une autre époque ont, à Lubumbashi, projeté une marche punitive à l’encontre du leader de Ensemble pour la république dont le péché est d’être le seul candidat sérieux face à Fatshi à la présidentielle de 2023. Dieu merci, dit-on, le pire a été évité grâce à la perspicacité de Mme le maire de Lubumbashi car les katumbistes n’entendaient pas se laisser faire et s’apprêtaient à affronter leurs adversaires improvisés. Par contre, à Kinshasa les warriors de l’Udps ont attaqué un immeuble appartenant à leur ancien président, basculé depuis dans l’opposition. Encore une fois, les dégâts ont été limités car, renseigne- t-on , il n’y a pas eu mort d’homme. Il semble que la maison a été désertée par ses habitants avant l’irruption de la horde des hors-la-loi. Ces faits peuvent être interprétés selon le bord où l’on se trouve, toutefois, ce sont des signes avant coureurs de ce que sera la campagne électorale l’année prochaine. 2023 sera sous haute tension si l’on y prend garde.
LR