Un an après la mort des deux experts de l’ONU, Zaida Catalán et Michael Sharp dans le Kasaï, un de leurs collègues dénonce les erreurs commises dans la première enquête conduite par les Nations unies.
Que s’est-il réellement passé ce 12 mars 2017, près de Bunkonde, en République démocratique du Congo ? Un an après les faits, la lumière n’a toujours pas été faite sur l’assassinat de Zaida Catalán et Michael Sharp, deux membres du groupe d’experts des Nations unies qui enquêtaient sur la crise au Kasaï – leurs trois accompagnateurs congolais, Betu Tshintela, Isaac Kabuayi et Pascal Nzala, n’ont à ce jour pas été retrouvés.
Depuis le 5 juin dernier, une dizaine de miliciens Kamuina Nsapu comparaissent devant le tribunal de Kananga. Pour la justice militaire congolaise, ce sont eux qui auraient tué les deux experts. Une thèse contestée par une enquête menée par RFI et Reuters, selon laquelle Zaida Catalán et Michael Sharp pourraient être tombés dans un guet-apens tendu par les services secrets congolais.
« Erreurs » et « errements »
Ce n’est en tout cas pas la commission d’enquête diligentée par les Nations unies qui permet d’y voir plus clair. Dans un article publié sur son blog le 12 mars, à l’occasion de la date anniversaire de la mort des deux experts onusiens, Christoph Vogel, l’un de leurs collègues, pointe les manquements de ses conclusions finales rendues en août 2017, un rapport sensé être confidentiel qui a depuis fuité. Point par point, Christoph Vogel souligne les « erreurs » et les « errements » de cette enquête onusienne interne. Des « failles » étonnantes qui interrogent ainsi sur le sérieux de ce rapport.
Le compte rendu de cette commission d’enquête, procédure systématique de l’ONU déclenchée en cas d’« incident », a ainsi été réalisé à la « va-vite », selon lui, et s’est appuyé sur des sources souvent indirectes et des informations qui n’étaient parfois pas recoupées. En outre, la commission tend à discréditer les experts, insinuant que Zaida Catalán et Michael Sharp manquaient d’expérience et n’avaient pas respecté les règles de sécurité imposées par l’ONU en RDC. Des allégations qui résultent notamment d’une défiance interne envers ces experts indépendants qui travaillent pour l’ONU, souvent surnommés « les cow-boys » dans les couleurs feutrées new-yorkaises.