Après avoir mordu la poussière sur le combat de la rue où son partenaire à la coalition s’est montré très populaire, le Fcc a mis le cap sur un terrain qu’il croit lui être favorable, à savoir Internet. Cet outil médiatique qui s’impose à tous a offert au camp de Joseph Kabila de mettre sur la place publique tout ce
qu’il a dans sa caboche mais aussi dans ses tripes et boyaux. Sans restriction ni censure. Quitte à l’internaute qui tombe sur leurs écrits de savoir démêler le faux du vrai tant la propagande lancée sur
les réseaux sociaux est enrobée dans un faux chocolat fondant.
Le fond du problème c’est que le Fcc/Pprd se sent en perte de vitesse face au Cach/Udps et se doit de mener une offensive de charme en direction de l’opinion aux fins de remettre en selle Joseph Kabila. Il s’agit pour le Fcc de démontrer que, quel que soit le cas de figure, il serait toujours possible pour
son autorité morale de casser toutes les barrières et se rendre éligible à l’élection présidentielle en 2023. Pour ce faire, tous les brailleurs et autres grandes ont été mis à contribution pour atteindre cet objectif qui devient une question de vie ou de mort. D’ailleurs, on le voit déjà, tous ceux qui se disent ou se
croient intellectuels, juristes, politologues, psychologues ou philosophes rivalisent d’ardeur dans les medias. Ils ne se gênent pas de dire à quiconque veut les entendre qu’ils ont l’apanage de la meilleure interprétation des dispositions constitutionnelles.
Toutefois, s’étant cassé les dents au cours des débats sur cette matière, le Fcc a planifié une révision constitutionnelle en comptant le moment venu sur sa majorité parlementaire. Ce que la Cenco avait vite compris et s’était empressée de mettre en garde tous les élus du peuple en leur demandant de
« veiller à ce que la majorité au parlement n’abuse de sa supériorité numérique pour faire voter des lois peu favorables au progrès de la démocratie ». Les évêques catholiques estiment également que « la loi de la majorité n’est pas nécessairement synonyme de vérité ou de raison ni de garantie de cohésion sociale ». Et d’enfoncer le clou : « Une majorité parlementaire, si légale soit-elle, perd sa légitimité quand elle est déconnectée des intérêts et du bien-être du peuple ».
Le Fcc/Pprd a-t-il entendu ou compris cet appel pathétique du prélat ? Difficile à dire quand on lit l’avalanche de leurs élucubrations sur la toile. Entêtement quand tu nous prends ! « Avec l’effectivité de son statut de sénateur à vie, Joseph Kabila a bouclé la boucle du processus démocratique qu’il a entamé avec la promulgation de la constitution en 2006 », écrit sur son tweet Kikaya Bin Karubi . Comme tout flatteur inveteré,notre professeur d’université poursuit en s’interrogeant : « Et après ? ». Luimême répond : « Tout est permis ! ». Courtisan ès politique, il se permet une digression à la fin de son texte
en prétextant que « coincer Kabila c’est neutraliser Tshisekedi ». Déplorable mais aussi marrant car il
s’imagine qu’il serait facile de lier le sort du chef de l’Etat en fonction à celui d’un homme dont la voie à la magistrature suprême est verrouillée par la constitution qui fait de ce dernier un sénateur à vie.
Le Fcc_Pprd est dans le firmament. Il serait vraiment laborieux de ramener les courtisans de Joseph Kabila sur terre. D’autant qu’ils considèrent leur autorité morale comme un dieu. « Le retour de Joseph Kabila n’est pas un slogan c’est une réalité. Il va retourner au pouvoir et nous sommes en train d’y travailler. Toute la population attend cela avec impatience», a déclaré pour sa part Claude Nyamugabo devant une foule médusée du Pprd à Kolwezi. Y travailler, c’est bien ce que Ngoyi Kasanji a annoncé en dévoilant un pan de la révision que prépare sa famille politique au cours de cette rentrée parlementaire. Il s’agit de voter une disposition qui permettrait aux parlementaires d’élire désormais le président de la République. Un piège à con qui ne peut pas passer dans l’opinion laquelle n’est pas dupe :
le Fcc est majoritaire au parlement et il compte sur cette supériorité numérique pour faire passer une loi démocratique. Mon œil ! Il s’agit d’une pilule amère qui ne passera pas, aux dires du Cach/Udps
qui les attend au tournant.
Comme on peut le constater, tant Felix Tshisekedi et Joseph Kabila ne se seront pas rencontrés pour fixer l’opinion tout pourrait arriver. Et la Cenco, qui se veut berger du peuple de Dieu, a compris ce qui se mijote dans les deux camps au pouvoir. Aussi a-t-elle demandé « au peuple de demeurer vigilant
pour barrer la route à toute majorité ou minorité qui tenterait de prendre en otage notre pays et notre avenir par des subterfuges politiciens dilatoires »
A lire dans le numéro 1050 du Quotidien La Republique