Tout est bien qui finit bien. Les consultations initiées par le chef de l’Etat sont arrivées à leur terme hier mardi. Comme souhaité, toutes les catégories sociopolitiques représentatives de la nation congolaise ont échangé avec le président Félix Tshisekedi Tshilombo de qui il est attendu dans les tout prochains jours un discours de conviction, mieux un discours porteur de nouveaux espoirs après la crise due à la coalition Fcc-Cach qui a failli remettre en cause les acquis du processus démocratique en RDC. L’attente oscille entre un discours coupe gorge et un discours de conviction.
Pendant près d’un mois, ils ont défilé au Palais de la Nation pour répondre à l’invitation du président de la République dans le cadre des consultations nationales initiées par ce dernier afin de recueillir les avis des Congolais dans leur diversité sur la manière d’endiguer la crise qui frappe de plein fouet tous les domaines de la vie nationale. Aucune catégorie sociopolitique n’a été ignorée. Tous ont répondu présents, sauf, bien entendu « le fils de la perdition ». La tendance générale qui s’est dégagée est celle qui privilégie la fin du mariage Fcc-Cach pour incompatibilité de visions politiques et de divergence sur la manière de conduire les affaires de l’Etat. C’est le constat fait par tous, y compris les partenaires à la coalition au pouvoir eux-mêmes. Le comportement de ces derniers a démontré au fil des jours qu’ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre. Tout les séparait, malgré le forcing qu’ils avaient effectué pour vivre ensemble.
Alors que le Cach disait détenir le pouvoir d’Etat, le Fcc pour sa part alléguait avoir cédé la magistrature suprême au Cach sous le couvert d’un accord dont le vrai contenu n’a jamais été connu du public. Les quelques bribes mises sur la place publique par le Fcc au plus fort de la crise n’ont pas été corroborées par le Cach qui a continué à crier à la mauvaise foi de son partenaire. De l’escalade verbale, le Fcc et le Cach en sont aux affrontements dans la rue à telle enseigne que l’opinion ne savait plus distinguer qui est au pouvoir qui est dans l’opposition. D’autant que la vraie opposition était confinée dans le rôle de spectateur, la coalition au pouvoir ne se faisant aucun quartier. Ce jeu de yoyo de mauvais goût avait fini par lasser tout le monde car le régime, apparemment, n’avait pas de soucis du sort du souverain primaire.
Les peaux de banane, les bâtons dans les roues du Cach, les accusations mutuelles de trahison , voire haute trahison, ont fini par pousser contre le mur la coalition au pouvoir. Il faut dire que c’est cette exhibition des biceps de part et d’autre qui a inspiré à Fatshi les consultations nationales qui ont permis une pause à cette guérilla au sein du pouvoir qui a franchi les frontières nationales. Les pays voisins, les organisations sous régionales et même les Nations Unies ont été impliqués d’une manière ou d’une autre pour départager de grands garçons incapables de résoudre leurs querelles en interne. L’exercice a été fastidieux, mais il a permis à l’initiateur des consultations de se faire une religion de ce que veut la majorité des Congolais. Les plus volubiles parmi les consultés n’ont mis leur langue dans la poche en révélant les propositions faites au chef de l’Etat , les autres tels Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République et Jean Pierre Bemba, président du Mlc (Mouvement de libération du Congo) s’étaient gardés de déclarations intempestives devant la presse à la sortie de l’audience, préférant laisser au chef de l’Etat la primeur du condensé de toutes les propositions enregistrées de même que l’annonce des décisions devant en découler. Désormais, l’attention est focalisée sur la présidence de la République. L’opinion se perd en conjectures. Quelle posture Fatshi va-t-il prendre ? Va-t-il mettre fin à la coalition en dissolvant l’Assemblée nationale ou alors poursuivre le deal sous forme de cohabitation comme le souhaitent certains caciques du Fcc ? L’opinion nationale et internationale sera bientôt éclairée lors de la nouvelle adresse de Fatshi à la nation. A l’occasion, soutiennent d’aucuns, les Congolais seront également fixés sur ce que le président de la République entend par « Union sacrée de la nation », un concept qui rappelle de souvenirs dans la lutte pour l’instauration de la démocratie.
LR