Le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba continue les consultations commencées depuis le week-end dernier en vue de la formation prochaine de son équipe à nommer par le chef de l’État. Des ambitions qui ne cessent de s’exprimer au sens de la majorité ne lui rendent pas la tâche facile.
Les consultations amorcées depuis la semaine dernière par Sylvestre Ilunkamba se poursuivent. Le Premier ministre est désormais au centre des attentions et des sollicitations vu que c’est lui qui, en dernier ressort, décidera du choix des personnes avec lesquelles il voudrait travailler, quand bien même l’influence de l’autorité morale de son regroupement politique, le FCC, est à prendre en compte. Chaque jour se relaient dans son cabinet des délégués des partis et regroupements politiques mais aussi des indépendants, tous en quête des postes ministériels. Dans un gouvernement éléphantesque de soixante-cinq membres, chacun veut saisir l’opportunité d’y participer.
Pour l’heure, il s’agit d’identifier les futurs membres du gouvernement en apposant sur chaque portefeuille un nom. La structure étant déjà connue, il appartient aux deux forces politiques de la coalition gouvernementale, en l’occurrence le FCC et le Cach, de désigner, chacun, leurs représentants au gouvernement. D’après des indiscrétions, les deux composantes sont astreintes à proposer pour chaque poste, trois noms assortis de leurs CV détaillés. En fait, le Premier ministre chercherait à avoir une marge de manœuvre suffisante pour opérer le bon choix en misant sur les compétences des requérants, mais aussi sur leur intégrité et probité morale.
L’exercice n’est pas du tout facile au regard des ambitions qui ne cessent de s’exprimer tant du côté du FCC que du Cach. De part et d’autres des voix s’élèvent pour revendiquer des postes. Fort du nombre des parlementaires membres de son regroupement politique (AFDC-Alliés) tant au Sénat, aux Assemblées provinciales qu’à l’Assemblée nationale, Modeste Bahati ne cesse de revendiquer une vice-Primature, un ministère d’État, un ministère et un vice-ministère. Se considérant comme la troisième force politique à part entière au sein de la majorité après le FCC et le Cach, l’AFDC-A veut avoir droit au chapitre dans le partage. Il est suivi par d’autres partis et regroupements de la « Kabilie » qui, refusant d’être traités comme une portion congrue, tiennent eux aussi à avoir leur part du gâteau. À la fin, il a été acté que la désignation se fera conformément à deux principes de base, à savoir le poids politique et la solidarité entre membres.
Côté Cach, c’est Tryphon Kin-kiey Mulumba, un de ses cadres, qui a créé dernièrement la sensation en réclamant quelques portefeuilles en reconnaissance au coup de pouce donné à Félix Tshisekedi pendant la campagne électorale en attirant vers lui l’électorat du Grand Ouest. Depuis, l’homme se présente comme étant la « deuxième personnalité » de la coalition Cach et, de ce fait, estime avoir droit au chapitre. « Malgré diffamations, intimidations, menaces d’exil et de mort, seules des convictions profondes ancrées dans une vision de sauver la nation, l’ont déterminé, fait maintenir et réaffirmer le cap Fatshi sur lequel très peu au sein de la classe politique au Congo et ailleurs ne pariait gros après le clash de Genève, ignorant les réalités de ce pays immense, convictions défendues déjà, en temps et en heure, au sein des réunions du bureau politique de l’ex-majorité présidentielle », ont écrit ses partisans dans un récent communiqué.
Entre-temps, il y a le cas de l’UNC de Vital Kamerhe à gérer. Le parti du directeur de cabinet du chef de l’État réclamerait, selon des sources, une part trop grande proportionnelle à la contribution de son mentor à l‘accession de Félix Tshisekedi au pouvoir. L’accord de Nairobi conclu entre les deux hommes donnerait quelques indications sur ce que devra être la représentation de l’UNC au gouvernement, dit-on. Mais le Cach n’ayant pas remporté les législatives, l’UNC est tenue de revoir ses ambitions à la baisse et tenir compte de la présence au sein de la plate-forme et de l’UDPS, et d’autres alliés qui, eux aussi, ont des appétences à exprimer. Dans la foulée, le Rassemblement des démocrates tshisekedistes est monté au créneau et veut des postes correspondant à son poids politique, soit au moins huit députés provinciaux, un sénateur, deux ministres, etc. « Nous nous battons pour qu’au moment du partage au niveau des institutions de la République, le RDT soit suffisamment représenté. Cela est un combat d’équité, de moralité et de bon sens », dixit le leader de ce regroupement politique affilié au Cach.
Le 15 août est la date initialement fixée pour la publication du gouvernement. Mais à l’allure où vont les tractations, rien n’est sûr. D’autant plus qu’au FCC et au Cach, les violons sont loin de s’accorder sur le choix des animateurs des différents portefeuilles. Aux ambitions déjà difficiles à gérer, il y a aussi les humeurs et les frustrations qu’il faut savoir contenir pour éviter de fissurer ces alliances de circonstance créées à l’époque pour des besoins électoralistes.