La fosse commune de Maluku, cette tombe collective où 421 corps ont été enterré le 19 mars à 80 km du centre-ville de Kinshasa, refait parler d’elle.
Deux mois après l’ouverture d’une enquête par les autorités congolaises, l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch relaie l’appel de 34 familles qui demandent aux autorités de bien vouloir exhumer cette fosse commune, afin de vérifier si les corps de leurs proches tués ou portés disparus en novembre et janvier dernier y sont enterrés.
« Nous exigeons qu’il y ait une enquête indépendante et crédible sur la fosse commune de Maluku, sans les interférences politiques et avec la participation d’enquêteurs et d’experts internationaux et indépendants qui exhumeront les cadavres et feront des tests ADN ».
C’est ce qu’écrivent les 34 familles dans leur plainte publique déposée vendredi dernier, le 5 juin, au procureur de la République.
Douze d’entre elles ont perdu un de leur proche après les manifestations de janvier, 26 après l’opération Likofi de lutte contre la délinquance qui a eu lieu fin 2013 à Kinshasa.
Mais à ce jour, aucune de ces familles n’a pu récupérer de corps. L’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a donc décidé de relayer leur appel à exhumer.
Ida Sawyer est chercheuse au sein de l’ONG : « jusqu’à aujourd’hui, la lumière n’a pas été faite sur qui exactement est enterré dans la fosse donc on pense que c’est urgent que les autorités congolaises donnent des réponses à ces familles et nous éclairent sur qui exactement est enterré dans la fosse. »
Car si les autorités ont toujours affirmé que les dépouilles étaient celles d’indigents, dont les familles n’avaient pas les moyens de financer un enterrement classique.
Deux mois après le début de l’enquête, aucune identité de ces 421 personnes n’a été rendue publique. Reste que pour le porte-parole du gouvernement, Lambert Mendé, cet appel à exhumer est un abus de pouvoir.
« Nous rejetons cette prétention de Human Rights Watch à se substituer au magistrat qui est chargé du dossier.
Et je répète ce que le gouvernement a dit : si le magistrat estime que l’exhumation est nécessaire, le magistrat le demandera. Mais il n’appartient pas à Human Rights Watch de se substituer à nos institutions. »
Des institutions qui, dès le 3 avril, avaient affirmé publiquement que s’il y avait le moindre doute sur l’identité de certains corps, ils seraient exhumés.
Le procureur en charge de l’enquête a confirmé avoir reçu mi-mai déjà une dizaine de demandes d’exhumation. Mais les vérifications sur la véracité de ces disparitions seraient toujours en cours.
L’Union européenne, l’ONU, l’opposition et plus récemment le secrétaire d’Etat adjoint aux droits de l’homme, l’Américain Tom Malinowski, ont également appelé à ce que les corps soient exhumés. Sans succès pour le moment.