Le chanteur a été relaxé d’agressions sexuelles « au bénéfice du doute », a expliqué la présidente de la 7e chambre correctionnelle de la cour d’appel de Versailles, lundi.
Revirement en appel : Koffi Olomidé, star de la rumba congolaise, a été relaxé, lundi 13 décembre, des chefs d’accusation d’agressions sexuelles sur quatre de ses anciennes danseuses, mais condamné à dix-huit mois d’emprisonnement (avec sursis probatoire de trois ans) pour les avoir séquestrées lors de ses tournées en France. En première instance, en 2019, le tribunal de Nanterre l’avait condamné à deux ans de prison avec sursis pour « atteinte sexuelle » sur l’une des jeunes femmes, déclarée mineure au moment des faits, et l’avait relaxé des poursuites concernant les trois autres. Le ministère public avait fait appel.
« Déclarations évolutives »
La relaxe quant aux agressions sexuelles est « prononcée au bénéfice du doute », a expliqué la présidente de la 7e chambre correctionnelle de la cour d’appel de Versailles, évoquant notamment des « déclarations évolutives, parfois contradictoires », des plaignantes. En revanche, leur séquestration est « établie sans aucun doute » : elles étaient « privées de toute liberté et surveillées de manière constante » par deux complices de Koffi Olomidé entre 2002 et 2006 dans un pavillon de banlieue parisienne, où des serrures avaient été installées sur les volets.
Les deux gardes congolais, Mbila Kakese, 45 ans, et Ogima Tsasa Nduka, 49 ans, ont été condamnés à six mois d’emprisonnement avec un sursis probatoire de trois ans pour « complicité de séquestration ».
Les plaignantes « seront nécessairement déçues sur l’infraction d’atteintes sexuelles, puisque c’était pour elles la chose la plus importante », a déclaré à l’issue du délibéré David Desgranges, qui représente trois des danseuses. « En revanche, la séquestration a été retenue », au contraire du jugement en première instance, « ce qui est une satisfaction », car les dommages et intérêts sont importants, selon l’avocat, qui n’envisage pas un pourvoi en cassation. Koffi Olomidé et ses deux complices doivent désormais verser de 10 000 à 32 000 euros de dommages et intérêts pour chaque danseuse
En ne retenant que la séquestration, la cour rappelle « l’absence de preuves » et prononce « une relaxe importante pour l’essentiel des accusations », s’est félicité auprès de l’Agence France-Presse Antoine Vey, qui défend la star aux côtés d’Emmanuel Marsigny. M. Olomidé « pourra désormais tourner la page de cette affaire qui le poursuivait depuis des années », a-t-il ajouté. Ce dernier, présent à son procès en octobre mais absent au délibéré, avait fustigé « des mensonges », « des récits concertés », un « complot » pour « casser [sa] carrière ».
Un « homme puissant »
Les quatre femmes congolaises, qui ont déposé plainte entre 2007 et 2013, accusaient Koffi Olomidé de les avoir enfermées dans un pavillon en banlieue parisienne et de les avoir forcées à avoir des relations sexuelles avec lui, de façon régulière pour certaines. « Ça s’est passé dans des hôtels, parfois dans la voiture (…), dans des studios d’enregistrement », avait témoigné l’une d’elles, en larmes, durant le procès.
Depuis, aucune n’est retournée au Congo, confiant à la barre « leur peur » des conséquences face à une star internationale qu’elles surnommaient avant l’affaire « le président ». L’une avait aussi déclaré avoir fait au moins une tentative de suicide.
L’arrêt rendu lundi par la cour est loin des attentes du parquet général, qui avait requis huit ans de prison contre le Franco-Congolais de 65 ans. Il demandait de revenir sur « le naufrage » du premier jugement et de reconnaître coupable cet « homme puissant », qui vit désormais en France.