Le président Joseph Kabila est rentré de Dakar où il a pris part au XVème Sommet de la Francophonie. Il y a prononcé un vibrant discours lors de passage de flambeau de la présidence tournante à son successeur, le Sénégalais Macky Sall. Dans une allocution qui a eu le mérite d’attirer l’attention soutenue de l’auditoire, à savoir la leçon magistrale de Kabila : « On ne remplace pas Abdou Diouf ». Phrase saluée avec des applaudissements frénétiques par ses pairs.
Joseph Kabila a fondé l’espoir que les Chefs d’Etat et de Gouvernement sortiront de ce Sommet mieux outillés pour garantir, dans les domaines de la préservation de la paix, de la bonne gouvernance, de la sécurité alimentaire, de la protection de l’environnement et de la biodiversité, de la valorisation des femmes et des jeunes, de l’éducation et de l’innovation, ainsi que du développement local, une ère de solidarité francophone plus renforcée et plus efficace.
En effet, le 30 novembre 2014 à Dakar, au Sénégal restera à jamais gravé dans les annales de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). Après le consensus des pays membres, la canadienne d’origine haïtienne Michaelle Jean succède au Sénégalais Abdou Diouf et devient la première personnalité non africaine et la première femme à accéder à la tête de l’Organisation. Elle est élue pour un mandat de quatre ans renouvelables une seule fois.
S’agissant des pays observateurs, le président du pays hôte Macky Sall a informé déclaré à la presse que l’Organisation internationale de la Francophonie a enregistré trois observateurs à savoir, deux pays latino-américains le Mexique et le Costa Rica et un de l’ex-Yougoslavie, le Kosovo compte ainsi quatre-vingt membres de l’espace francophone. Il en a profité pour informer l’assistance que le prochain sommet aura lieu à Madagascar en 2016.
Qui est Michaelle Jean ?
Du haut de ses cinquante-sept ans d’âge, elle est diplômée de l’Université de Montréal du Canada. Pénétrée d’une connaissance encyclopédique, Mme Michaelle parle et écrit le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien et le créole haïtien. Après avoir travaillé des années durant à la télévision nationale de son pays, Michaelle a été nommée en septembre 2005 au poste du gouverneure générale et commandante en chef du Canada de 2005 à 2010.Depuis 2010, elle occupe le poste d’Envoyée spéciale de l’Unesco pour Haïti. Il sied de signaler que M. Henri Lopez (Congo Brazzaville), Pierre Buyoya (Burundi), Augustin Nze Mfumu (Guinée Equatoriale) et le mauricien Jean Claude de l’Estrac étaient candidats au poste du SG de la Francophonie.
Discours d’ouverture au XVe Sommet de la Francophonie à Dakar
29 novembre 2014Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégation,
Monsieur le Secrétaire Général de la Francophonie,
Distinguées Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Deux ans après le Sommet de Kinshasa, qui s’était inscrit dans le prolongement de celui de Montreux, et ce après que nous ayons été successivement à Bucarest et à Québec, Nous voici à Dakar.
Tous mes Pairs Chefs d’Etat et de Gouvernement venus des quatre coins du monde et moi-même en sommes heureux.
Nous le sommes d’autant plus, que Dakar est la capitale du Sénégal, pays cher à Léopold Sedar Senghor, un des pères fondateurs de la Francophonie et que donc, pour nous francophones, ce voyage est une sorte de pèlerinage.
Nous le sommes aussi à cause de l’accueil qui nous a été réservé. Un accueil dont la chaleur démontre que la francophonie est véritablement une famille, et qui fait sentir à chacun et à tous, non seulement que nous sommes les bienvenus au Sénégal, mais aussi que nous y sommes chez nous. Aussi voudrais-je, avant toute autre chose, en mon nom, comme en celui de tous Mes Pairs, dont Je salue la nombreuse présence, ainsi que la décision de tenir successivement deux Sommets de la Francophonie en Afrique, remercier chaleureusement le Président Macky Sall, le Gouvernement et le peuple sénégalais, pour cet accueil mémorable, et pour toutes les dispositions prises pour rendre notre séjour agréable.
J’associe à ces remerciements les experts de tous les Etats et Gouvernements membres, le Secrétariat de notre organisation, les opérateurs directs de la Francophonie et tous ceux qui, deux années durant, ont œuvré à l’organisation des présentes assises. Sans leur précieux concours, la fête n’aurait pas été parfaite.
Mention spéciale au plus éminent d’entre eux, notre Secrétaire Général, le Président Abdou Diouf, à qui je rends un hommage appuyé, pour l’élan sans précédent qu’il a imprimé à la Francophonie durant son mandat, et pour sa contribution insigne au rayonnement de plus en plus fort de notre organisation.
Nous sommes nombreux, francophones de tous horizons qui, si nous pouvions arrêter le temps, aurions souhaité retarder son départ.
Faire, à cet égard, le constat de notre impuissance, c’est aussi prendre conscience du défi immédiat qui nous interpelle ; celui de lui trouver, non un remplaçant, car on ne remplace pas Abdou Diouf, mais un successeur à même d’incarner les valeurs de la francophonie et l’espérance qu’elle porte. Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégation,
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs,
Forte de sa spécificité, à savoir, la langue française et les valeurs qu’elle véhicule, et après les avancées remarquables qu’ont représenté les conclusions des précédentes Conférences des Chefs d’Etat et de Gouvernement, singulièrement les Déclarations de Saint Boniface, de Bamako et de Hanoï, socles de sa philosophie politique, notre Organisation a poursuivi sa mue en ouvrant, à Kinshasa, l’ambitieux chantier d’une francophonie économique en phase avec les exigences du développement durable.
Nous sommes heureux d’annoncer qu’au terme de deux longues années de maturation, à la faveur tant des réunions statutaires de ses organes que des concertations ministérielles ad hoc consacrées à des thématiques spécifiques, dont les changements climatiques, la francophonie dispose aujourd’hui d’une stratégie économique, qui fait la part qu’elle mérite à l’économie verte, et dont le projet va être soumis à la sanction des Chefs d’Etat et de Gouvernement à l’occasion de ce Sommet.
Les efforts déployés à cet effet ne l’ont pas été au détriment de ceux normalement requis pour la défense de la langue française et de la diversité culturelle, la promotion de l’Etat de droit et des droits humains, la prévention des conflits et la gestion des crises dans les Etats membres de notre espace.
Ainsi, au chapitre des questions relatives à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme, méritent d’être notés, au cours de ces deux dernières années, les multiples efforts d’accompagnement déployés par notre Organisation, en signe de solidarité, au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en République Centrafricaine, à Madagascar, en Egypte, en République Démocratique du Congo, et tout récemment au Burkina-Faso.
Dans un monde en perpétuelle mutation, la paix, le bien-être et le développement sont des quêtes permanentes. Quel que positif qu’il soit, un bilan ne devrait donc pas être vécu comme une fin dont on se satisfait, mais plutôt comme un tremplin pour des nouvelles conquêtes.
C’est le sens du vœu exprimé à Kinshasa par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de voir, à l’occasion de leur Conférence bi-annuelle, s’instaurer entre eux des débats sur les questions internationales d’actualité et sur celles qui engagent l’avenir.
Ce quinzième Sommet s’inscrit précisément dans cette optique.
D’abord en nous invitant à focaliser nos réflexions sur un thème à la fois pertinent et interpellateur : « Femmes et Jeunes en Francophonie, Vecteurs de Paix, Acteurs de Développement ».
Ensuite, en nous proposant une résolution sur la lutte contre la maladie à virus Ebola, qui a endeuillé certains de nos Etats membres, et qui représente une menace pour l’espèce humaine partout à travers le monde.
Mais aussi en soumettant à notre examen et sanction le cadre stratégique de notre action commune pour la période 2015-2022, ainsi qu’une programmation des projets concrets à mettre en œuvre au cours des quatre prochaines années.
Je voudrais espérer que nous sortirons de ce Sommet mieux outillés pour garantir, dans les domaines de la préservation de la paix, de la bonne gouvernance, de la sécurité alimentaire, de la protection de l’environnement et de la biodiversité, de la valorisation des femmes et des jeunes, de l’éducation et de l’innovation, ainsi que du développement local, une ère de solidarité francophone plus renforcée et plus efficace.
Plein succès à nos travaux !
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie.