Dans un entretien accordé à ONU Info, Bernard Commins, Commandant par intérim de la Force de la Monusco a expliqué les défis auxquels la Mission est confrontée, mais aussi les espoirs qu’il a pour la RDC. Il a pris part en mai dernier à New York à la réunion annuelle des commandants des forces et des chefs de mission de maintien de la paix.
Une occasion pour Bernard Commins et ses collègues officiers généraux d’avoir des consultations auprès du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et de partager leurs expériences du terrain et d’en tirer les leçons. Pour lui, 2018 est une année cruciale en RDC avec des élections qui doivent être organisées avant la fin de l’année.
« Nous n’avons pas attendu notre nouveau mandat pour nous préparer à cette échéance. Cela fait plusieurs années maintenant que nous y travaillons », a déclaré le Général Commins en poste en RDC au sein de la MONUSCO depuis septembre 2016, d’abord comme Commandant adjoint de la Force et depuis le début de cette année comme Commandant par intérim.
Il a souligné la responsabilité personnelle et directe de la Représentante spéciale du Secrétaire général, Leila Zerrougui, de par son mandat et la mission qu’elle a reçu comme cheffe de la MONUSCO. « Elle mène une action de mission de bons offices quotidiens auprès des autorités politiques de ce pays pour les encourager à aller vers des élections paisibles, transparentes, crédibles. C’est un travail essentiel dans la préparation de ces élections », a-t-il dit.
Soutien au processus électoral
La MONUSCO fournit un soutien dans le cadre du processus électoral en RDC. « Nous avons déjà fourni un soutien très important lorsqu’il s’est agi de contribuer à l’enregistrement des électeurs », a expliqué Bernard Commins. « Il est quand même essentiel que les électeurs sachent qui peut voter ».
« Nous allons apporter un soutien complémentaire pour appuyer le déploiement d’un certain nombre de kits de matériel électoral. Nous nous y préparons actuellement en liaison étroite avec les autorités congolaises », a-t-il ajouté. C’est essentiellement le volet technique et logistique qui est attendu de la MONUSCO, souligne le Général Bernard Commins.
« Nous nous y préparons de pied ferme à travers des réunions qui sont quasi quotidiennes », dit–il.
Au quotidien, la Force de la MONUSCO mène des actions avec ses partenaires militaires congolais « pour tâcher de faire en sorte que tout cela puisse se dérouler dans un environnement aussi apaisé que possible puisque ce pays est malheureusement traversé par de nombreuses lignes de fractures et de violences ».
Situation sécuritaire imprévisible
Pour le Général Commins, la MONUSCO doit donc composer avec une situation sécuritaire fragile et une situation politique « qui peut encourager certains à agir de manière plus violente».
Les défis sont multiples en RDC. Bernard Commins en identifie trois principaux. Le premier défi est celui de la mobilité. « Nous devons tout d’abord faire face à un pays qui fait la surface de l’Europe occidentale. Nous sommes 15.200 militaires et notre zone d’opération, c’est la taille de l’Europe occidentale pour faire simple », explique-t-il.
Le Commandant par intérim de la Force souligne par ailleurs une très grande attente de la part de la population vis-à-vis de la MONUSCO et à laquelle l’ensemble du personnel de la Mission doit répondre.
Pour Bernard Commins, le troisième défi est de travailler avec les partenaires militaires congolais « puisqu’eux-mêmes sont les premiers responsables de la sécurité des populations dans leur pays ». Sur le plan sécuritaire, Le Commandant ad intérim de la Force a également des raisons de rester optimiste en RDC au vu d’exemples réussis de prévention des conflits.
Pour Bernard Commins, lorsqu’il y a une volonté et un effort partagé par tous les acteurs, « et la MONUSCO est un des acteurs, les premiers acteurs étant les autorités congolaises et les forces de sécurité congolaises », il y a une vraie capacité à apaiser les tensions, à ramener les gens sur le chemin du dialogue, à amener les communautés à s’entendre et à vivre en paix entre elles.
Officier dont la carrière est plutôt équilibrée
Général de division dans l’armée française, Bernard Commins qualifie sa carrière de « plutôt équilibrée ». Diplômé de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, il a débuté sa carrière dans l’Armée de terre française comme commandant de régiment et y a servi dans l’Etat-major.
Son parcours l’a amené à plusieurs reprises à l’étranger comme commandant des forces françaises au Gabon ainsi qu’auprès de l’Etat-major militaire du Sénégal et du commandement de l’armée américaine pour le Moyen-Orient (Central Command).
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