Les espoirs se sont envolés après avoir tenu en haleine toute une population. Ce n’est un secret pour personne, la rigueur des forfaits essuyés sous le régime précédent a poussé la population au divorce d’avec le pouvoir insouciant de Joseph Kabila. Les discours, l’histoire ont forgé une embellie dans la conscience d’une population, prête à embrasser même le diable, quitte à déboucher sur un changement positif profitable au plus grand nombre. Toutes les élucubrations de l’ECIDé de Martin Fayulu (fondées ou pas) se sont étiolées sur cette lueur d’espoir consécutive au changement de régime intervenu au pays.
Malheureusement, cet espoir n’aura véritablement duré que l’instant d’un soupir, mieux d’un rêve. Les prétextes deal FCC-CACH, contrôle du parlement et de l’appareil judiciaire élagués, rien ne semble cheminer dans le sens de la satisfaction des attentes légitimes et urgentes de la population. L’impression de stagnation prime, alors que des facteurs précis témoignent de la détérioration de la gouvernance au pays. Telle cette implication (présumée) des collaborateurs du chef de l’Etat relevée dans l’enquête Congo Hold-up.
Et il y a pire. La fameuse taxe de tous les ennuis et dont on refuse de retirer, en dépit des recommandations de l’Assemblée nationale et du Sénat. Que l’on mette en berne les prérogatives d’une institution, cela ne traduit nullement l’existence d’un régime démocratique tant psalmodié. Dans le même contexte s’inscrit le dépit de Modeste Bahati, président du Sénat, face au non-respect des articulations des Lois des finances. Avant de toner : « Il faut que les gestionnaires le sachent. Cette fois-ci, nous serons obligés de saisir la justice. Nous devons savoir en ce qui concerne le budget 2022, qu’il s’agit d’une loi qui doit être respectée par tout le monde ». « Ou alors nous élaborons le budget dans la complaisance. Comment peut-on comprendre que là où il était prévu des dépenses pour réaliser 708 projets, on n’en a réalisé que 41. Plus grave, on avait prévu pour les 708 projets 160 milliards de Francs congolais (80 millions USD), mais on est allé à 200 milliards de Francs congolais (100 millions USD) pour 41 projets », a dénoncé Bahati Lukwebo.
Sur un autre registre, c’est l’ACAJ qui dresse un tableau pas reluisant du travail de la justice, devenue comme le goulot d’étranglement de la marche de la République. « Sur les 147 dossiers ouverts pour détournement des deniers publics, seules 10 décisions de condamnation prononcées », fait savoir son président Georges Kapiamba.
D’après cette Association de défense des droits de l’homme, ce tableau sombre de la justice congolaise est la conséquence du manque d’engagement de celle-ci dans la lutte contre la corruption dans le pays.
À en croire les chiffres avancés par l’ACAJ, « sur les 147 dossiers ouverts pour corruption, détournement des deniers publics et blanchiment des capitaux, entre janvier 2020 et novembre 2021, il n’y a eu que dix (10) décisions de condamnation définitive, soit moins de dix (10). »
Selon l’ACAJ, quatre (4) condamnés sur la liste de dix ont été libérés dont trois (3) en application de mesure collective de grâce présidentielle, et le quatrième par liberté provisoire.
Pire, « Les biens détournés n’ont jamais été restitués, et les amendes et frais de justice leur infligés n’ont jamais été payés. Ladite liberté provisoire a été accordée, par la Cour de Cassation, après avoir tenu une audience un vendredi, en violation de l’article 25 de son règlement intérieur. Un cautionnement de complaisance a été fixé, dans un dossier qui était déjà en état d’être discuté en plénière, et ce en violation de la jurisprudence constante de la Cour qui consiste à rejeter systématiquement les demandes de liberté provisoire principalement dans les dossiers qui concernent des violences sexuelles et détournements de deniers publics », peut-on lire dans ce communiqué de l’ACAJ.
En outre, l’ACAJ déplore le fait que le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe accorde la liberté provisoire à un de trois accusés de détournement des deniers publics, du Ministère de finances, en l’occurrence l’Ordonnateur des Dépenses (OD), alors que leur procès est déjà fixé pour le 20 décembre 2021.
Par ailleurs, l’ACAJ fait remarquer que la Directrice au Trésor et Ordonnancement (DTO), qui était portée disparue, a repris le travail comme l’OD.
« Plusieurs dossiers dans les parquets sont soit clôturés par classement sans suite, soit non instruits. Ceux leur référés, pour disposition et compétence c’est-à-dire fixation devant les juges compétents personnellement ou matériellement sont gelés. Les dossiers sont demandés en communication, régulièrement et généralement par téléphone, et subissent par la suite le même sort. », a fustigé l’ACAJ.
Ainsi, l’ACAJ recommande au Président de la République d’agir dans le sens d’une nouvelle mise en place au sein du pouvoir judiciaire afin d’accélérer le combat contre la corruption qui appauvrit la population congolaise.
LR