Une nouvelle vague de Congolais expulsés de Brazzaville sont arrivés le samedi 19 avril 2014 au port public de l’Onatra à bord du ferry boat Ikanda. Parmi eux, des familles entières, des bagagistes et des commerçants habitués à faire le business, entre Kinshasa et Brazzaville ; mais également de jeunes brigands qui sont très souvent à la base des maux qui enveniment les relations entre la RDC et le Congo. Brazzaville.
Une vive tension régnait au port public de Kinshasa le samedi 19 avril 2014 dans la soirée après l’accostage du bateau Ikanda. Très excités et en colère à leur arrivée, certains de ces expulsés ont failli en venir en main avec les agents de la Dgm venus pour les identifier. « Laissez nous passer, vous ne faites rien pour nous .là on nous a maltraités et arriver dans notre pays vous voulez nous tracasser encore » diront certains de ces expulsés aux agents de la Police et de la DGM stationnés à la sortie. D’autres par contre, plus disciplinés se sont livrés volontiers à l’exercice d’identification et de l’enregistrement dans le bureau de la DGM situé dans à l’intérieur du port public de l’Onatra.
Plusieurs centaines de ressortissants de la République démocratique du Congo résidant à Brazzaville ont été expulsés depuis le début du mois d’avril 2014 dans le cadre de l’opération « Mbata ya mukolo » lancée par les autorités du Congo/ Brazzaville.
La plupart de Congolais disent avoir regagné Kinshasa en catastrophe à bord du bateau Ikanda de l’Onatra, laissant leurs dépendants de l’autre côté de la rive du fleuve Congo. Plusieurs d’entre eux affirment pourtant détenir des documents réguliers délivrés par les autorités du Congo Brazzaville.
Le bateau Ikanda de la SCTP a fait plusieurs navettes comme d’habitude entre Kinshasa et Brazzaville, sans que la grande partie de marchandises frets à bord ne soit déchargée.
La plupart des ressortissants de la RDC qui déchargent ces bagages ont été expulsés par la Police brazzavilloise. La réunion du Conseil supérieur de la défense tenue le mercredi 16 avril 2014 s’est penchée également sur la question relative à l’expulsion des Congolais de Brazzaville. A cet effet, le conseil supérieur de la défense a demandé aux ministres des Affaires étrangères et des Affaires sociales d’organiser l’accueil et la prise en charge des expulsés de Brazzaville dès leur retour à Kinshasa. L’on croit savoir que le Gouvernement vient de mettre sur pied un plan d’urgence visant à soulager tant soit peu les ressortissants congolais revenant de Brazzaville.
La déception des commerçants
Ces bagagistes ont déplu aux commerçants qui font la navette entre les deux capitales les plus rapprochées du monde pour acheter et revendre des produits.
« Moi j’ai plus de dix bagagistes qui travaillent pour moi. Tous sont rentrés ici (à Kinshasa). On leur a demandé de retourner à Kinshasa. Donc, les bagagistes kinois n’ont plus le droit de travailler à Brazzaville », déclare un propriétaire des marchandises qui étaient au bord du bateau Ikanda.
Les bagagistes kinois ont du mal à accepter cette décision et dénoncent le mauvais traitement dont ils seraient victimes lors de leur expulsion.
« J’étais ici depuis le matin pour faire mon travail comme d’habitude. Arrivés à Brazzaville, nous avons rencontré le général Ndenge qui a refusé que les Kinois travaillent au beach de l’autre rive. Il a dit qu’il a besoin de ses frères [du Congo-Brazzaville], nous qualifiant de gangsters alors que nous ne le sommes pas », confie un bagagiste à Radio Okapi.
Selon lui, la Police de Brazzaville expulse tous les Kinois, même ceux qui sont en ordre avec leurs documents de séjour.
Au port fluvial de Kinshasa par où sont arrivés les bagagistes expulsés de Brazzaville, la tension était perceptible durant toute la journée du mercredi. Les refoulés réclament l’implication du Gouvernement de la RDC pour mettre fin aux refoulements qui visent ces derniers jours ses ressortissants vivant à Brazzaville.
Depuis plus d’une semaine, les autorités de Brazzaville ont refoulé plusieurs ressortissants de la RDC. La Police brazzavilloise mène l’opération dénommée «Mbata ya mokolo» (gifle des aînés, en français) pour arrêter et expulser des étrangers présumés criminels.
Plus de 6 000 Congolais déjà expulsés
Le vice-ministre des Affaires étrangères, Célestin Tunda wa Kasende, a été interrogé au sujet de ces expulsions le même mercredi par les députés.
Il a répondu à une question d’actualité à l’Assemblée nationale à ce sujet. Le député Patrick Muyaya, initiateur de la question cherchait à connaître la raison de ces expulsions et les mesures prises par le Gouvernement pour les éviter dans l’avenir.
Dans sa réponse, il a indiqué que plus de mille personnes étaient concernées par l’opération « Mbata ya mokolo ».
« Il y a eu plus au moins 1179 expulsés parmi lesquels des malades et des victimes de divers traumatismes », a indiqué le vice-ministre Célestin Tunda, faisant allusion aux témoignages faisant état de mauvais traitements dont certains de ses ressortissants ont été victimes lors de leur expulsion.
A l’en croire, ce chiffre pourrait être revu soit à la hausse ou à la baisse après le travail de la commission d’experts mise en place par les deux pays.
Célestin Tunda a aussi affirmé que l’ambassadeur de la RDC au Congo-Brazzaville n’était pas informé de l’opération menée par la Police de Brazzaville.
« Alerté de cette situation, l’ambassadeur (Christophe Muzungu) a cherché en vain d’entrer en contact avec les officiels de la République du Congo », a-t-il ajouté.
Tout en déplorant cet incident, le vice-ministre Célestin Tunda a assuré que certains policiers brazzavillois, à l’origine de dérapages enregistrés au cours des opérations d’expulsions, ont déjà été sanctionnés.
Mais selon lui, Kinshasa ne compte pas s’arrêter à ce niveau et propose la tenue d’une réunion tripartite entre la République du Congo, la République d’Angola et la RDC.
Ces trois pays ont signé une convention fixant des règles à suivre dans le cadre d’une éventuelle expulsion des citoyens d’un de ses trois pays.
« Notre Gouvernement envisage la tenue rapide une réunion tripartite Angola-Congo-RDC pour évaluer l’exécution de la convention sur l’établissement et la circulation des personnes et des biens », a poursuivi Célestin Tunda.
Après une mission d’enquête effectuée à Brazzaville il y a près d’une semaine, le vice-ministre des Affaires étrangères de la RDC avait dénoncé des cas de tortures, pillages, viols et autres traitements inhumains et cruel dont sont victimes ses compatriotes refoulés de la République du Congo.