Entre les délégués du FCC et du CACH, un compromis a finalement été trouvé autour de la répartition des postes ministériels dans le gouvernement Ilunga Ilunkamba. Si le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, est assuré d’avoir le contrôle des ministères régaliens (Défense, Intérieur, Affaires étrangères et Justice, avec en prime les Finances), on doit s’attendre à une rude bataille autour des nominations. La nébuleuse de ses regroupements politiques ne rend pas facile au FCC. Au CACH, par contre, il y a plus de souplesse, dans la mesure tout sera tranché entre Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe.
Dans la formation du gouvernement Ilunga Ilunkamba, c’est déjà le dernier virage.
Après Kisantu, dans le Kongo central, c’est à Rotana Kin Plazza que les délégués de deux camps (FCC et CACH) ont procédé aux derniers réglages. Un compromis a été finalement trouvé, confirme-t-on de part et d’autre. Toutefois, pour le moment, ce compromis ne se limite qu’à la répartition des postes ministères entre les deux camps.
On sait d’ores et déjà qu’après d’intenses négociations, le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, s’est finalement imposé dans le contrôle des ministères régaliens. Le FCC qui s’y était farouchement opposé a fini par capituler. Si le chef de l’Etat garde la mainmise sur ces ministères, dits de souveraineté, il n’est pas exclu qu’il pioche, en vertu de son pouvoir discrétionnaire dans le FCC. L’option est à prendre très au sérieux.
Droit de préséance sur les ministères régaliens
Entre-temps, dans les milieux de la famille politique de Joseph Kabila, l’on rapporte qu’en se dessaisissant de ces ministres régaliens, le FCC a pris néanmoins le soin de s’assurer qu’il aura le droit de préséance dans le choix de leurs animateurs. Et c’est évidemment autour des nominations de ces animateurs que se déroule aujourd’hui la grande bataille.
Dans les rangs du FCC, les tensions sont plus vives. Avec son nombre impressionnant de regroupements politiques, le partage du « gâteau » gouvernement est entouré d’un grand suspense. Depuis un temps, tous les regroupements membres du FCC s’acharnent sur l’appétit féroce du PPRD qui cherche à rafler les postes les plus juteux. C’est l’AFDC-A de Modeste Bahati Lukwebo qui a été la première à se lancer sur cette voie. Elle a été vite rejointe par d’autres regroupements du FCC qui partagent les mêmes frustrations que l’AFDC.
Comme toujours, c’est vers Joseph Kabila, autorité morale du FCC, que se tourneront une fois de plus tous les regards. Depuis le renouvèlement de leur fidélité à Joseph Kabila, les regroupements et autres personnalités politiques affiliées au FCC ont confié leur sort politique à Joseph Kabila. Les nominations des personnalités FCC dans le gouvernement Ilunga Ilunkamba défendra donc du bon vouloir de Joseph Kabila. En cette matière, il est le seul à décider, en s’appuyant sur son cercle fermé des conseillers, dont principalement Néhémie Mwilanya, actuel coordonnateur du FCC.
En tout cas, dans le FCC on doit s’attendre à de chaudes empoignades. La bataille pour l’accès au gouvernement sera sans complaisance. Chacun se prépare pour avoir sa place – une bonne place alors – à la table du roi.
Qu’en est-il au CACH ? A première vue, le problème ne devait pas avoir la même ampleur qu’au FCC. La direction politique du CACH étant fondamentalement constituée autour du binôme Félix Tshisekedi-Vital Kamerhe, tout se décidera donc entre les deux têtes d’affiche de CACH.
Kamerhe, la grande inconnue
Mais, la grande inconnue reste tout de même la place qu’occupera Vital Kamerhe. Après avoir exercé les fonctions de directeur de cabinet, moyennant tous les avantages qui lui ont été alloués, on voit mal comment Vital Kamerhe pourrait toujours se contenter du rôle protocolaire, sans risquer de se faire noyauter par le Premier ministre. Kamerhe au gouvernement Ilunga Ilunkamba devient de plus en plus plausible. Quel est dès lors le rôle à lui confier ?
Dans le prochain gouvernement, des sources bien introduites dans les milieux de la présidence indiquent que Vital Kamerhe pourrait se voir confier le poste de vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, avec rang de n°2 du gouvernement. Le président de l’Unc pourrait bénéficier en prime d’un poste de ministre d’Etat dans un secteur financier ; poste qu’il pourrait probablement confier, note-t-on, à l’un de ses grands fidèles, à savoir le député national Jean-Baudouin Mayo.
Dans la périphérie du CACH, il ne faut non plus perdre de vue les alliés de la dernière heure, en l’occurrence André-Claudel Lubaya et Delly Sessanga. De ce côté, Félix Tshisekedi s’est déjà montré tendre envers ceux qui, malgré leur appartenance à l’opposition, lui avaient apporté leur soutien dès son élection à la magistrature suprême. Gabriel Kyungu wa Kumwanza, coordonnateur d’Ensemble pour le changement dans le Grand Katanga, a bénéficié de la faveur du chef de l’Etat en se faisant nommer à la tête du Conseil d’administration de la Gécamines. C’est dire qu’au sein du CACH, les nominations au sein du gouvernement restent ouvertes. Le dernier mot reviendra tout de même au chef de l’Etat et son complice depuis Nairobi, Vital Kamerhe.
A tout prendre, si le CACH ne devait pas rencontrer sur papier bien sûr de grandes difficultés dans le choix de ses délégués au gouvernement, la bataille aux couteaux est perceptible dans les rangs du FCC.