Le président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila a accordé jeudi une « remise totale » de peine aux membres d’une secte politico-religieuse condamnés en appel en 2009 pour « rébellion », en vue d’«apaisement avant le dialogue national».
Le chef de l’État a accordé « la remise totale de la peine de servitude pénale à perpétuité restant à purger » en faveur de « neuf condamnés » membres de la secte politico-religieuse Bundu Dia Kongo (BDK), indique une ordonnance lue à la télévision publique.
Bundu Dia Kongo (« Royaume du Congo » en langue kikongo) est un groupe d’opposition religieux sécessionniste très implanté dans la province du Kongo central (Bas-Congo) au sud-ouest de la RDC. Il prône la restauration de l’ex-royaume Kongo, qui comprenait l’actuel Kongo central, une partie de l’Angola, du Congo-Brazzaville voisin et du Gabon.
En mars 2008, les adeptes de BDK étaient accusés par le pouvoir de ne pas reconnaître l’autorité de l’État, de s’attaquer régulièrement à ses agents et d’appeler à chasser les « non-originaires » de la province. Les membres de ce mouvement s’étaient violemment affrontés aux forces de l’ordre lors d’une opération de police visant à « rétablir l’autorité de l’État ».
Les affrontements ont causé la mort d’au moins 27 personnes, selon des sources officielles, et une centaine, selon une enquête de l’ONU et la société civile.
Condamnés à mort en première instance, la peine des neuf adeptes a été commuée en « servitude pénale à perpétuité » en appel en avril 2009.
Outre la « remise totale » des membres du BDK, dans une autre ordonnance M. Kabila a accordé la « grâce présidentielle » aux condamnés congolais et étrangers « âgés de 70 ans et plus », sans en préciser le nombre ni l’identité.
Le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba a promis « d’autres libérations conditionnelles au plus tard le 10 janvier ».
Ces mesures présidentielles de grâce veulent marquer par « un acte de clémence et d’apaisement » le « dialogue national » voulu par M. Kabila, précise l’ordonnance.
Le climat politique est très tendu en RDC à moins d’un an de la fin du mandat du président Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter en 2016. Pour les partisans du chef de l’État, la tenue du « dialogue national », convoqué fin novembre, permettra de « décrisper » la situation.