Kasaï-Central : le gouverneur Kambulu sur un siège éjectable ?

Tout indique que le gouverneur Joseph Moïse Kambulu est dans des sales draps, le moins que l’on puisse dire. Selon les médias en ligne relayés le week-end dernier, l’homme serait la cible des députés provinciaux membres de l’Union sacrés, remontés contre sa bourde commise en direct de la télévision nationale le 24 décembre, lors du briefing tenu à la place de l’Indépendance à Kananga. Ce soir-là, le gouverneur du Kasaï Central a affirmé que rien alors rien n’a été fait dans sa juridiction, s’en prenant à l’Office des routes et l’Office des voiries et drainage (OVD).

« Nous n’avons pas d’eau, pas de courant, pas de nourriture, pas de voirie urbaine », a fait savoir le gouverneur. Selon lui, si les routes de cette entité sont dans un piteux état, c’est parce que l’Office des routes et l’Office de voirie et drainage « n’existent que de nom » dans cette partie du pays.

« Je suis gêné de le dire, mais nous avons l’Office des routes qui n’a rien et qui ne fait rien, nous avons l’OVD qui n’a également rien et qui ne fait rien. Ces deux structures ne font rien, voilà notre triste réalité, voilà la situation macabre de notre province », a soutenu le gouverneur devant les caméras, remettant en cause tout ce que venait d’affirmer le ministre d’Etat en charge des Infrastructures sur les chantiers en cours de réalisation au Kasaï Central.

Toujours à propos des routes, Kambulu a insisté sur le fait que « il n’y a encore rien » et s’il n’y a encore rien, c’est qu’il faut commencer maintenant. Cette sortie a fait le bonheur des cadres de l’Opposition politique et de l’Opposition armée. En témoignent le nombre de commentaires hostiles au Pouvoir sur la toile.

Les avertis sont unanimes, ils craignent que l’Assemblée provinciale n’entame une procédure de sa destitution : « Une sanction pourrait, tôt ou tard, tomber à son encontre, sans nul doute très vite. À ce niveau de responsabilité, un gouverneur de province, de surcroît représentant du Chef de l’État en province, tel un ministre, démissionne ou se tait quand il n’est pas d’accord. Prendre la parole quelques heures après l’adresse du président de la République pour attaquer son camp politique en donnant du grain à moudre à l’Opposition, à ses détracteurs, pour des dossiers relevant de la compétence de l’Exécutif provincial comme la voirie urbaine, constitue une faute lourde ».

Cette vidéo du 28 novembre et les détails fournis par le DG du BCECO

Un casus belli. Les pourfendeurs de Kambulu raillent « son inexpérience politique », rappellent « une pratique courante à l’UDPS dont le gouverneur est issu, consistant à qualifier de taupe et agent de l’Opposition, quiconque ose marcher contre la discipline du groupe en relayant des thèses proches du Pouvoir, précisant que le même principe vaut pour tout membre de la majorité au Pouvoir qui donne des béquilles à l’Opposition ». Pour en finir avec Kambulu, ces derniers ont remis en circulation une vidéo tournée le 28 novembre 2024, soit un mois jour pour jour, dans la même ville de Kananga, dans laquelle on entend et on voit le Gouv’ louer le travail déjà abattu à l’issue d’une visite des chantiers en compagnie du directeur général du BCECO. Kambulu y a dit ceci : « Contrairement à certaines allégations, aujourd’hui, c’est moi qui le dis et ce n’est pas quelqu’un d’autre qui le dira à ma place. J’ai fait une tournée avec le DG du Bceco pour que nous puissions, tous, nous rassurer que tout a été fait de la manière dont il fallait le faire. Et que, tous, nous sommes satisfaits en attendant de voir les autres travaux continuer sur le même élan comme on venait de le faire avec les résidences ».

Puis : « Il n’y a pas que la résidence du gouverneur dans ce qui avait été demandé à l’entreprise Safrimex. Il y a aussi le Capitole, la Mairie et le Bâtiment administratif. Les travaux sont en cours et on est déjà à 90% d’exécution pour les autres. Mais nous demandons sincèrement, avec droiture, que l’entreprise Safrimex continue sur le même élan pour nous rendre les autres ouvrages dans les délais convenus ».

D’avoir affirmé haut et fort, à la faveur du Briefing, que rien n’a été fait, tout le monde peut constater que le gouverneur aura été dans tout sauf dans la droiture, qu’en l’espace d’un mois, il aura tenu des propos contradictoires sur les chantiers en cours de réalisation dans sa province. Au cours du même briefing, le Directeur général du Bceco a contredit le gouverneur en ce qui concerne les routes, laissant entendre l’entreprise Safrimex s’est sacrifiée et a amené un concasseur fixe avec cinq tapis, capable de fabriquer cinq types de pierres au même moment. Que la même entreprise a installé une centrale d’enrobés, également capable de produire quatre types d’enrobés au même moment.

« Sur les premiers 42 kilomètres, Safrimex a déjà assaini plus de 32 kilomètres de routes. Je prends l’engagement que d’ici à six mois, nous aurons 30 kilomètres asphaltés », a juré Jean Mabi, précisant que la ville va changer de peau avec 41,5 autres kilomètres ciblés qui concernent le centre-ville, soit 83,5 kilomètres, ajoutant que 12 têtes d’érosions ont été maîtrisés grâce au Bceco, à travers Safrimex. Dans la messe Noël, Mgr Félicien Tambwe, archevêque métropolitain de Kananga, a également salué les chantiers ouverts dans le chef-lieu du Kasï Central, félicitant le président de la République Félix Tshisekedi pour les nombreux projets réalisés ou en cours de réalisation.

Après ces détails fournis par le DG du Bceco et les propos du prélat catholique, des sociétaires de l’Union sacrée estiment que Kambulu est donc tombé dans les palinodies impardonnables indignes d’un responsable politique de son rang, placé aux commandes d’une province réputée chaude, où la population estime que le Kasaï-Oriental voisin a pris une longueur d’avance.

 

 

Africa News RDC / MCP