Au Kasaï, Kabila dénonce « le choix de la désinformation » et exige que « justice soit faite »

Le président Joseph Kabila a exigé mardi que "justice soit faite" au Kasaï (centre de la République démocratique du Congo), dénonçant ceux qui "ont fait sci

Le président Joseph Kabila a exigé mardi que « justice soit faite » au Kasaï (centre de la République démocratique du Congo), dénonçant ceux qui « ont fait sciemment le choix de la désinformation » dans ce conflit qui a fait 3.000 morts en un an, dont deux experts de l’ONU en mars.

« Il ne peut y avoir de paix ni de réconciliation véritable sans justice », a déclaré le président congolais en ouverture d’un forum pour la paix à Kananga, l’une des grandes villes des cinq provinces du Kasaï.

« Voilà pourquoi depuis le mois de mars de cette année, j’exige que justice soit faite et qu’aucun crime commis ne reste impuni », a-t-il déclaré lors de cette conférence boudée par l’opposition.

Commencé en septembre 2016 après la mort du chef coutumier Kamuina Nsapu qui s’était opposé à M. Kabila, les tueries dans le Kasaï ont fait quelque 3.000 victimes d’après l’Église catholique.

Deux experts des Nations unies qui enquêtaient sur des fosses communes ont été tués le 12 mars à Bunkonde. Les autorités affirment qu’ils ont été victimes des adeptes de Kamuina Nsapu. Quatre assassins présumés sont en procès devant un tribunal militaire à Kananga.

Dans son intervention, l’une de ses rares en public, le président Kabila a dénoncé « la duplicité et l’hypocrisie de certains compatriotes, organisations non-gouvernementales confessionnelles ou internationales qui, quoique ayant vécu sous leurs propres yeux cette tragédie, ayant été victimes par endroits, n’ont pas eu le courage de dénoncer les vrais auteurs ».

« Pourquoi ont-ils fait sciemment le choix de la désinformation? », a-t-il demandé.

Début août, des enquêteurs du Haut-commissariat des droits de l’Homme de l’ONU avaient répertorié 250 exécutions sauvages dans le Kasaï entre mars et juin, perpétrées par des agents de l’État, des milices ou des rebelles. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, avait estimé que ces témoignages étaient « infondés ».

Dans une récente enquête, Radio France internationale (RFI) affirme que les deux experts de l’ONU ont été victimes d’un guet-apens tendu par des agents doubles travaillant aussi pour les autorités. « Immoral », avait dénoncé un haut-responsable de l’Agence nationale du renseignement (ANR).

Outre les violences dans le Kasaï, la RDC traverse une crise politique liée au maintien du président Kabila dont le deuxième mandat a pris fin le 20 décembre 2016. La Constitution ne lui permet pas de se représenter.

Les violences dans le Kasaï ont retardé l’enregistrement des électeurs alors qu’un accord pouvoir-opposition prévoyait des élections d’ici la fin de l’année. Un délai devenu quasi-impossible à tenir.

(AFP 20/09/17)