Kinshasa durcit les conditions d’entrée en RDC des Congolais de Brazzaville

Annonce enfin en premières réactions officielles des autorités de la RDC face aux brutales expulsions des RD-Congolais du Congo-Brazzaville d’un durcissement des conditions d’entrée au Congo-Kinshasa des ressortissants du Congo voisin : un visa au passeport comme tire officiel de voyage !

Au nom de la réciprocité qui caractérise les relations internationales, Kinshasa a rendu pareille à Brazzaville en conditionnant désormais l’entrée de ses ressortissants en RDC à la présentation d’un passeport et un visa. La République démocratique du Congo a annoncé mercredi que les ressortissants du Congo-Brazzaville voisin ne pourront plus entrer sur son sol avec un simple laissez-passer et qu’ils devront être munis d’un passeport et d’un visa.

Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, a déclaré que cette mesure visait à rendre la pareille au Congo qui, accuse-t-il, a changé les conditions de voyage des Congolais de RDC souhaitant se rendre à Brazzaville en traversant le fleuve Congo, frontière naturelle entre les deux pays. « On a vu nos compatriotes refoulés parce qu’ils n’avaient que le laissez-passer, ce qui jusque-là était admis. On a exigé le passeport et le visa. Tout de suite, j’ai donné l’instruction à la DGM [Direction générale de la migration] d’en faire autant », a souligné M. Muyej.

« Nous avons tous été surpris par ce nouveau développement de ce qu’il convient maintenant d’appeler une crise », dont la durée « peut affecter nos bonnes relations avec Brazza », a encore déclaré M. Muyej, ajoutant qu’une nouvelle réunion entre Kinshasa et Brazzaville était prévue. Le ministre de l’Intérieur de la République du Congo, Raymond Mboulou, n’avait pu être joint mercredi en milieu d’après-midi pour apporter la réponse de Brazzaville aux accusations de M. Muyej 

Jeu de Ping Pong

Si on n’est pas encore formellement dans la crise entre les deux capitales les plus rapprochées du monde, l’escalade verbale de part et d’autre du fleuve Congo ne rassure plus. Depuis lundi, Brazzaville exige le passeport aux ressortissants de RDC qui veulent traverser le fleuve, Kinshasa exigeant de son côté un visa. Personne n’est épargné dans cette surenchère qui crispe considérablement les relations entre les deux pays.

A Kinshasa, on est formel : c’est Brazzaville qui a commencé. Par un simple coup de téléphone, le préposé de l’immigration au Beach de Brazzaville a informé samedi dernier son collègue de Kinshasa d’une nouvelle disposition concernant l’entrée des Congolais de RDC au Congo-Brazzaville. Désormais, il faudra disposer obligatoirement d’un passeport. Selon Kinshasa, cette mesure, appliquée dès dimanche 18 mai, n’a pas été négociée par les deux parties. Pourtant aux termes des accords existants, les ressortissants de deux rives désireux d’aller dans l’un ou l’autre pays doivent, en plus du laissez-passer, présenter, soit un passeport, soit une carte d’identité en cours de validité.

Lundi, des ressortissants Congolais de RDC ont été refoulés de Brazzaville parce qu’ils étaient juste porteurs de la seule carte d’électeur qui fait office de carte d’identité. Réplique de Kinshasa: comme il faut obligatoirement le passeport, donc il faut aussi nécessairement un visa. Ainsi les Brazzavillois, détenteurs d’un passeport non muni de visa, ont à leur tour été refoulés de Kinshasa. Ce jeu de ping-pong se poursuit.

Interrogé par l’AFP à Brazzaville, un conseiller du ministre des Affaires étrangères a cependant affirmé sous le couvert de l’anonymat qu’aucune mesure concernant l’obligation du passeport et du visa n’avait été prise et qu’une telle option n’était même pas envisagée à l’heure actuelle. Une réunion interministérielle entre représentants des deux Congos doit avoir lieu vendredi, a-t-il ajouté.

Une source au cabinet du directeur général de la police du Congo-Brazzaville a dit à l’AFP n’avoir pas connaissance de nouvelles directives relatives à l’entrée des Congolais de RDC sur le sol national.

Les relations entre les deux pays se sont tendues depuis le lancement, début avril au Congo-Brazzaville, d’une grande opération policière baptisée «Mbata ya bakolo» (la gifle des aînés, en lingala). Officiellement, cette opération est destinée à combattre une recrudescence du banditisme imputée aux étrangers, et entre autres aux «kuluna» (délinquants de Kinshasa armés de machettes) réfugiés au Congo pour fuir la répression de la police kinoise.

Brazzaville reconnaît qu’environ un millier de Congolais de RDC ont été expulsés dans le cadre de «Mbata ya bakolo» mais, craignant une expulsion de force, même en règle, et face à la montée d’une hostilité manifeste de la population brazzavilloise, des dizaines de milliers de ressortissants de l’ex-Zaïre sont rentrés au pays. D’après la RDC, des ONG et plusieurs victimes, l’opération s’est caractérisée par de graves exactions. Brazzaville a reconnu des dérapages et 17 policiers ont été radiés. La RDC, qui compte environ 76 millions d’habitants, est le dernier pays au classement de l’indice du développement humain des Nations unies. A Brazzaville, où les conditions de vie leur semblent meilleures, les ressortissants de la RDC exercent toutes sortes de métiers peu qualifiés.

Via: Le Potentiel

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