La Libye déchirée entre plusieurs entités politiques menace de tomber dans le scénario du pire. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement considéré comme reconnu par la communauté internationale, basé à Tobrouk, Mohamed Dayri, avait déclaré que son pays est «en passe de devenir un deuxième sanctuaire de l’Etat islamique» comme au Mali. La menace terroriste qui plane sur l’ensemble de la région tend en effet à devenir très grave.
Aujourd’hui Daech est implanté au sud de la Libye, mais aussi à Derna et à Syrte. Les pressions montantes visant ses bases en Syrie pourraient bien contraindre ce groupe à se déployer énergiquement vers les sanctuaires libyens, à partir desquels il pourrait tenter une intrusion progressive au Sahel et faire une conjonction avec Boko Haram. Morbide scénario. La Libye pays complètement déstructuré par l’intervention de l’Otan constitue à l’évidence, selon les observateurs, par le chaos y sévissant l’environnement idéal pour le groupe djihadiste.
Le premier décembre prochain à Alger l’avenir de la Libye sera particulièrement discuté. Avec les voisins directs de ce pays la Tunisie, le Niger, le Tchad, le Soudan et l’Egypte se tiendra une réunion importante. Cette réunion à laquelle se joindra le nouveau représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Martin Kobler, et la participation de l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE) sera indéniablement un test crucial pour le règlement de la crise libyenne.
L’idée de la mise en place d’un gouvernement d’Union nationale devient impérative dans un pays menacé par le chaos généralisé et qui menace par ricochet son voisinage. Directement concernée par la situation en Libye pays avec lequel sont partagés près de 1 000 km de frontière, l’Algérie travail ardemment à trouver une issue pacifique à cette crise provoquée par l’intervention des puissances. La mission est loin d’être aisée d’autant plus que la rencontre d’Alger intervient dans un contexte international tendu marqué par une coalition sans précédent contre l’organisation Daech.
Le Conseil de sécurité de l’ONU vient d’adopter une résolution appelant à l’action contre cette organisation qui accapare l’attention médiatique. Résolution saluée par plusieurs pays dont l’Algérie qui a réaffirmé la nécessité d’une «réponse globale», appelant les Etats à s’unir contre ce fléau transnational. Les différents pays concernés sont invités à «redoubler d’efforts et à coordonner leurs initiatives afin de prévenir et stopper les actes terroristes commis spécifiquement» par Daech, ainsi que par d’autres groupes extrémistes comme Al-Qaïda.
Au travers de cette résolution, la «guerre contre le terrorisme» sous toutes ses formes est réaffirmée. L’initiative a été fortement bien accueillie par plusieurs pays notamment la Grande-Bretagne et la France qui ont salué «le vote», appelant à une amplification et une action décisive pour éradiquer Daech. L’Algérie à travers le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait soutenu la résolution avant même son adoption.
Dans l’interview pour Le Monde Sellal a estimé qu’aller aux Nations unies était la «meilleure solution». Il faut dire que la menace n’a de cesse de pendre son nez depuis que ce pays a basculé dans le désordre. Trois personnes soupçonnées d’appartenir au groupe Jound al Khalifa, une branche de Daech, ont été arrêtées récemment par les forces de sécurité algériennes, à Laghouat et à Bouira. Une prise qui sonne comme une alerte sur le danger qui pourrait arriver des vastes frontières Est.
Scénario morbide
Selon des informations d’observateurs le nombre d’éléments de Daech en Libye varierait «entre 4 000 et 5 000», et serait en progression.
Les récents événements dans l’environnement immédiat de l’Algérie, des attentats de Paris à ceux de Bamako, ont fait monter la pression dans la région. Et confirmé, s’il en était besoin, la nécessité de sérieusement appréhender le phénomène des mouvements terroristes pour le combattre avec efficacité. Il est indéniable que des forces poussent vers le pourrissement dans cette zone du Sahel appelée à compiler davantage de tension.
Le chef du groupe Ansar Eddine au Mali avait notamment menacé les signataires de l’Accord d’Alger, à savoir la Coordination des Mouvements de l’Azawad et les groupes de la Plate-forme. Son appel au djihad avait eu lieu quelques jours avant l’attaque de l’hôtel Radisson à Bamako, revendiquée par un autre groupe également proche d’Aqmi, les Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar. La Libye déchirée entre plusieurs entités politiques menace de tomber dans le scénario du pire. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement considéré comme reconnu par la communauté internationale, basé à Tobrouk, Mohamed Dayri, avait déclaré que son pays est «en passe de devenir un deuxième sanctuaire de l’Etat islamique» comme au Mali.
La menace terroriste qui plane sur l’ensemble de la région tend en effet à devenir très grave. Aujourd’hui Daech est implanté au sud de la Libye, mais aussi à Derna et à Syrte. Les pressions montantes visant ses bases en Syrie pourraient bien contraindre ce groupe à se déployer énergiquement vers les sanctuaires libyens, à partir desquels il pourrait tenter une intrusion progressive au Sahel et faire une conjonction avec Boko Haram. Morbide scénario.
Aujourd’hui toutes les forces en présence pourraient se retrouver confrontées à cette menace. Ni les milices de Fajr Libya ni les forces du général Khalifa Haftar, ni les deux tendances politiques trop embourbées dans le désordre ne semblent capable d’entraver un tel scenario. D’où l’impérieuse nécessité d’un accord politique entre les deux principales factions et la mise en place d’un gouvernement d’Union nationale chargé de veiller au rétablissement de la paix et de la sécurité. Celles de toute la région.