L’accord politique « seule feuille de route » de résolution de la crise, selon Kabila

L'accord politique "seule feuille de route" de résolution de la crise, selon Kabila

Le président Joseph Kabila a affiché mardi sa détermination dans la crise politique liée au report sine die de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo, refusant de s’écarter de « l’accord politique » conclu avec une partie minoritaire de l’opposition alors que son mandat expire en décembre.

En octobre, la majorité et une frange minoritaire de l’opposition sont convenu dans un accord politique du report des élections et de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dirigé par un Premier ministre issu de l’opposition.

« L’accord constitue aujourd’hui la seule feuille de route mise au point par les Congolais eux-mêmes », a déclaré M. Kabila lors d’une adresse solennelle aux députés et sénateurs congolais réunis en congrès à Kinshasa, capitale de la RDC.

Cet accord est rejeté par le « Rassemblement », la majeure partie de l’opposition réunie autour de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, qui avait boycotté le « dialogue national. »

« Le ‘Rassemblement’ veut obtenir le respect de la Constitution tout en restant ouvert à l’idée d’une discussion qui peut amener ce pays à un compromis politique global qui est la seule alternative à la crise que nous vivons », a réagi le député Delly Sessanga, membre du Rassemblement.

« On ne peut pas aujourd’hui faire à la fois des surenchères et jouer avec une situation que tout le monde reconnait à la fois fragile et difficile », a-t-il dit.

La semaine dernière, M. Kabila avait demandé aux évêques catholiques de mener une médiation entre les signataires de l’accord et le « Rassemblement » en vue d’un compromis politique pour éviter un retour au chaos dans ce pays ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 et qui n’a jamais connu de transition démocratique depuis son indépendance en 1960.

« Le peu d’intérêt réservé par les intéressés » à cette médiation « est tout simplement inacceptable », a regretté le président Kabila.

Les évêques vont poursuivre le travail de médiation entre les deux camps, à indiqué à l’AFP, l’un de leurs porte-parole.

Pour le député Sessanga, « faire autre chose, ce serait enfoncer la RDC dans une crise et dans les incertitudes dont personne ne saura en sortir, ni le pouvoir ni le peuple congolais ».

« La RDC ne peut être prise en otage par une frange de sa classe politique », avait dit M. Kabila d’un ton ferme, ne laissant au Rassemblement que le choix de « venir signer l’accord ».

Le chef de l’État a mis en garde cette partie de l’opposition contre toute tentative de vouloir « s’emparer du pouvoir de l’État par la force » alors que « dans quelques mois les scrutins seront convoqués. »

La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection de M. Kabila en 2011 au terme d’un scrutin contesté. La crise a été aggravée par le report à une date indéterminée de la présidentielle qui devait avoir lieu avant la fin 2016.

Les 19 et 20 septembre, des violences ayant éclaté en marge d’une manifestation contre M. Kabila à Kinshasa ont coûté la vie à 49 civils et 4 policiers, selon l’ONU, pour qui les forces de l’ordre ont fait un usage disproportionné de la force à cette occasion.

Samedi, une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU en mission en RDC avait appelé le pouvoir et l’opposition à réussir une « transition pacifique » vers une « élection (présidentielle) apaisée ».

M. Kabila a promis de désigner « incessamment » un nouveau Premier ministre dans les rangs de l’opposition ayant pris part au « dialogue national », après la démission lundi de l’ancien chef du gouvernement, Augustin Matata Ponyo dans le cadre de l’accord. Le nouveau gouvernement aura pour mission prioritaire d’organiser les élections, a souligné M. Kabila.

Au pouvoir depuis 2001, M. Kabila à qui la Constitution interdit de se représenter et dont le mandat expire le 20 décembre, a promis de « respecter la Constitution dans son intégralité », sans dire expressément qu’il ne briguerait pas un troisième mandat.

Le Rassemblement a promis d’organiser une manifestation contre M. Kabila samedi pour lui coller un dernier « carton jaune », un mois avant la fin de son mandat.

mbb-bmb/ms