Lambert Mende: « Shadary n’a pas constitué son équipe sans avoir consulté Kabila »

Lambert Mende

Le meeting tenu samedi passé par le Front Commun du Congo (FCC) en vue de présenter Emmanuel Ramazani Shadary comme le candidat de cette plateforme et la publication de la liste de l’équipe campagne de celui-ci ont alimenté beaucoup de controverses dans le courant de la semaine dernière et au début de cette semaine. A cet effet, le magazine FACE A FACE de Top Congo a reçu ce dimanche 4 novembre 2018, le coordonnateur de la cellule communication, Lambert Mende Omalanga en vue de faire le point sur ces sujets d’actualité.

Top Congo: Lambert Mende, bonjour !

Lambert Mende : Bonjour

En ordre de bataille pour gagner les élections ?

Oui ! Nous sommes déterminés à le gagner et à tous les niveaux

Est-ce que dans votre stratégie, l’éventualité d’une défaite à une place ?

Non ! Parce que nous avons mis du temps à nous préparer et nous voyons ce qui se passe en face de nous, ce n’est pas la même chose parce que c’est dans les chancelleries, dans les studios, c’est dans les capitales occidentales que l’on fait campagne – si on peut s’exprimer ainsi – je ne pense pas qu’ils peuvent s’adjuger un résultat positif avec cette façon, cette méthodologie.

Mais quand on parle d’usure du pouvoir, on parle de la continuité d’une œuvre, le FCC c’est la continuité d’une œuvre qui a démarré il y a 17 ans, est ce que cette usure du pouvoir ne peut pas jouer en faveur de ce que vous dites non organiser ?

La querelle sémantique n’est pas de mise, nous, on parle de la « consolidation des choses » qui se sont mises en place. Il faut voir ce que le pays était lorsque Kabila est arrivé au pouvoir et il faut voir ce qu’il est aujourd’hui. Est-ce que c’est la panacée ? Non ! Il faut donc consolider, ce c’est à quoi nous allons nous attelés et c’est ce que nous allons proposer à notre peuple et je pense que c’est ce que tout le monde attend.
Qu’est-ce que le candidat Emmanuel Shadary peut faire par rapport à ce qui n’a pas été fait en 17 ans ?
Beaucoup des choses, la consolidation justement de ce qui a déjà commencé, on ne peut pas dire que le Congo soit un paradis – ça n’existe nulle part au monde – mais je pense qu’il le dira lui-même, je me garderai donc de lui brûler la politesse, il temps lorsqu’il prendra la parole et de décliner ce qui sera fait.
Je sais que nous participons tous à la rédaction de ce programme, mais il lui revient la primeur de décliner au public et il attend le moment fixé par la loi et pour pouvoir présenter ce programme et nous prendrons le relai.

Il fera mieux que Joseph Kabila ?

Il consolidera ce que Joseph Kabila a fait de très bien parce que si ce pays existe dans les frontières héritées de la colonisation, on le doit à quelqu’un et c’est à Joseph Kabila ; si nous sommes en sécurité sur la quasi-totalité de 149 territoires du pays, nous devons bien à quelqu’un et c’est Joseph Kabila ; si aujourd’hui nous avons la 10ème armée d’Afrique après qu’on ait de manière tout à fait délibérer essayer de nous empêcher d’avoir une armée mais que nous disposons aujourd’hui de la 10ème armée en terme de force et de protection en Afrique, c’est encore à Joseph Kabila que nous le devons ; et si les chantiers des routes commencées relient aujourd’hui la plupart des provinces, c’est toujours à Joseph Kabila que nous devons. Mais ce n’est pas encore le paradis, il faut consolider, c’est ce que Shadary s’il gagne devra faire.

Joseph Kabila a dit un moment donné, « Je n’ai pas 15 personnes », Emmanuel Shadary n’a pas encore commencé, mais il a 600 personnes, il va réussir avec ces 600 personnes, ce que Joseph Kabila un certain moment se plaignait ne pas être arrivé à faire ?

Il n’y a qu’espérer que parmi les 600 personnes se trouvent les 15 qui manquaient au président Joseph Kabila parce que dites-vous bien que le chef de la famille politique FCC c’est Joseph Kabila et Shadary n’a pas constitué son équipe sans consulter le chef de la famille politique. Et donc Joseph Kabila a eu son mot à dire et il n’est pas exagéré de penser que parmi les 600, il y a probablement les 15 éléments qui ont tant manqué à notre président pour mener beaucoup plus vite à bonne fin le programme d’émergence et qui est le sien à la tête de ce pays et qu’il va continuer d’ailleurs à suivre de près et comme chef de la famille politique ; qui va certainement glaner la Majorité si bien aux provinciales, aux législatives qu’à l’élection présidentielle.
Dans différentes cellules, les noms qui ont été publiés ce samedi, on retrouve beaucoup qui étaient hier aux côtés du président Kabila ?
Oui ! Mais vous savez, 600-15 c’est toujours 585. Peut-être que dans 585 il y a de l’ivraie mais aussi sans doute 15 que l’on peut qualifier de bon grain et qui peuvent faire de leur mieux car il faut aussi du temps pour construire un monde et il faut aussi un environnement.

Car, il faut le reconnaitre, nous avons souvent été empêchés de faire ce que nous voulions faire par des agressions, voyez ce qui vient de se passer avec l’Angola, et voyez ce qui s’est passé avec d’autres à la frontière Est… je ne voudrais pas créer d’autres incidents diplomatiques…
Nous avons perdu 6 millions d’hommes quand ces agressions ! (On oublie un peu vite). Et donc Joseph Kabila n’a pas eu les mains à fait libres et ce n’est pas à cause de ces concitoyens à l’intérieur du pays que cela a été provoqué. Il y a ces convoitises qui l’ont empêché de déployer ses talents immenses au service de ce pays.

Emmanuel Ramazani Shadary lui y arrivera ?

Personne ne peut avoir le statut du « Deus ex Machina », il faut que ce soit une action de tous. Kabila l’a compris, c’est pourquoi il a légué à Shadary cette mégastructure qui s’appelle le Front Commun pour le Congo qui va au-delà même des projets de société et au-delà de la politique, philosophie,… On a dit qu’il faut ratisser au plus large possible: mettre les Congolais au tour de ce qui est plus important que cela, sinon le Congo risque de disparaitre.

Revenons sur ces 600 qui sont dans la cellule, comment s’est réalisé ce choix ?

C’est le candidat qui a constitué ces équipes dans les 48 cellules chacune spécialisée dans un des domaines précis de la vie nationale et donc je ne saurai pas, moi, vous dire qu’elle a été sa méthodologie, en tout cas en ce qui concerne la communication, moi j’ai été consulté (comme d’autres) et je fais déjà mon travail.

Mais d’autres disent déjà qu’ils n’ont pas été consulté, qu’ils ne sont pas membres de ces cellules, notamment le Révérend Kankenza, le président de l’UNPC, Kasonda Tshilonde, Florent Ibenge ?

C’est tout à fait à mon avis quelques choses que je ne peux pas commenter dans la mesure où je n’ai pas encore vu ces revendications. En deuxième lieu aucune de ces 3 personnes que vous citez n’a la direction d’une cellule et donc… c’est périphérique. S’ils n’ont pas été consultées ou pas suffisamment consultées, je pense qu’ils s’en expliqueront avec l’honorable Shadary qui est le superviseur – et dont nous ne sommes, nous, juste que des conseillers.
Donc si quelqu’un a vu son nom sur la liste des conseillers de celui qui porter les couleurs de la famille politique du FCC sans en avoir été informé, eh bien, il va en informer M. Shadary qui va le remplacer sans aucun dommage puisqu’à ce niveau de simple membre de ces équipes (vu qu’ils ne sont ni coordonnateur, ni rapporteur) cela ne posera pas de problème.

Mais ce sont quand même des intervenants de choix ?

Je vous dis que je ne peux pas commenter, car c’est vous qui me dites qu’ils n’ont pas été consultés. Je préférais l’attendre moi-même et je préfère en discuter avec notre joker, M. Shadary, pour vous dire exactement ce qu’il en est. Certainement qu’il y a eu un mal entendu…. Mais, je vous dis que même s’ils partaient, ce n’est pas le seul sportif qu’il y a ; ce n’est pas le seul journaliste et ce n’est pas la seule église de réveil qui existe…, ce ne sera pas la fin du monde !

Personne n’est indispensable alors ?

Non personne ! Même pas moi.

Vous êtes au gouvernement et plusieurs personnalités du gouvernement sont dans les cellules, est-ce qu’il n’y a pas un mélange de genres ?

Non pas du tout ! J’ai beaucoup entendu ça et cela m’a beaucoup étonné. Nous sommes dans un pays où notre référentiel c’est la loi. Alors on ne nous dit pas quelle loi interdirait à un ministre de faire campagne pour un candidat président de la République. La loi nous autorise, par exemple moi qui suis ministre, à faire campagne pour moi-même, je suis candidat député national dans ma circonscription.
Alors, je ne vois où la loi préciserait que je pourrais faire campagne pour moi mais m’interdirait de faire campagne pour un candidat président de la République !
La problématique c’est de prouver que j’utilise les moyens que l’Etat met à ma disposition pour faire mon travail de ministre pour en faire soit ma campagne ou celle de M. Shadary.

Il y a la cellule de la décrispation et mesures de confiance, en quoi consiste cette cellule ? Elle aura pour tâche de sécuriser quoi exactement, les élections ?

Je pense que la cellule de décrispation concerne tous les congolais : il y a les congolais qui estiment qu’il n y a pas assez des mesures de décrispation, il y en a d’autres qui estiment que les mesures de confiance ne sont pas équitablement bien reparties, moi par exemple. Nous sommes frappés par des sanctions trouvées complètement illégales prises par l’union européenne, sur des pressions faites par un état européen, la Belgique, et qui est a été encouragé par beaucoup par l’opposition et dans la société civile proche de l’opposition et nous avions demandé que l’on puisse prendre les mesures de décrispation; nous mettre sur les mêmes pieds que d’autres candidats et jusqu’à aujourd’hui rien n’a été fait.

Et donc monsieur Azarias Ruberwa qui est un excellent avocat peut aussi prendre en charge ce cas-là car nous avons aussi des revendications. Et M. Ruberwa sera charge de rencontrer les revendications des uns et des autres. Il n’y a pas qu’un seul camp qui recherche la décrispation.

Mais vous disiez sur Top Congo il y a quelques jours qu’en ce qui concerne la décrispation, tout est terminé et tout va bien, ce qui devrait l’être l’a été ?

Oui pour nous, ce qui devrait être l’a été, mais il y a des mesures qui ne dépendent pas de nous, nous ne sommes pas l’Union Européenne pour prendre les sanctions contre nous même, donc il n’y a pas d’égalité de traitement dans la campagne.
Au niveau congolais tout ce qui cela a été fait sur le plan légale l’a été fait parce que nous avons dit de ne pas toucher à la Constitution et la Constitution consacre l’indépendance du pouvoir judicaire, c’est pourquoi en matière de décrispation pour des gens qui ont maille à partir avec la justice, nous avons constitué une commission des hauts magistrats qui a décidé que pour une certaine catégorie c’était possible, les mesures ont été prises par ces hauts magistrats, pas par nous. Comment un gouvernement pourrait-il statuer sur les sorts des personnes qui sont à la disposition des cours et tribunaux.

Et les cas emblématiques évoqués par la Cenco ?

« Emblématique », c’est un terme utilisé par les avocats de ces gens-là qui sont en prisons. Ce n’est pas un terme qui figure dans l’accord [de la Saint-Sylvestre]. Pourquoi seraient- ils emblématiques ? Par rapport à quoi ? Pourquoi serait-il différent d’un autre citoyen ?
Notre Constitution garantie l’égalité de tous devant la justice ; devant les institutions publiques. Et donc dans l’Accord, il n’y a pas d’emblématique ; dans la Constitution congolaise, il n’y a pas d’homme emblématique mais, laissons leur choix de leur mot…
En ce qui concerne ces « emblématiques là », il y’a des cas où les magistrats ont estimé qu’on ne pouvait pas aller plus loin sans violer la loi et la Constitution. Or, l’Accord nous appelle à respecter la loi et la Constitution.

Revenons sur cette cellule de décrispation et mesures de confiance, le « chef » de la cellule sécurisation c’est le ministre de l’Intérieur, le ministre de la Défense et l’ancien chef d’état-major de l’armée figurent également dans cette cellule. Comment allez-vous sécuriser les élections quand le ministre de l’Intérieur est dans un camp ?

Nous avons parlé de sécuriser les candidats, parce que nous avons aussi les problèmes. Moi aujourd’hui je suis victime d’une campagne malveillante de la part des opposants qui me présente comme un criminel…

Mais ça c’est plutôt la cellule juridique qui est, par ailleurs, dirigé par le Directeur de cabinet du Président de la République ?

Mais il n’est pas impossible aussi qu’allant faire campagne je sois en butte avec des personnes, qui par malveillance, cherchent à m’empêcher de me déployer. Donc cette cellule pourrait faire la liaison avec les services compétents comme la police…

Donc le ministre de l’Intérieur qui a autorité sur la police et le ministre de la Défense qui a autorité sur l’armée agiraient en priorité pour des membres du FCC au détriment des autres candidats ?

Non ! Tout d’abord le ministre est une autorité politique. Je vous signale qu’il est candidat quelque part. La Constitution ne lui interdit pas cela. Alors, il faut prouver qu’il a utilisé ses pouvoirs de ministre ayant la tutelle de la police en faveur de notre famille politique. Je ne pense pas que cela soit le cas…
Par exemple, moi je suis ministre de la Communication. Vous ne prouverez jamais que j’ai donné des instructions à la RTNC pour ne recevoir que des gens de mon camp. Mais cela ne m’empêche pas de faire ma propre campagne ou la campagne de mes amis (politique).

Puisque vous parlez de la RTNC, les opposants se plaignent de ne pas avoir la visibilité au tant que le candidat Shadary

Je suis en mesure de démentir cela parce que je connais des opposants qui passent régulièrement à la RTNC et il faut faire la part des choses entre la publicité et la fameuse visibilité.
Au sujet de la campagne, celle-ci n’a pas encore commencé. Pour l’instant, c’est des gens qui vont, dans le cadre du service commercial de la RTNC, vous payez et on fait passer vos activités. Ca ce sont des choses qui arrivent.
Aujourd’hui le candidat x ou y qui n’est pas Emmanuel Ramazani Shadary pourrait avoir la couverture de ses activités sur la RTNC ?
Tout à fait. Même s’il y a un candidat, le Pasteur Theodore Ngoy, qui passe son temps à démentir cela alors que moi je l’ai suivi décliné son programme à la RTNC. Et pas plus tard que samedi, le porte-parole de l’UNC de M. Kamerhe, Jolino Makelele, a pu participer à un débat du début jusqu’à la fin.
Je reçois plutôt des plaintes de vos collègues de la RTNC qui se plaignent des rendez-vous manqués avec beaucoup de leaders de l’opposition qu’ils invitent pour venir prendre la parole et qui se désistent à la dernière minute…
On ne va pas aller avec un fusil pour les prendre et on ne va pas empêcher la RTNC d’emmètre parce que des gens de l’opposition se désistent…

Donc ce n’est pas du fait de la RTNC mais du fait de l’opposition elle-même ?

Mais c’est elle-même…J’ai l’impression que beaucoup de l’opposition estime qu’être vu à la RTNC cela peut-être qualifie de pro-pouvoir…

On a vu ce qui s’est passé au stade de martyr, certains parlent de 10.000 FC à 5000 FC en contrepartie de leur présence sur place. Qui va financer la campagne de cette mégastructure du FCC ?

(Rire)…Tout d’abord, il faut rappeler que nous sommes une structure très composite. Nous avons la majorité des parlementaires. Ce ne sont pas des gens qui sont dépourvus des moyens ; nous avons plus de 250 partis politiques qui ont leurs cotisations ; nous avons des hommes d’affaires qui font partie de notre famille politique ; nous avons des ministres. Moi je cotise dans mon regroupement politique – même si je ne le gère pas, je cotise. Lorsqu’on organise des événements comme celui du Stade des Martyrs, chacun est chargé de mobiliser selon les moyens qui sont à sa disposition et nous louons des bus pour transporter nos militants. Qu’est ce qui l’empêche ? Y-a-t-il une disposition qui empêche cela ???
Au lieu de perdre du temps dans des arguties sur de telles questions, nos amis de l’opposition feraient mieux de parler programme.

Mais les amis de l’opposition ont soulevé notamment le fait que la compagnie Transco avait mis ses bus en entretien lorsqu’il s’agissait de sa marche à elle

Ha ça, je ne sais pas ! Vous devrez poser la question à Transco si réellement elle avait mis ses bus en entretien. Mais, je vous préviens, il faut faire attention avec tous ces racontars. Lorsque vous vérifier, vous vous rendriez compte qu’il n’y a rien de concret ! Moi, par exemple, on m’a déjà tué plus de 19 fois sur les réseaux sociaux mais je suis bien en vie devant vous ! Donc ces racontars-là…
Ça m’étonnerait que Transco mette tous ces 500 bus en entretien. Transco est une entreprise commerciale qui veut faire du bénéfice (c’est ce que l’Etat lui demande) et donc lorsque Transco à des clients qui veulent louer ses bus, elle ne pourrait qu’en être satisfaite. Donc il faut arrêter avec ces histoires d’inventer n’importe quoi !
Par ailleurs même en louant 200 bus, nous n’aurions été en mesure que de transporter 7.200 participants. Or, nous avons fait plus de 120.000 à 150.000 d’où provient le différentiel ?

Top Congo