Les Nations unies ont averti la semaine dernière que le combat contre les rebelles ougandais ADF serait long, après une série de massacres imputés à ces combattants musulmans à Beni et environs. Plus, ce mouvement rebelle est signalé en Ituri par les autorités locales.
« On ne peut pas gagner ce combat rapidement. Ce sont des terroristes, ce sont des criminels, c’est un combat asymétrique, qui est très, très difficile à gérer« , a déclaré Martin Köbler, lors d’une conférence de presse.
Comme d’aucuns le savent, depuis début octobre, plus de 250 civils, hommes, femmes et enfants, ont été tués, essentiellement à l’arme blanche, dans la ville et le territoire de Beni, dans le nord de la province du Nord-Kivu. Et ce qui parrait bizarre, c’est que ces tueries n’ont jamais été revendiquées. Mais tous les observateurs avertis en imputent la responsabilité aux rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (Adf), présents dans l’est de la Rdc depuis 1995.
Lorsque les Fardc ont lancé leur offensive contre les Adf en janvier de l’année en cours, la Monusco a tardé à soutenir les forces congolaises, souhaitant s’attaquer d’abord, comme l’avait promis Kinshasa, à l’une des nombreuses autres milices de l’est de la Rdf: les rebelles hutu rwandais qui continuent à déstabiliser cette région très riche en minerais depuis le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda, auquel leurs chefs sont accusés d’avoir participé.
Pour l’heure, « la priorité numéro un, c’est vraiment les Adf », a souligné Charles Bambara, porte-parole de la mission onusienne. Mais les autorités et la Monusco semblent toujours tâtonner sur la marche à suivre.
« Nous sommes dans une dynamique de recherche des meilleures stratégies à mettre en place pour contenir ces massacres« , a dit le lieutenant-colonel Félix-Prosper Basse, porte-parole militaire de la Monusco, reconnaissant que la Monusco avait « un problème de renseignement » qu’il fallait « corriger », avec l’aide de la population.
Alors que la population de Beni accuse les Fardc et les Casques bleus de passivité, M. Köbler a laissé entendre que l’armée, la Monusco et les habitants ne coopéraient pas suffisamment. « Il faut rétablir la confiance entre la Monusco, les Fardc et la population », a-t-il dit, tout en soulignant que la Monusco a déployé environ 1.500 Casques bleus dans le « Grand Nord » du Nord-Kivu, où stationnent 8.000 soldats Fardc.
Par comparaison, l’effectif des Adf, fortement affaiblis par une opération de grande envergure déclenchée en janvier par les Fardc, tournerait autour de 400 combattants.
Selon plusieurs experts, les Adf n’ont pas toujours été hostiles à la population locale, avec laquelle ils ont noué au fil des années de nombreux liens commerciaux ou familiaux. D’après eux, les rebelles tireraient leurs ressources de divers trafics, en particulier celui du bois, parfois avec la complicité de certains chefs militaires locaux.