Le FMI et la RDC s’accordent à rapprocher leurs vues sur leur coopération économique

L’arrivée depuis jeudi à Kinshasa du premier directeur général adjoint du FMI, M. David Lipton qui va avoir des pourparlers avec les autorités financières de la RDC, va servir au balisage de la voie pour une possible reprise d’un programme de partenariat avec le gouvernement après la brouille remontant à novembre 2002 au terme de laquelle l’institution financière avait suspendu unilatéralement son accompagnement du programme économique du gouvernement (PEG 2).

Après la brouille qui remonte à novembre 2012 lorsque le FMI décidait unilatéralement de suspendre le second programme économique du gouvernement (PEG 2) qui le fait depuis décembre 2009 à la RDC, le premier directeur général adjoint, David Lipton, arrivé jeudi dernier à Kinshasa, est chargé de baliser la voie.  L’heure est au rapprochement.

Mardi 3 mars 2015 devant la presse, le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, a fait le point de la situation globale du pays en 2014, projetant en même temps des actions a engagées pour maintenir le cap en 2015. L’occasion faisant le larron, le chef du gouvernement s’est largement attardé sur la situation financière, monétaire et économique du pays. Dans l’ensemble, il faut dire que l’économie congolaise affiche une grande forme.

Des indicateurs au vert

Tous les indicateurs conjoncturels sont au vert. La RDC a clôturé l’année 2014 avec un taux d’inflation de moins de 1% – une première depuis son indépendance en 1960. Cerise sur le gâteau, le taux de dépréciation a été quasiment nul en 2014. Après avoir frôlé la barre de 10% en termes de taux de croissance, le gouvernement vise un taux à deux chiffres pour l’année 2015. Le revenu par tête d’habitant a finalement atteint la barre de 600 USD alors qu’il n’était qu’à moins de 150 USD en 2001. Le taux de chômage a reculé de 20%, se positionnant désormais à 40%. En termes d’Indice de développement humain, la RDC a gagné 13 points, a noté le Programme des Nations unies pour le développement dans son rapport 2014.

Autant de chiffres qui forcent l’admiration. Et dire que ces performances ont été réalisées en dehors de tout programme formel avec le FMI, il y a de quoi jeter des fleurs à l’action menée par Matata Ponyo Mapon, sous le leadership du chef de l’Etat. A la Primature, on voit déjà les choses autrement. Plus question, se dit-on, de continuer à être lié au FMI. « Sans le FMI, nous sommes parvenu à stabiliser le cadre macroéconomique.

Aujourd’hui, le défi ne se conjugue plus en termes de stabilité ou de soutien à la balance des paiements. Le plus grand défit qui se dresse devant nous, c’est le développement. C’est dans cet élan qu’il faut comprendre la dynamique du projet pilote de Bukanga-Lonzo. La RDC n’est donc plus ce malade qui doit sa survie à l’assistance permanente du FMI », a indiqué sous le sceau de l’anonymat un membre proche de la Primature, en marge de la conférence de presse du Premier ministre. Est-ce à dire que la RDC est prête à se passer des services du FMI? Pas évident.

Au gouvernement, on ne s’empresse pas de conclure un nouvel accord avec le FMI, Cela n’est pas de l’avis du staff du FMI qui, depuis son siège de Washington, a dépêché son premier directeur général adjoint, David Lipton. C’est le jeudi 5 mars 2015 que celui-ci a foulé le sol congolais par l’aéroport international de N’Djili. A Kinshasa, il va séjourner du 5 au 7 mars 2015. David Lipton boucle par la RDC une mission en Afrique qui l’a conduit tour à tour à l’île Maurice et en Afrique du Sud. A Maurice, note un communiqué du FMI, David Lipton a participé à un colloque sur la « Gestion des flux de capitaux : enseignements à tirer des pays émergents pour les pays pré-émergents ». En Afrique du Sud, il, s’est entretenu avec les responsables politiques, les représentants des syndicats et du monde des affaires. En RDC, il rencontrera les hauts responsables du gouvernement, les bailleurs de fonds et les représentants du secteur privé.

« Cette visite sera l’occasion pour moi d’intensifier le dialogue entretenu par le FMI avec les pays pionniers, tout en renforçant aussi notre partenariat avec l’Afrique du Sud et la RDC », a déclaré M. Lipton la veille de son voyage. Il a noté que « malgré une conjoncture intérieure et extérieure difficile, l’économie de la RDC continue de faire preuve de résilience avec des tendances positives affichées par ses principaux indicateurs macroéconomiques, mais également des faiblesses de ces indicateurs sociaux ».

Depuis hier vendredi, le premier directeur général adjoint du FMI a multiplié des séances de travail avec les hauts responsables du gouvernement, les bailleurs de fonds et les représentants du secteur privé. Il devait participer, en outre, à une rencontre avec les étudiants des universités congolaises pour leur faire part des chances de la RDC de se relancer.

Le scenario probable

Qu’est-ce qu’on peut attendre de cette visite du n°2 du FMI ? Le plus évident est que la présence de David Lipton à Kinshasa est dictée par la volonté du FMI de renouer le dialogue avec Kinshasa. Depuis deux ans, Kinshasa a été mis à l’écart par cette institution de Bretton Woods. La nature ayant horreur du vide, Kinshasa s’est montré plus créatif en mettant en place un programme autonome qui, finalement, s’est tourné à son avantage. La stabilité du cadre macroéconomique qui montre légitime la pertinence de ce programme.

Si bien qu’à Kinshasa, l’on ne trouve plus de raison de se soumettre encore au diktat du FMI. Le malade se sent tellement en forme qu’il n’a plus besoin de son médecin. Cette métaphore est en vogue dans les allées de la primature. Quelle pourrait alors être la réaction de Washington ? Difficile à dire. On sait néanmoins que le FMI n’est pas prêt à lâcher la RDC. Membre à part entière du FMI, la RDC est d’une manière ou d’une autre liée au FMI. Es-ce pour autant qu’elle est obligée de conclure à tout prix un programme avec le FMI? De ce point de vue, les avis divergent.

Dans tous les cas, sur le plan international, un accord formel avec le FMI donne plus de crédibilité au pays. Certains bailleurs bi et multilatéraux s’en servent comme référentiel dans une relation d’affaire. C’est dire que, malgré la bonne santé de son économie, la RDC a intérêt à renouer formellement avec le FMI. Il y va de sa crédibilité sur les grandes places financières internationales. Après avoir conquis la stabilité, la RDC doit maintenant se préparer à l’assaut du développement. Il n’est pas évident qu’elle soit en mesure de le faire seule. Elle devrait mettre à profit cette perche que lui tend le FMI. En 2014 (voir encadré), le FMI s’était montré prudent lors de la conclusion de ses consultations au terme de l’article IV de ses statuts.

Via Le Potentiel

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