Les évêques catholiques se sont déclarés « inquiets » par le retard pris dans l’exécution des mesures de libération des prisonniers politiques treize jours après la signature de l’accord de co-gestion de la République démocratique du Congo, a-t-on appris vendredi auprès de l’épiscopat congolais.
« Nous sommes surpris par le retard pris (…) il y a des prisonniers qu’on avait annoncé comme libérés et jusque-là nous n’avons pas eu des preuves qu’ils sont réellement libérés », a déclaré Mgr Fridolin Ambongo, vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Pourtant « ces libérations devaient prendre immédiatement effet », après la signature de l’accord, a-t-il ajouté.
« Nous sommes inquiets parce que les cas qui étaient éligibles à la libération après les négociations ne sont pas suivis d’effet jusque-là », a ajouté Mgr Ambongo.
Des négociations entre le pouvoir et l’opposition ont abouti à un accord qui entérine la décision de la cour constitutionnelle autorisant le président congolais Joseph Kabila à demeurer à la tête du pays après le terme de son mandat le 20 décembre et attribuant à l’opposition le poste de Premier ministre.
Les délégués du Rassemblement de l’opposition – la coalition autour de la figure de l’opposant historique Étienne Tshisekedi – avaient présenté « sept cas emblématiques » de prisonniers politiques et d’opinion qui devraient être libérés comme geste de décrispation.
Quatre cas avaient trouvé l’assentiment des toutes les parties pour leur libération alors que trois autres dont celui de l’opposant Moïse Katumbi, ex-allié de poids de M. Kabila passé à l’opposition en septembre et actuellement à l’étranger pour suivre des soins appropriés, n’avaient pas trouvé de réponses immédiates.
« L’opposant Moise Moni Della et des militants du mouvement citoyen +Filimbi+ sont toujours détenus arbitrairement, alors que le ministre (de la Justice) Alexis Thambwe avait promis leur libération dans les 48 heures », a déclaré à l’AFP Me Georges Kapiamba, délégué de la société civile aux négociations sanctionnées le 31 décembre par un accord.
Un autre opposant « Jean-Claude Muyambo vient d’être forcé de retourner à la prison de Makala, sans consultation préalable de ses médecins, le privant des soins », a déclaré Me Kapiamba, condamnant ce « durcissement injustifié » de sa détention « sur ordre de la hiérarchie » alors qu' »il était autorisé à être hospitalisé dans une structure appropriée ».
M. Muyambo, proche de M. Katumbi est incarcéré depuis le 20 janvier 2015. Il est accusé d' »abus de confiance » pour la vente présumée de plusieurs immeubles ne lui appartenant pas, et de « menace d’attentat » contre son accusateur.
La RDC est minée par une crise née du report de la présidentielle qui devrait désigner en 2016 le successeur de M. Kabila, âgé de 45 ans et au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de briguer un nouveau mandat.
Le 20 décembre, date de la fin de son mandat, au moins 40 personnes ont été tuées et au moins une centaine de personnes interpelées, ont été jugées et condamnées pour avoir manifesté pour réclamer la fin du mandat de M. Kabila.
La RDC n’a pas connu de transition politique pacifique depuis son indépendance de la Belgique en 1960.
(AFP 14/01/17)