Les enjeux des consultations initiées et menées par le président Joseph Kabila dévoilés à la presse

Un groupe de sept ONG a demandé mardi des sanctions envers des membres de la famille du président congolais Joseph Kabila

L’opinion congolaise étant en droit de savoir ce qui se passe autour des consultations menées par le Président de la république, celui-ci a profité du rendez-vous qu’il a pris hier avec la presse pour en rendre compte et révéler que cinq points en constituent la trame, à savoir le calendrier électoral global, leur sécurisation, leur financement, l’incorporation des nouveaux électeurs ayant atteint l’âge de la majorité, tous des problèmes autour desquels sont en train d’être accordées les vues de tout le monde pour conjurer les erreurs du passé.

Les cordonniers sont les plus mal chaussés. Dans la même veine, la presse parle de tout et de tout le monde, sauf d’elle-même. Hier jeudi 18 juin 2015, les responsables de médias congolais ont sacrifié au rituel du Palais de la nation. Consultations obligent. Occasion pour les journalistes de parler de leur lecture des enjeux de l’heure au chef de l’Etat et du rôle qui est le leur en cette période. Occasion surtout pour les majors de la presse congolaise de recueillir…quelques confidences du Président. Une saison au Palais.

« Vivement les élections. Mais, comment les organiser, dans quelles conditions et pour quels résultats ? ». En cette veille de baccalauréat, ceci pourrait bien être un sujet de dissertation. Et même une thèse de doctorat et sciences politiques. C’est tout simplement le défi congolais du moment, tel que résumé par le chef de l’Etat hier. C’est un Joseph Kabila visiblement préoccupé par le futur proche de la RDC qui a dégagé les cinq points qui, à ses yeux, constituent la quintessence des enjeux liés au cycle électoral.

Premièrement, le calendrier électoral global. « Ce n’est pas une invention du Président, ni du Gouvernement congolais, mais d’une partie de l’Opposition », relève le Raïs. Pour tout de suite faire remarquer aussitôt ce calendrier publié, « aussitôt rejeté par la même opposition ». A la place, c’est un calendrier consensuel que l’on demande. Alors que faire ? Comment y arriver ? Est-ce le Président ou la classe politique qui devrait résoudre cette équation ?

Les fâcheux précédents de 2006 et 2011

En deuxième lieu, le chef de l’Etat place le curseur sur la sécurisation des élections. Non sans pertinence, car un coup d’œil dans le rétroviseur renseigne qu’aussi bien en 2006 qu’en 2011, les élections ont été émaillées de violences. En 2006, Kinshasa a même connu une « guerre » entre l’Armée régulière et les troupes du candidat malheureux Jean-Pierre Bemba. Que faire pour que le pays ne retombe pas dans les mêmes travers ?

Le troisième questionnement de fond soulevé par le Président est la problématique du financement des élections. En 2006, rappelle le chef de l’Etat, les élections avaient été financées à 85% par la communauté internationale. Le pays sortait, en effet, de la guerre. 
Cinq ans plus tard, le Gouvernement congolais avait résolu de financer les opérations électorales au regard de moult conditions posées par certains partenaires extérieurs. Des conditionnalités de nature à heurter la souveraineté du pays. Pour le processus électoral 2015- 2016, le coût est évalué à 1,2 milliard de dollars. Question : sommes-nous en mesure de financer ces élections, compte tenu des pesanteurs qui sont les nôtres ? Oui, car c’est une question de souveraineté. Mais, non au regard de ressources disponibles.

Le quatrième point est celui de « nouveaux majeurs ». En clair, tous ces Congolais qui ont atteint la majorité et donc sont devenus électeurs, mais qui n’ont pas été enrôlés. Combien sont-ils ? 5 millions comme disent certains ? 10 comme avancent d’autres ? Si la CENI peut apporter une réponse technique, c’est plutôt de la classe politique que viendra la réponse qui vaille.

Dialogue : voie de la sagesse ?

Enfin, la participation de la communauté internationale au processus électoral. Si oui, à quel niveau ? Questionnement délicat car sans circonscrire les contours de cette participation, le risque d’ingérence est réel.

Alors, au terme de presque trois semaines de consultations, le Raïs s’est-il déjà fait une religion ? Cela ne saurait tarder. Car, c’est ce week-end ou en début de la semaine prochaine que le Président clôture l’opération « écoute de l’opinion congolaise ». Il s’en suivra la compilation de toutes les propositions. De cette synthèse, naîtra une initiative que le chef de l’Etat annoncera à la Nation. Mais, d’ores et déjà, Joseph Kabila, pensif et conscient de la gravité du virage à négocier lâche : « la voie de la sagesse serait peut-être de se mettre autour d’une table ». Vivement le Dialogue ? C’est tout comme.

Trêve d’anticipation. Les portes du Palais comme celles du chapiteau immaculé de la Cité de l’Union africaine ne se sont pas encore entièrement refermées. Lorsqu’il prend soin des patrons de presse, Joseph Kabila confie allé s’occuper de ses enfants.

Métaphoriquement, cela peut aussi se comprendre que le Président tant sa main et surtout ses oreilles à d’autres compatriotes. « J’ai dix mille choses à faire » confie Joseph Kabila. Rideau sur un jour de consultations où les hôtes du Président n’ont pas oublié qu’ils étaient d’abord des chasseurs de scoops.

Via Forum des As

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