Le tête-à-tête Aubin Minaku-Evêques de la CENCO intervient quelques jours après le message du Saint Père à Rome invitant les Congolais au dialogue pour préserver la paix et la concorde nationale.
Reçus par Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale et Secrétaire général de la Majorité présidentielle, les évêques de la CENCO sont à Kinshasa, jusqu’après les festivités courantes, pour contacter toutes les parties concernées, leur demander que moyennant concession, l’on puisse parvenir à dégager un consensus sur l’essentiel, pour ne pas rester dans un blocage. Ils veulent apporter leurs contributions pour la paix, pour le mieux-être, mais ils veulent aussi examiner ce qui peut-être comme obstacles par rapport à un dialogue entre différents courants du peuple congolais.
Pour le Speaker de la chambre basse du Parlement, tout celui qui évite le dialogue est, en réalité, contre une organisation harmonieuse des élections crédibles et apaisées. Dans la mesure où, a-t-il rappelé, l’objet du dialogue est focalisé sur les modalités consensuelles, en vue de l’organisation des élections correctes, non génératrices d’une situation chaotique à posteriori. En tant que Majorité Présidentielle, il a aussi insisté sur le fait que la démarche actuelle des évêques était pertinente, parce que le peuple congolais n’a plus besoin de schémas tels que l’organisation des marches croisés, chrétiens, non chrétiens, chrétiens de la Majorité ou de l’Opposition…
Tout juste après la fête de Noël, les évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), encouragés par la dernière exhortation du Pape François, ont quitté leurs diocèses respectifs, afin de se retrouver à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Ceci, parce que devant des incertitudes, des inquiétudes, ils ont estimé nécessaire comme évêques et pasteurs, de venir échanger avec les uns et les autres, pour leur demander si, moyennant concession ou compromis, l’on pouvait parvenir à dégager un consensus sur l’essentiel. Ceci pour ne pas rester dans un blocage. Et ce, lorsqu’on sait que le blocage n’a jamais été de bonne guerre.
Une information confirmée par Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale et Secrétaire général de la Majorité Présidentielle, qui a expliqué à la presse qu’à la demande de la CENCO, nous avons eu une séance de travail d’environ une heure. Au cours de cette séance, a-t-il dit, nos évêques nous ont fait savoir qu’ils s’interrogeaient sur le dialogue : pourquoi le dialogue ne débutait pas ? Pourquoi une partie de l’opposition n’a pas encore répondu positivement à l’appel du Président de la République ? Ils nous ont aussi fait savoir que selon la doctrine de l’Eglise catholique telle que dernièrement rappelée par le Saint-Père : lorsqu’il y a un problème, un litige, des questionnements, il est bon que les uns et les autres se retrouvent autour d’une table pour échanger.
Pour des élections non génératrices de situation chaotique
Devant la presse, le Speaker de la chambre basse du Parlement a indiqué : nous leur avons fait savoir que le dialogue a déjà été solennellement annoncé par le Président de la République qui a pris une ordonnance quant à ce. Et le dialogue politique inclusif va se tenir, a-t-il précisé. Pour ce faire, il y a même une équipe qui est en train d’organiser ce dialogue dont le ton sera donné par un comité préparatoire. Et donc, il est bon que tous les Congolais puissent répondre positivement à l’appel du Président de la République, parce que nul ne sera bâillonné, enfermé pendant le dialogue.
Les débats comme de coutume en Rd Congo seront francs, ouverts, en toute liberté. Cela étant, il s’avère que tout celui qui évite le dialogue aujourd’hui, est en réalité contre une organisation harmonieuse des élections crédibles et apaisées. Parce que l’objet du dialogue est focalisé sur des modalités consensuelles pour que nous organisions des élections correctes, non génératrices de situation chaotique après.
En tant que Majorité Présidentielle, Aubin Minaku a aussi insisté sur le fait que la démarche actuelle des évêques était pertinente, parce que le peuple congolais aujourd’hui n’a plus besoin de schémas tels que l’organisation des marches croisés, chrétiens, non chrétiens, chrétiens de la Majorité, de l’Opposition. « Ces genres de marches-là peuvent nous amener à des situations ingérables », a-t-il précisé, avant d’ajouter que Kinshasa n’a point besoin de pillages, de tueries ; Kinshasa a besoin que les urnes soient en place, pour que nous ayons des élections correctes.
Nous sommes venus pour écouter…
Pour Mgr Nicolas Djomo qui a conduit la délégation des évêques membres de la CENCO, les évêques ont pris l’initiative de venir à Kinshasa juste après Noël, c’est parce qu’ils ont des inquiétudes, surtout devant des incertitudes, ils ont estimé qu’il était nécessaire comme évêques et pasteurs, de venir échanger avec les uns et les autres sur un principe qui a été rappelé dimanche passé par le Pape François, qui est un principe fondamental dans l’Eglise catholique. C’est que lorsqu’il y a un problème, l’on essaie de se mettre autour d’une table, moyennant conditions acceptables bien sûr, pour tenter de trouver une solution.
« Nous sommes venus contacter toutes les parties concernées, pour leur demander, si moyennant concession, compromis, l’on peut parvenir à dégager un consensus sur l’essentiel, pour ne pas rester dans un blocage. Et le blocage n’est pas bon. Nous avons commencé à rencontrer les uns et les autres », a-t-il précisé, avant de poursuivre que l’appel du Saint-Père du vendredi dernier fait partie de la vie de l’Eglise. « Rappelez-vous que nous-mêmes en 2012, au lendemain des tensions qui avaient eu lieu en novembre 2011, les évêques ont fait le tour des Etats-majors pour demander à toutes les parties de se mettre ensemble pour discuter des points qui ont provoqué des tensions, de façon à dégager un consensus », a-t-il dit. Et cela, estime-t-il, c’est un principe qui est au cœur de la mission de l’Eglise. Partant, le Saint Père n’a fait que rappeler quelque chose que nous pratiquons de manière continuelle. Bien sûr, lorsqu’il a rappelé vendredi, nous avions déjà l’idée de venir ici et cela nous a réconfortés, et réconforter tous les croyants et tous les hommes de bonne volonté.
Le président de la CENCO a été relayé par son Secrétaire, l’Abbé Léonard Santedi, qui a expliqué que les évêques sont des pasteurs. Ils sont en contact permanent avec le peuple de Dieu confié à leur sollicitude pastorale. Ils ont célébré la fête de Noël, fête de la paix. S’ils ont quitté leurs diocèses pour venir à Kinshasa, ils sentent quelque chose de préoccupant. Alors, ils se sont dits que s’ils pouvaient apporter leur contribution pour qu’il y ait plus de paix au pays, pour que le peuple savoure la paix en cette fin d’année qui s’ouvre, que celle-ci puisse aussi être une année de paix, pourquoi pas ! « Comme pasteur et comme église au milieu du village, ils ont dit qu’ils doivent écouter les fils et les filles de cette église qui sont tant dans la Majorité, que dans l’Opposition, des acteurs aussi bien politique que de la société civile. Ils recherchent à apporter leurs contributions pour la paix, pour le mieux être, mais aussi voir ce qui peut-être comme obstacle par rapport à un dialogue entre différents courants du peuple congolais toujours dans l’intérêt supérieur de la Nation », dit-il.
Pour lui, il est encore trop tôt de faire une synthèse et ce sont les évêques qui la feront. Dans l’écoute, ils se sont rendu compte qu’il y a le souci pour la paix et ce souci est partagé par tout le monde. Car selon lui, si déjà l’on peut se mettre d’accord que nous sommes les serviteurs, qu’on soit dans la société civile ou dans l’activité politique, l’on est là pour servir le bien-être du peuple congolais, alors on peut trouver ce terrain pour s’entendre, afin de mieux servir le peuple congolais.
Les trois facteurs, selon Léon Kengo
Bien-avant le rendez-vous avec l’équipe de la Majorité Présidentielle que préside Aubin Minaku, les évêques membres de la CENCO ont échangé avec Léon Kengo, président du Sénat. Abordé par la presse, il a demandé aux uns et aux autres de faire preuve de patience, parce que le dialogue sera convoqué. Pour lui, le dialogue n’est pas seulement lié au mandat du Chef de l’Etat, mais aussi et surtout aux élections qui vont avoir lieu. « Vous savez qu’en 2011 on a eu qu’une partie d’élections (présidentielle et législatives). En 2016, nous voulons avoir toutes les élections, y compris les élections locales », indique-t-il, avant de souligner que pour cela, on se prépare en conséquence puisqu’il y a trois facteurs.
Le premier, ce sont les nouveaux majeurs. Il faut les enrôler pour qu’ils puissent participer au vote. De deux, on a délivré des cartes d’électeurs en 2011. Lorsque vous enrôler les nouveaux majeurs, vous allez leur donner les mêmes cartes d’électeur ou d’autres ? De trois, suivant la hauteur des ressources dont on dispose, on organise toutes les élections (locales, des sénateurs, des gouverneurs, législatives et présidentielle. Le budget 2016 a prévu 500 millions de dollars Us. Suite aux différents rabattements qui ont été faits, l’on est arrivé à la hauteur de 900 millions de dollars Us pour toutes les élections. Quelles sont les élections qui peuvent avoir lieu directement ? Si vous avez suivi mon discours de la fin de la session, j’ai dit qu’il faut combiner les élections au suffrage universel direct et les autres après…
Parmi ceux qui ont été reçus par les évêques membres de la CENCO, il sied de mentionner les ténors du G7, notamment Charles Mwando Nsimba, Pierre Lumbi et Christophe Lutundula. Pour Charles Mwando, les évêques, tout comme nous, sommes préoccupés par l’évolution de la situation qui risque d’aboutir à une implosion (…). « Je crois que les évêques en tant que pasteurs, tiennent à ce qu’ils puissent faire en sorte que tout se passe dans le calme », a-t-il dit, avant d’insister sur le fait qu’en tout cas, nous n’avons pas interpréter jusqu’au bout leurs préoccupations. Et nous avons compris que c’est en tant qu’évêques qu’ils nous ont parlé, pour qu’ils puissent voir notre démarche qui est celle de faire en sorte qu’on ne touche pas aux dispositions constitutionnelles.
Via L’Avenir