L’ONU agite l’épée sur Kinshasa

Kinshasa a beau crier « victoire » sur la communauté internationale à la faveur de l’abandon de l’option d’une enquête internationale sur les violences dans les Kasaï

Kinshasa a beau crier « victoire » sur la communauté internationale à la faveur de l’abandon de l’option d’une enquête internationale sur les violences dans les Kasaï, la colère de l’ONU reste entière. A la base, la mort des experts de l’organisation mondiale en pleine mission de service dans la poudrière du centre de la RDC. Jamais les Nations-Unies se satisferont de gérer la mort de …avec molesse pour ouvrir la brèche à une sale jurisprudence qui exposera, sous d’autres circonstances et lieux, les fonctionnaires internationaux à des forfaits du genre. La vengence se consomme à froid, et l’ONU, sans crier fort, tient la RDC à la gorge, comme en témoigne le développement continu du dossier « droits de l’homme ».
Non par hasard lorsque le Conseil de sécurité met sur la place publique les dernières statistiques de la violation des droits fondamentaux de la personne humaine sur le territoire congolais. Plus de 2800 cas recensés en un semestre, le record franchit les limites du bon sens ! Occasion pour le Conseil de sécurité de hausser le ton, à la manière qui lui est propre, face à la violation du droit international qui place la vie au-dessus des revendications éhontées de souveraineté nationale et internationale des Etats.
Ca sent le roussi dans les coulisses, avec la désignation récente des trois experts de l’ONU pour la coenquête aux Kasaï sous la direction de la justice congolaise. Le contrôle de la bride n’épargne nullement le gouvernement congolais contre la volonté de la communauté internationale à faire aboutir sa sentence sur la façon dont la sécurité de ses agents aurait été négligée. N’est-ce pas flarant la divergence que le ministre congolais des Médias a crié au scandale, dénonçant la publication des conclusions avant même que les enquêteurs ne foulent le sol congolais.
Mais lui-même ne s’empêche pas d’offrir à la communauté des nations l’opportunité d’épingler la RDC grâce à son arrêté ministériel restreignant la liberté de mouvement et de travail des journalistes étrangers ur le sol congolais. Avant l’ONU, c’est Journaliste en danger (JED) qui dénonce « des récentes mesures prises par le ministre de la Communication et Médias, Lambert Mende, visant à censurer les journalistes étrangers et à restreindre leur liberté de mouvement » en RDC. Pour l’Ong de défense des droits de la presse, cette décision « discriminatoire » visant les journalistes étrangers a pour « but de les contrôler et, le cas échéant, de les empêcher de faire leur travail ».
Dans son arrêté, daté du 12 juillet 2017, le ministre dit qu’ « il est strictement interdit aux correspondants de la presse étrangère de réaliser des reportages dans les lieux stratégiques tels que les casernes militaires, installations de télécommunications, ambassades, sauf autorisation expresse des responsables desdits lieux ». Et que les déplacements de ces journalistes «en dehors de la ville de Kinshasa devront être assortis d’une autorisation préalable» du ministre de tutelle «après concertations avec les autorités locales des entités à visiter».
Un cocktailayant nourri la déclaration des membres du conseil de sécurité qui placent au soubassement de la confusion actuelle le refus de la mise en oeuvre de l’accord politique signé le 31 décembre sous l’égide des prélats catholiques. Pour le Conseil la situation incertaine et explosive que traversent les Congolais pourrait dégénérer si l’accord politique conclu il y a presque sept mois n’était pas respecté. D’où la prudence de la déclaration préparée par la France et adoptée à l’unanimité, qui prévient « qu’à moins que les acteurs politiques ne fassent preuve d’une bonne foi renouvelée et d’une volonté politique de tenir les promesses faites à leur population la veille du jour de l’an en 2016, la RDC et la région au sens large s’exposent à un risque accru d’insécurité et d’instabilité ».
Au regard du calendrier des manifestations publiques annoncées par l’opposition, il est fort à parier que le mois d’août s’annonce explosif dans les grandes agglomérations du pays. Surtout que la perche du débauchage n’a attrapé que du menu fretin ; le gros des acteurs politiques populaires a craché sur la politique de la Majorité. Une alerte, cependant : le degré de la misère atteint par le pays, avec l’effondrement discontinu du taux de change, la population est sur les nerfs ; une étincele suffit. A prendre au sérieux !